Le baptistère, un lieu pour renaître

Baptistère de l'église Notre-Dame des Anges à Bordeaux (33)

Baptistère de l’église Notre-Dame des Anges à Bordeaux (33)

Par le P. Jacques Rideau, ancien directeur du SNPLS

Lors de la rencontre annuelle des responsables d’art sacré, le 17 mars 2014, le père Rideau, directeur du SNPLS est intervenu pour parler du baptistère, un lieu pour renaître.

Nous pouvons partir de ce constat que le baptistère est devenu un lieu incertain. Dans la plupart de nos églises, nous héritons du lieu et de l’aménagement traditionnels du baptistère, situé au fond de l’église, dans une sorte de chapelle le plus souvent sur la gauche. Mais ce lieu est devenu un non-lieu. La solution la plus fréquente de disposer une cuve baptismale au centre de l’église, devant l’autel, que l’on enlève à la fin de la célébration, est révélatrice de la difficulté de trouver dans l’église, un lieu stable du baptême et signifiant par sa stabilité même. Dans le même temps, il faut noter des réalisations témoignant d’une véritable recherche et réflexion sur ce lieu du baptême, depuis le concile Vatican II et même avant (je pense à ce qui a été réalisé lors de la reconstruction d’églises détruites durant la 2ème guerre mondiale). D’où mon expression : le baptistère est devenu un lieu incertain. Mais il me semble que cette incertitude vient de la complexité de la pratique du baptême aujourd’hui, une complexité qui n’est pas d’abord un problème, mais bien plutôt le reflet et la conséquence d’une richesse due à la diversification des pratiques et à l’ampleur retrouvée de la théologie du baptême.

1. Des pratiques nouvelles

Il est tout d’abord nécessaire de repérer un ensemble de données nouvelles concernant le baptême, depuis le concile Vatican II.

La première concerne le rituel.

A la demande des évêques venant des pays de missions, le concile Vatican II a préconisé la restauration du catéchuménat des adultes distribué en plusieurs étapes (n° 64) et la révision du rituel du baptême des adultes qui tienne compte du catéchuménat (n°66). « On obtiendra ainsi que le temps du catéchuménat, destiné à une formation appropriée, puisse être sanctifié par des rites sacrés dont la célébration s’échelonne dans le temps. » (n°64) D’autre part, il demande une révision du rituel pour le baptême des petits enfants de telle sorte qu’il soit adapté « à la situation réelle des toutpetits ». Pour quoi cette précision : parce que jusqu’ici, l’unique rituel du baptême était une concentration en une seule célébration des anciens rites du baptême élaborés d’abord pour les adultes.

Dans la mise en œuvre du concile, on a donc élaboré deux rituels :

  • D’une part le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes. (1972 éditio typica ; 1996 édition française définitive ; 1974 ad interim Rituel du baptême des adultes par étapes). Une variante ou adaptation de ce rituel pour les enfants d’âge de scolarité (1977/1993).
  • Et le rituel du baptême des petits enfants.

Ces deux rituels apparaissent comme assez différents l’un de l’autre. Le RICA comprend l’ensemble des célébrations qui scandent l’itinéraire du devenir chrétien des adultes. L’initiation chrétienne procède selon un itinéraire ; il y a un chemin à suivre, un parcours à accomplir avec ses étapes ou plutôt ses points de passages obligés : ce parcours est tracé par le Rituel de l’initiation. Il se caractérise par des temps clos et ouverts par des points de passages : 1ère évangélisation ; entrée en catéchuménat ; temps du catéchuménat ; appel décisif ; temps de la purification et de l’illumination ; célébration des sacrements de l’initiation Baptême-Confirmation-Euchratistie ; temps du néophytat et de la mystagogie. Chaque étape confère un statut : catéchumène, appelé (electi), fidèle néophyte. Je voudrais relever que le temps du catéchuménat n’est pas qu’un temps de préparation et les rites qui le ponctuent n’ont pas qu’une valeur pédagogique ou didactique de formation et d’enseignement. Le Concile demande qu’ainsi, le temps du catéchuménat, destiné à une formation 2 appropriée, puisse être sanctifié par des rites sacrés dont la célébration s’échelonne dans le temps. (n°64). D’une certaine façon, c’est toute la démarche qui est sacramentelle, qualifiée par la sacramentalité des trois sacrements qui l’achèvent. Ces trois sacrements sont célébrés et donnés au cours de la veillée pascale, ce sont les trois sacrements de la Pâques, sacrements qui font les chrétiens. Dans le RICA, la célébration du baptême n’occupe que quelques pages. Alors que le rituel pour les enfants ne concerne que le baptême.

La célébration de la Parole

Deuxième accent nouveau de Vatican II : la réforme conciliaire a voulu que pour chaque sacrement, on commence par la liturgie de la parole de Dieu. Les célébrations liturgiques fondamentales qui scandent le temps du catéchuménat sont les célébrations de la parole de Dieu (RICA n° 107-109). Des célébrations vécues au moment des rencontres de catéchèse et d’approfondissements pour les catéchumènes, mais aussi célébrations de la parole vécues avec l’assemblée dominicale. Pour le baptême des petits enfants, après l’accueil vient la liturgie de la Parole.

Une assemblée

Enfin pour les deux rituels, ils convient que la célébration soit le fait d’une assemblée de fidèles, manifestant que le baptême et le devenir chrétien est de la responsabilité de la communauté chrétienne (RICA n° 44 ; RBPE n° 39). Mais ces deux rituels ne sont pas hétérogènes. Il s’agit de deux déclinaisons de l’initiation chrétienne et de son itinéraire. Un regard comparatif fait bien apparaître l’unité fondamentale. […]

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