La Parole de Dieu et son répons, au centre de la Liturgie des Heures

La Bible

La Bible

Par Marie-Armelle Girardon, religieuse, Collaboratrice du Centre national de pastorale liturgique (en 1994).

Pourquoi ici une étude spéciale de la parole de Dieu avec son répons, comme si, à l’office, cette Parole était seulement présente dans la lecture qui en est proposée au centre de chaque heure ?

N’en sont-ils pas issus les psaumes, les cantiques de l’Ancien et du Nouveau Testament, le Notre Père, et ces « morceaux choisis » que sont les antiennes et les versets ? Et les textes non-bibliques eux-mêmes n’en sont-ils pas imprégnés : prières de louange et d’intercession commentant plus ou moins les demandes du Notre Père ou faisant allusion à l’Evangile ; et hymnes tissées de connivences bibliques ?

Certes, la parole de Dieu est bien le centre et le noyau de la liturgie des Heures, mais tantôt elle est récitée, psalmodiée ou chantée, et tantôt elle est lue et entendue pour elle-même comme une Parole reçue et à laquelle on répond directement : ainsi s’établit le dialogue entre Dieu qui transmet sa Parole par l’Eglise et le chrétien de ce temps qui lui fait écho aujourd’hui.

Lecture longue

Dans la liturgie des Heures, la Bible est parcourue en brefs extraits à chaque office et, en lecture semi-continue à l’office des lectures (dont on trouve les textes rassemblés dans le Livre des jours, ou répartis chaque jour à leur place dans les quatre tomes de la liturgie des Heures). C’est sous l’influence de la règle de saint Benoît que s’établit durablement la coutume d’une lecture longue de la Bible sous des noms divers : matines, vigiles, office des lectures et – selon les circonstances – de jour ou de nuit. Cette lecture longue est organisée de façon à présenter d’autres textes que ceux de la messe (et certains sont d’un accès plus difficile) pour ouvrir à une connaissance et à une méditation plus larges des trésors de la Bible et présenter un vaste panorama de toute l’histoire du Salut (voir Présentation générale de la liturgie des Heures, n°143). Actuellement, la lecture longue est répartie sur un an, mais une répartition sur deux ans est prévue.

On tient compte, dans le choix des textes, de l’affinité traditionnelle de certains livres avec des temps liturgiques déterminés : par exemple, Isaïe en Avent et des chapitres du Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible) en Carême. Pour les fêtes et solennités, les extraits sont spécialement choisis en fonction du déploiement des mystères du Christ au cours de l’année, en sa personne ou en celle des saint(e)s.

La lecture de l’Evangile, selon la tradition romaine, est exclue de l’office puisqu’il est lu chaque année intégralement à la messe (PGLH 114 et 158a). On le trouve seulement aux vigiles des solennités et des fêtes, et aux vigiles des dimanches (un évangile pascal).

Lecture brève

Dans sa brièveté même, le matin, au milieu du jour, le soir et à complies, elle met en valeur quelques « perles » qui risqueraient de passer inaperçues dans une lecture continue. Le matin, on lit toujours un texte de l’Ancien Testament et, le soir, du Nouveau. Vendredi et dimanche sont marqués de l’évocation de la Passion et de la Résurrection.

La lecture de la parole de Dieu à l’office imprègne celui qui prie ainsi, jour après jour, grâce à la continuité, voire à la répétition et à la richesse de textes que l’on n’a pas choisis et qui peuvent devenir lumière sur la route :

« Que la lecture de la Sainte Ecriture soit organisée de telle sorte qu’il soit facile d’accéder plus largement au trésor de la parole divine » (PGLH, 92).

Répons

On fait écho à la lecture par un temps de silence ou par un répons ; l’un et l’autre aident à transformer en prière le texte reçu. Le répons est, comme son nom l’indique, la réponse unanime d’une assemblée de croyants sous forme de dialogue, réponse qui n’est jamais individuelle, même en cas de récitation solitaire. Le répons fait résonner un terme ou une idée de la lecture pour prolonger la louange ou la méditation ; il propose une clé de compréhension, notamment par le rapprochement entre des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui en éclaire le sens et en dégage les harmoniques.

Le répons est long à l’office des lectures, bref le matin, le soir et à complies ; et réduit à un simple verset au milieu du jour.

Répons longs

Le texte en « a été épuisé dans le trésor traditionnel, ou nouvellement composé » (PGLH 169).

Généralement, le répons long comprend un refrain et des versets en nombre variable, de manière à permettre un chant alterné ou du moins une forme dialoguée expressive.

Cependant, surtout pour les fêtes, on peut trouver :

  • Des tropaires (Noël et Épiphanie) structurés ainsi : une stance (grande antienne), un refrain et plusieurs versets,
  • Ou des hymnes brèves (8-28 déc.),
  • Ou la reprise d’une strophe de l’hymne d’entrée.

Les formes en sont donc assez variées, mais le texte lui-même fait toujours pénétrer davantage dans l’essentiel du texte écouté.

Répons brefs

Aux lectures brèves correspondent des répons brefs, souvent psalmiques : « comme une acclamation grâce à laquelle la parole de Dieu pénètre plus profondément dans l’esprit de l’auditeur ou du lecteur » (PGLH 172).

En cohérence lui aussi avec la lecture qui précède, le répons bref est plus répétitif dans sa structure, mais présenté sous des formes variées pour éviter le risque de « ritournelle » :

  • Un ou plusieurs versets avec un refrain et la doxologie : Gloire au Père (Dimanche II, matin) ;
  • Plusieurs versets sans doxologie (Mercredi II, soir) ;
  • Ou, plus rarement, une strophe d’hymne (Le soir, entre l’Ascension et la Pentecôte).

A noter : Depuis l’origine, les répons brefs sont faits pour être chantés. Si on change la lecture, il faudra veiller à changer aussi le répons, La reprise du refrain peut être omise dans la récitation solitaire (PGLH 171).

Versets

Ils suivent la lecture brève à l’office du milieu du jour. Ils répètent, comme un leitmotiv, quelques phrases clés ; par exemple au Temps pascal, on reprend souvent :

« Le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia, il est apparu à Simon, alléluia. »

A l’office des lectures se trouve également un verset qui « fait passer dam la prière, de la récitation des psaumes à l’audition des lectures » (63).

Ecouter la parole de Dieu, répondre à cette Parole, mais aussi la laisser transformer progressivement notre mentalité, lui faire porter du fruit, l’incarner aujourd’hui.

« La Parole est toute proche de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 14).

Approfondir votre lecture

  • L’hymne du « Te Deum » : A toi, Dieu, notre louange !

    Cette hymne A toi, Dieu, notre louange ! est placée par la liturgie des Heures en conclusion de l’Office des lectures des dimanches (sauf en Carême), des solennités et des fêtes. Cette composition de Nicetas, qui était évêque en Roumanie à la fin du IVe siècle, l’Église l’a transmise précieusement et en a fait le chant privilégié des actions de grâce.

  • Fleurir pour la Liturgie des Heures

    La Liturgie des Heures, en lien avec la lumière du jour et la tombée de la nuit, rythme et alimente les différents moments de la journée des moines, moniales, religieux, religieuses, prêtres et diacres. Elle est peu répandue dans nos paroisses, mais depuis Vatican II , chaque chrétien est invité à ce dialogue journalier, communautaire entre Dieu et les hommes.

  • Carême : se convertir à l’école des Pères de l’Eglise

    L’oraison de l’office des lectures du Mercredi des Cendres nous invite à demander au Seigneur de nous accorder « de savoir commencer saintement par une journée de jeûne, notre entraînement au combat spirituel afin que nos privations nous rendent plus fort pour lutter contre l’esprit du mal ». Pendant le Carême, nous pouvons demander la grâce de la conversion et nous entraîner au combat spirituel à l’école des pères de l’Eglise. Pendant les quarante jours qui mènent à Pâques, vous trouverez ici des morceaux choisis de la lecture patristique proposée à l’office des lectures.