Préparation ultime des catéchumènes : la célébration de l’appel décisif

(c) CIRIC

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Par Sœur Odette Sardathéologienne appartenant à la congrégation des Dominicaines, et P. Dominique Sentucq, prêtre du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron

Avec la célébration de l’Appel décisif – deuxième étape de l’initiation chrétienne –, les catéchumènes entrent dans le troisième temps de leur cheminement : « le temps de la purification et de l’illumination », temps de la préparation ultime avant la célébration des sacrements.

Cette étape importante « termine le temps du catéchuménat et sa longue formation de l’esprit et du cœur. » (Rituel, n°128) Cela signifie qu’elle requiert, de la part des catéchumènes, une aptitude mesurée – selon les indication du rituel – à la lumière de critères reprenant les quatre composantes de l’initiation chrétienne :

– vie évangélique : « une conversion de la mentalité et des mœurs et une pratique de la charité » ;

– catéchèse : « une connaissance suffisante du mystère chrétien et une foi éclairée » ;

– vie en Église : « une participation croissante à la vie de la communauté » ;

– vie liturgique et sacramentelle : « une volonté explicite de recevoir les sacrements de l’Église » ;

Célébration de l’appel décisif et inscription du nom

Cette célébration solennelle (adjectif choisi à dessein par le Rituel) a lieu le premier dimanche de Carême, de préférence à la cathédrale. Elle est normalement présidée par l’évêque du diocèse, premier responsable de l’initiation chrétienne des adultes. Il lui appartient d’authentifier, au cours du rite liturgique, le caractère théologal et ecclésial de l’appel, en agissant au nom du Christ et de l’Église. Les catéchumènes sont appelés par l’évêque, en Église diocésaine, à recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne par lesquels ils seront incorporés au peuple de Dieu. L’appel décisif apparaît donc comme l’articulation de tout le catéchuménat (Rituel, n°128).

L’appel nominal des catéchumènes

Cette célébration est attestée dans l’Église dès le IIe – IIIe siècles. On en trouve des traces dans la Tradition Apostolique de saint Hippolyte de Rome, notamment : « Quand on choisit ceux qui vont recevoir le baptême, on examine leur vie : ont-ils vécu honnêtement pendant qu’ils étaient catéchumènes ? Ont-ils honoré les veuves ? Ont-ils visité les malades ? Ont-ils fait toutes sortes de bonnes œuvres ? Si ceux qui les ont amenés rendent témoignage sur chacun en disant qu’il a agi ainsi, alors ils entendront l’Évangile … » Le verbe choisir est important encore aujourd’hui : le rituel insiste sur le discernement à opérer avant la célébration de l’appel décisif afin que l’Église n’appelle aux sacrements de l’initiation que les catéchumènes qu’elle juge aptes et qui sont décidés à les recevoir en connaissance de cause. L’évêque, les prêtres, les diacres, les catéchistes, les parrains et marraines, et toute la communauté locale, chacun à sa place et à sa façon, est invité à donner un avis fondé concernant les dispositions et les progrès des catéchumènes (Rituel, n°130). Et cette délibération indispensable prend forme dans le rite même de l’appel décisif, en constituant un élément essentiel. Au premier temps de la célébration, lors de l’appel nominal des catéchumènes, l’évêque interroge les parrains (Rituel, n°131, 139) et demande à l’assemblée son accord.

Au IVe – Ve siècles, à Jérusalem, cette étape du catéchuménat est décrite, dans le récit d’Égérie, une pèlerine occidentale qui a tenu une correspondance régulière au cours de son voyage en terre sainte. Elle raconte ce qu’elle voit et entend : « Celui qui donne son nom, le donne la veille du Carême et un prêtre note tous les noms … Le lendemain, début du Carême, on amène un à un les candidats : si ce sont des hommes, ils viennent avec leur parrain ; si ce sont des femmes, avec leur marraine. Alors, pour chacun, l’évêque interroge les voisins de celui qui est entré en disant : “Mène-t-il une vie honnête ? Respecte-t-il ses parents ? N’est-il pas adonné à l’ivresse et au mensonge ?” Et, pour tous les défauts d’une certaine gravité chez un homme, il fait cet interrogatoire. Si le candidat est reconnu sans reproche par tous ceux qu’on a interrogés en présence des témoins, l’évêque note lui-même de sa main, son nom. Mais, s’il est accusé sur quelque point, l’évêque le fait sortir en disant : “Qu’il s’amende, et quand il sera amendé, alors il accédera au baptême.” Ainsi pour les hommes, puis pour les femmes, il procède à cet interrogatoire. Ceux qui sont étrangers, à moins d’avoir des témoins qui les connaissent, accèdent moins facilement au baptême. » L’appel décisif suppose chez les candidats une foi éclairée. À quarante jours de la fête de Pâques, au cours de laquelle ils seront baptisés, ils doivent avoir du Christ et de sa doctrine une connaissance sérieuse. Leur conversion, à cette étape, se manifeste normalement dans un effort de droiture, de charité, de prière.

L’interrogation des candidats, et l’inscription des noms

Ce rite vient après la liturgie de la Parole. Après l’homélie et l’appel nominal, l’évêque interroge directement les candidats, leur demandant s’ils désirent être initiés par les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie. Puis, il les invite à inscrire leur nom sur le registre diocésain prévu à cet effet. Le rituel suggère de chanter pendant ce temps le psaume 15, psaume de confiance par excellence. À Agen, un oriflamme où étaient marqués les prénoms des catéchuménes a été déroulé pendant la célébration et est resté dans l’église jusqu’à Pâques. La messe chrismale a eu lieu dans cette même église, selon le désir de l’évêque, et l’attention à la présence des catéchumènes étaient rendue présente par cet oriflamme.

L’admission des candidats

Après l’inscription des noms, l’évêque prononce l’admission des candidats (Rituel, n°142) : « N. et N., vous êtes appelés. Vous serez initiés par les sacrements de la foi pendant la prochaine veillée pascale. » Il est intéressant de souligner la force de cette expression : « vous serez initiés par les sacrements » qui désigne le caractère mystérique de ce qui va se passer. Le rite se termine par une prière litanique (deux textes au choix) et par une oraison (trois choix possibles). Ensuite est prévu le renvoi des catéchumènes sur lequel Célébrer reviendra dans un prochain numéro. À Agen, l’évêque est sorti avec les « appelés » et leur a donné une catéchèse, l’assemblée a poursuivi avec la liturgie eucharistique, présidée par le prêtre responsable du secteur. Au moment de l’envoi final, l’évêque est revenu avec les catéchumènes et a appelé les prêtres qui allaient les baptiser à Pâques. Ainsi a bien été souligné le lien entre les prêtres et l’évêque. Notons que deux chants spécifiques ont été écrits pour la célébration de l’Appel décisif : « Vivons en enfants de lumière » (G 14-57-1) et « Pour l’appel à rejoindre ton peuple » (G 14-58-1). Les utiliser permet aux catéchumènes comme aux baptisés de mieux entrer dans la signification de cette liturgie.

Extrait de la revue Célébrer n°287, mars 1999, éditions du Cerf © Tous droits reservés Le Cerf / SNPLS –

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