Définitions de la mort, d’hier à aujourd’hui

Cimetière mur pour urnes

Par Laurent Denizeau, Docteur en Sociologie et Anthropologie à l’Université Catholique de Lyon

La mort semble une réalité de l’ordre de l’évidence, au moins d’un point de vue biologique. Elle apparaît comme la fin de la vie, c’est-à-dire comme l’arrêt des fonctions vitales. Mais précisément l’arrêt n’intervient pas à un instant T mais s’inscrit dans un processus. Comment décider dans ce processus du moment de la mort ? La définition de la mort a une histoire, liée aux progrès médicaux. Autrefois, la mort pouvait avoir un caractère d’évidence. Elle s’identifiait à l’arrêt de la respiration et de l’activité cardiaque. L’arrêt de la respiration survient bien à un moment précis qui amenait à parler du « dernier souffle » avec lequel la vie s’en va. Il existait plusieurs méthodes pour s’assurer de la mort : le miroir posé devant la bouche qui attestait de l’arrêt de la respiration, la vérification de l’arrêt du cœur, ou encore une stimulation nociceptive (faire très mal pour voir s’il y a une réaction, comme croquer le gros orteil qui a donné le nom de croque-mort), l’observation du présumé mort dans la durée.

En France, jusqu’au milieu du 20ème s., les textes officiels définissaient la mort comme la cessation conjointe des activités cardiaques et respiratoires (car il y a solidarité de ces fonctions). Mais en 1960 la question de la définition de la mort va se reposer suite à deux facteurs :

  • La possibilité de réanimer des patients en état de défaillance cardiaque ou respiratoire (défibrillation, ventilation assistée). Ces signes de la mort n’ayant rien d’irréversibles, ils deviennent caducs.
  • La question des greffes d’organe qui suppose le maintien de la fonction cardio-respiratoire et en même temps la nécessité de prélever des organes de personnes mortes, sinon la greffe devient un homicide.

Un nouveau critère apparaît : la mort du cerveau. La définition de la mort à partir de l’arrêt de l’activité cérébrale est liée à l’impossibilité de suppléer à cette fonction alors que la fonction respiratoire comme la fonction cardiaque peuvent être assumées par une machine.

Avec les progrès de la médecine, la frontière de la mort est devenue plus floue. La mort étant maintenant de l’ordre du processus et non plus de l’instant. Dans la mesure où la mort se fait par étapes, il est parfois difficile d’être sûr du moment où le patient meurt (bien sûr plus on s’éloigne du décès et plus cela devient évident avec le processus de thanatomorphose). Il est donc difficile d’user de la représentation mécanique de la mort sur le mode « il s’est arrêté ». Qu’est-ce qui s’est arrêté ? On voit que les choses deviennent compliquées lorsqu’on descend à une échelle plus fine que celle de la clinique. Car tous les processus observables chez le vivant ne s’arrêtent pas dans la seconde qui suit l’arrêt cardiaque, ou même l’arrêt cérébral.

Approfondir votre lecture

  • Le chant dans les funérailles : (1) une nécessité

    L’acte de chant qui vient du profond de l’homme permet cette rencontre avec le Dieu de vie au cœur même des funérailles. Cet acte de chant qu’il soit cri, louange, méditation que nous trouvons dans toute prière chantée a également sa place dans les funérailles.

  • Le chant dans les funérailles : (2) pour redire notre Espérance

    Avant de voir l’acte de chant dans les funérailles, prenons un peu de temps pour comprendre la finalité même de la liturgie des funérailles, c’est-à-dire, annoncer, redire notre espérance en la vie plus forte que la mort à l’exemple, à la suite du Christ lors de sa Pâque.

  • Le chant dans les funérailles : (3) mise en application

    Choisir un chant, une musique dans les funérailles n’est pas chose facile pour les équipes d’accompagnement du deuil… Entre demandes parfois farfelues des familles et recherche de l’adéquation entre rites/chant/foi de l’Eglise, elles marchent bien souvent sur un fil en équilibre…