Célébrer le mariage : la sixième bénédiction nuptiale

15 Juin 2012 : Mariage de Judith et Xavier célébré par Francis LAPIERRE, diacre permanent, en l'égl. Saint Pierre Saint Paul de Rueil Malmaison (92) France. June 15th, 2012 : Permanent deacon Francis LAPIERRE celebrates the marriage of Judith and Xavier in Saint Pierre Saint Paul ch. Rueil Malmaison (92) France.

15 Juin 2012 : Mariage en l’église Saint Pierre Saint Paul de Rueil Malmaison (92).

Par Serge KerrienDiacre du diocèse de Saint Brieuc et Tréguier

Autrefois, la bénédiction nuptiale consistait essentiellement en une bénédiction de l’épouse. Le rituel, édité pour la francophonie en 2005, introduit, en plus des cinq bénédictions du rituel romain, une sixième bénédiction qui lui est propre. Comment cette bénédiction est-elle construite ? Quelle est sa dynamique ? Quelles en sont les spécificités ?

Une structure trinitaire

Si toutes les nouvelles bénédictions nuptiales comportent désormais une épiclèse, la bénédiction n°6 est clairement structurée de manière trinitaire. Après un invitatoire qui donne le sens de la bénédiction (bénir Dieu et lui demander de bénir les nouveaux époux), la prière se décline en quatre strophes dont les trois premières sont des bénédictions adressées à Dieu. Tout d’abord, Dieu, Père des hommes est béni pour son amour, un amour source de tout amour. Puis Dieu, Père du Sauveur est béni pour la nouvelle Alliance scellée dans la Pâque du Christ. Enfin, Dieu est béni, pour le don de l’Esprit Saint. Cette dimension trinitaire de la bénédiction est renforcée par la présence d’un refrain repris après chacun des trois strophes : « Béni sois-tu, Seigneur, ton amour fait pour nous des merveilles ».

Une épiclèse

La quatrième strophe est une épiclèse. Elle demande à Dieu d’envoyer sur les époux son Esprit et de les combler de ses bienfaits. Cette demande est accompagnée du geste du prêtre ou du diacre qui étend les mains au-dessus des époux et du déplacement ou de l’agenouillement des époux, signe qu’ils sont prêts à accueillir la grâce. Ainsi, la bénédiction nuptiale sort de sa situation précédente de simple sacramental. La signification chrétienne de l’engagement des époux ne vient plus d’eux. La bénédiction vient de Dieu qui envoie l’Esprit Saint et le ministre du sacrement est celui qui prononce la bénédiction.

La bénédiction donne tout leur sens aux quatre piliers traditionnels du mariage : l’Esprit Saint révèle que ceux-ci ne sont pas d’abord du domaine des époux, mais de celui de la grâce, du don de Dieu. Les époux ne se suffisent plus et la sacramentalité du mariage s’en trouve renforcée.

Un chemin de foi et un chemin de vie

La sixième bénédiction propose aux époux un chemin de foi. Elle les invite ainsi à être « signe de l’Alliance » que Dieu a conclu avec son peuple. En inscrivant leur union dans la Pâque du Christ, ils deviennent signes de « l’union du Christ et de son Église ». Associés par l’Esprit Saint à la mission du Christ, en étant « l’un pour l’autre un signe » de la tendresse de Dieu, les époux inscrivent leur union dans le désir de Dieu qu’ils « deviennent un seul corps et un seul esprit ». Voilà bien le chemin de foi proposé : en faisant confiance à la bénédiction de Dieu, et à leur amour mutuel, les époux approfondissent leur foi en ce Dieu d’Alliance, source de l’amour jusqu’au bout et qui veut les associer à la mission du Christ d’annoncer la tendresse de Dieu et la grâce offerte du salut.

Au chemin de foi est associé un chemin de vie accompagné et guidé par l’Esprit Saint. Ce chemin de vie consiste à vivre chaque jour une union d’amour et de tendresse qui leur donnera de grandir dans la foi et de témoigner au monde. Ce chemin est celui de la vie la plus ordinaire, une vie jalonnée de bonheur et d’épreuves, marquée par le respect de l’autre, l’écoute et le pardon. Cette vie pourrait se révéler enfermante et déboucher sur un bonheur égoïste. La dernière partie de la bénédiction ouvre les époux à d’autres perspectives. En effet vivre les bienfaits reçus de l’Esprit Saint, c’est travailler à construire un monde plus juste.

C’est aussi porter le souci des pauvres, des exclus, de tous ceux qui viennent frapper à la porte pour trouver «écoute et secours ».

Ce chemin de vie prend aussi en compte la dimension familiale et des devoirs qui lui incombent. Donner naissance à des enfants conduit à les faire naître en Dieu et à leur donner « le goût de vivre selon l’Évangile ». Il ne s’agit pas ici de mettre en œuvre une morale éducative. Il s’agit d’imprégner les relations familiales et l’éducation des enfants de la parole de Dieu, des mots, des gestes et des attitudes du Christ ; en résumé de vivre l’Évangile.

Et la prière ouvre au souhait d’une vie en Dieu, par-delà la mort, d’une vie éternelle dans le Royaume avec tous les saints, c’est-à-dire avec ceux dont la vie consacrée, rendue sainte, par la grâce de l’Esprit est devenue signe du salut. Chemin exigeant, mais chemin de bonheur.

Article extrait de la revue Célébrer n°392

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