Les œuvres de miséricorde : l’expérience de la prison

17 février 2016 : Le pape François recevant en cadeau une croix ,offerte par un prisonnier, lors de la visite à la prison Cereso 3 à Ciudad Juarez, Mexique. DIFFUSION PRESSE UNIQUEMENT. EDITORIAL USE ONLY. NOT FOR SALE FOR MARKETING OR ADVERTISING CAMPAIGNS. February 17, 2016: Pope Francis during his visit to the CeReSo n. 3 penitentiary in Ciudad Juarez, Mexico.

17 février 2016 : Le pape François recevant en cadeau une croix ,offerte par un prisonnier, lors de la visite à la prison Cereso 3 à Ciudad Juarez, Mexique.

Sœur Véronique Loeuillet, Religieuse de la congrégation de Marie Joseph et de la Miséricorde

Sœur Véronique appartient à une congrégation dont la vocation est de témoigner et de vivre de la miséricorde. En mission à la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, elle est aujourd’hui avec ses sœurs, présence de l’amour inconditionnel de Dieu pour tous.

Elle est aujourd’hui avec ses sœurs, en mission à la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, présence de l’amour inconditionnel de Dieu pour tous.

La miséricorde, une attitude

La prison, un univers de violence

La prison est un monde de très grande souffrance où l’être humain est confronté sans cesse à ses limites, à la violence. Il y fait l’expérience du mal dont il est capable mais dont il est aussi tout à la fois coupable et victime. Car derrière tout acte de délinquance ou criminel se cache une histoire humaine souvent très douloureuse. Les femmes que nous rencontrons nous en font la confidence.

Partage d’une miséricorde reçue

Il est capital pour ces femmes que nous soyons avant tout à l’écoute, que nous nous laissions notre cœur touché et que nous ayons pour elles, le regard de Jésus lui-même.

toucher le cœur et que nous portions à leur égard le regard de Jésus lui-même. Un regard qui ne juge pas mais qui offre le chemin du pardon, de la guérison et de la liberté. « Va désormais ne pêche plus » (Jn 8). Nous nous inscrivons dans cette dynamique de miséricorde, avec cette conscience que nous sommes nous-mêmes des pécheresses pardonnées.

L’humilité un mot clé pour servir en prison. Je suis la première bénéficiaire de la miséricorde de Dieu, elle est ma joie et avec Pierre je peux dire en acte à chacune des personnes détenues, « je n’ai ni argent ni or, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche » (Act 3-6). Autrement dit je te partage la miséricorde.

La miséricorde en actes

Des petits gestes…

Notre action en communauté est très simple : habiller, soigner, partager un savoir-faire (comme le traitement de texte à des étrangères, le tricot, la couture, un bricolage). Il peut s’agir d’accompagner, traduire, expliquer une notice judiciaire, rassurer, intercéder pour auprès de l’administration sans oublier la visite en cellule. Il importe aussi d’être attentive à chacune, en offrant des produits de première nécessité mais aussi un petit plus comme du maquillage pour aider la personne à retrouver un peu d’estime de soi. Une somme de petits gestes offerts à toutes, quelles que soient son origine ou sa religion.

… mais des gestes habités

Infirmière, c’est le plus souvent en soignant et lavant des pieds souillés et abimés par une vie « de trottoir » que j’ai eu les plus belles confidences et les plus beaux sourires. Laver des pieds, un acte de miséricorde qui ne laisse pas indifférent, un geste solennel pour nous qui aimons le Christ. Oui, servir en prison recouvre une certaine forme de liturgie.

Franchir les portes de la prison, c’est ouvrir l’Évangile, ce n’est pas comme entrer dans une usine ou un magasin. Chacune de mes rencontres me conduisent à Jésus-Christ lui-même.

Deux congrégations, les sœurs de Marie Joseph et les sœurs de la Miséricorde, nées au tout début du XIXe s., ont uni en 1971, leurs membres, leur richesse spirituelle et leurs énergie apostolique en une seule famille religieuse, la congrégation de Marie Joseph et de la Miséricorde.

Extrait des constitutions de la congrégation

« Avec le Christ, pas seulement porter un regard de compassion, vers le mal moral, corporel, ou matériel, mais avec Lui, rendre à l’amour sa force créatrice qui revalorise, promeut, tire le bien de toutes les formes du mal, rend à l’homme sa vraie liberté… ».

Cet extrait reprend les mots mêmes du pape Jean Paul II dans son encyclique Dieu riche en Miséricorde, n° 6.