Agnus Dei

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Cette triple acclamation chantée au Christ au moment de la fraction, à la messe, n’est que la reprise d’une invocation qui se trouve littéralement dans le chant du Gloria : « Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous » (la troisième fois, on demande : « donne-nous la paix »).

La formule s’origine dans la désignation de Jean-Baptiste, au moment du baptême de Jésus dans le Jourdain : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29).

Au-delà, elle évoque le sacrifice du Serviteur souffrant, tel que le prophète Isaïe l’a décrit à l’avance : « Ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Yahvé a fait retomber sur lui nos fautes à tous. Maltraité, il s’humiliait, il n’ouvrait pas la bouche, comme l’agneau qui se laisse mener à l’abattoir, comme devant les tondeurs une brebis muette, il n’ouvrait pas la bouche » (53, 4.6.7).

Dans la musique grégorienne, comme dans la tradition polyphonique ancienne et dans les « Messes » classiques, l’Agnus Dei est une pièce particulièrement chargée d’émotion et d’humilité aimante. Les compositeurs l’ont toujours soignée.

Son insertion dans la messe romaine remonte au VIIe siècle. Il arrive que l’on expose sur l’autel, ou à un autre endroit de l’église, le samedi in albis (samedi dans la semaine de Pâques), des Agnus Dei. Ce sont des médaillons de cire, représentant l’agneau couché, maintenant la croix dressée au moyen d’une de ses pattes. Il s’agit d’une coutume romaine, liée au cierge pascal : les fidèles auraient eu l’habitude de recueillir des fragments de ce cierge le Samedi saint, pour s’en servir comme d’une protection contre le démon. Tardivement, une bénédiction solennelle des Agnus Dei par le pape est prévue : elle a lieu tous les sept ans. Une telle pratique est une forme de dévotion au Christ mort et ressuscité ; elle est aussi un signe d’attachement à Rome.

Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

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  • La fraction du pain et sa signification

    « La nuit qu’il fut livré, Jésus rompit le pain » (1 Co 11, 23). Après sa résurrection, raconte Luc, les disciples le reconnurent à la fraction du pain (Lc 24, 35). Qu’en est-il de ce geste si significatif qui guérira les disciples de leur aveuglement ? Pourquoi un tel décalage entre cet événement et nos célébrations où la fraction du pain passe si souvent inaperçue ? En a-t-il toujours été ainsi ?