Au cours d’une réunion

dsc_0037Par sœur Isabelle Brault

 

Il faut commencer par distinguer de quelle réunion il s’agit : réunion de travail (finances de la paroisse, conseil paroissial ou pastoral…), réunion d’échange (groupes d’Action Catholique équipes Notre Dame, groupes bibliques…) ou encore, réunion de prière (partagée ou silencieuse, adoration…).

À l’intérieur de ces groupes, qui est présent ? Une majorité de laïcs, non habitués à la prière liturgique, ou un ensemble de prêtres et de laïcs, ou de prêtres et de religieux(ses).

En tous cas, il faut réfléchir sérieusement à ce qu’il est possible de proposer, selon l’opportunité, et trouver les moyens progressifs pour que le groupe accède à une prière qui ne lui serait pas habituelle ou qu’il jugerait usée dans le quotidien. Dans les choix effectués,

  • la composition du groupe,
  • son fonctionnement,
  • son ouverture à une dimension ecclésiale,
  • son ouverture spirituelle,
  • sa cohésion entreront en ligne de compte.

Une prière liturgique

Nous n’y sommes peut être pas toujours prêts, avant ou après une réunion, mais l’enjeu est de taille. Il s’agit d’entrer dans un monde immense, celui de la prière du Christ, d’aborder l’univers incommensurable de la foi : Ô toi, l’au-delà de tout, de laisser la prière du Fils se dire, de laisser l’Esprit entraîner vers les abîmes de la profondeur et de l’universalité. Comme au jour de la Pentecôte, l’Esprit est à l’œuvre dans le cœur des apôtres et, du même mouvement, les envoie au bout du monde.

Telle est la liturgie des Heures. Une prière liturgique qui n’est prière personnelle que dans la mesure où elle est celle de la multitude, avec ses tempêtes, ses peurs, son agressivité, sa louange qui englobe et donne sens à tout. C’est la prière du combat pascal, de la vie et de la mort, prière toujours pauvre et immensément riche dans sa vérité.

Comment entrer dans cette prière ? Quelques préalables :

  • Savoir que tous sont d’un même corps ; mais chacun à sa place.
  • Se redire que l’on va entrer dans un univers, rapproché inconsciemment par le travail qui vient d’être modestement réalisé, bien plus large que le nôtre, et que la liturgie des Heures en est comme une porte d’entrée.
  • Savoir, d’avance, qu’en prière liturgique, on va être en communion avec tous ceux qui participent à l’histoire du salut à travers tous les temps : mémoire du passé, prise en compte de l’actualité et espérance d’un avenir.
  • Savoir qu’il s’agit de se laisser pénétrer et transformer par la prière de Jésus en son corps tout entier, et en sa création. Il donne voix à tous : même les pires des pécheurs peuvent crier vers lui, il les écoute.
  • Pouvoir sortir de la “prière-au-miroir”. La prière des psaumes est celle d’homme pécheurs – nous en sommes – et non une prière de parfaits. Il est essentiel d’être honnête avec les textes proposés, de ne pas y chercher forcément des échos à ses propres états d’âme, à ses goûts et à ses attraits. Tout cela n’est pas facile, et peut-être n’est-on pas prêt à faire le saut dans cet abîme pascal ! Peut-être faut-il y aller progressivement !

Quelques propositions de méthode

  1. Pour ceux qui ne connaissent pas du tout la Liturgie des Heures : choisir un texte liturgique pour se familiariser, proche de ce qui est vécu dans le groupe et paraît convenir ; en un second temps, on pourra choisir l’un de ceux qui sont priés dans toute la chrétienté ce jour-là (lectures du jour, psaumes, oraisons…) Dans ce cas, on ne peut désigner cette prière comme liturgique, mais c’est un début.
  2. Si l’on veut aller plus loin : on peut dire ou chanter un office simplifié, mais fidèle à l’esprit. La revue Magnificat propose, matin et soir un office, fidèle à l’esprit et à la lettre, simplifié : la très grande majorité des textes est celui de la Liturgie des Heures pour chaque jour et chaque heure. Un procédé pédagogique a inspiré les choix, la présentation et la variété. Il tient compte des difficultés que présente une prière quotidienne répétitive. Une certaine souplesse permet de se renouveler dans le quotidien.
  3. Il faut ensuite s’organiser, même très simplement, pour le chant, la lecture, le silence, et éventuellement le choix d’une autre lecture. Selon les possibilités, les rôles sont répartis. La mise en œuvre du psaume est envisagée : psalmodie, sur un ton très simple, alternée entre deux moitiés d’assemblée ; chacun des participants, assis autour d’une table, dit une strophe à son tour ; un ou deux lecteurs alternent tandis que l’assemblée répète tel ou tel verset ou un refrain… Un minimum de formation est souhaitable pour celui qui mène la prière, afin qu’il n’absolutise pas le moindre détail de la liturgie des Heures, mais qu’il sache adapter en respectant une prière liturgique qui ne lui appartient pas.
  4. Pour des groupes plus habitués, la question est plutôt du côté de la lassitude : comment se renouveler dans l’esprit et la fidélité ? Rien n’est simple. La Présentation générale de la Liturgie des Heures signale un grand nombre de possibilités d’adaptation dans le respect de la prière de l’Église, pour le bien spirituel de ceux qui célèbrent, “dans la logique de la structure” de cette prière. Cela peut se faire dans le choix d’une hymne parmi les 300 proposées, dans le choix d’un autre psaume, d’une lecture, dans l’actualisation des intentions.

Une préparation s’impose, surtout lorsqu’il y a une adaptation, mais plus encore une conviction : dans cette liturgie, il s’agit d’accéder au cœur : la prière de Jésus, école de la prière ecclésiale, prière de louange, prière d’apôtres avant d’être celle de telle catégorie de baptisés.

Cri et louange,

Prière des fils dans le Fils unique,

Parole du Fils au Père,

Parole du Père à ses fils.

Article extrait de la revue Célébrer n°279 

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ssœur Isabelle Brault – Au cours d’une réunion