Une célébration du lucernaire

bougiePar Bénédicte Ducatel, Collaboratrice à Magnificat

 

21h00 : Tout est prêt pour la célébration du lucernaire. Chacun des cinq animateurs connaît la place, les gestes et les paroles par lesquels il doit intervenir. La chapelle a changé de disposition. Les bancs ont été mis face à face de part et d’autres d’un espace central délimité par l’autel d’un côté et l’ambon lui faisant face à l’opposé. Un support placé devant l’autel attend le cierge pascal.

Après une courte marche en silence, la petite assemblée est accueillie devant la chapelle par celui qui conduit la prière : “Au seuil de cette nuit, les yeux fixés sur le Christ lumière, entrons dans l’espérance, marchons à la clarté de sa lumière…” En chantant, Joyeuse lumière, le groupe pénètre dans l’ombre de la chapelle à la suite du cierge, seul point lumineux de l’espace. Ayant déposé le cierge pascal, celui qui conduit la prière, allume des lumignons disposés le long de l’espace central. Prenant le temps de l’allumage, le chant monte dans la nuit qui s’illumine peu à peu. Proclamée du centre de l’espace face à l’autel et au cierge, une oraison vient conclure ce premier temps de la célébration.

Une fois tout le monde assis, d’un point de l’assemblée, les strophes du psaume 90 sont lues sobrement. A la fin de chaque strophe, d’un autre point de l’assemblée, une voix énonce un mot ou un morceau de verset que l’assemblée reprend. L’écho de la Parole se fait d’un point à l’autre, d’une voix à l’autre, d’une voix à l’ensemble. De la même manière que précédemment, l’oraison psalmique conclut ce moment.

La lecture proclamée à l’ambon est suivie d’un répons sous forme de chant, d’abord alterné par une voix d’homme et de femme, puis les deux ensemble ; voix situées de part et d’autre de l’espace central. Après un court silence permettant la résonance du chant, le cantique de Syméon est psalmodié, debout, avant l’oraison de conclusion toujours proclamée du milieu de l’espace.

Celui qui conduit la prière éteint ensuite chaque lumignon et, dans la petite chapelle, chacun peut entendre le souffle de sa bouche, lumignon après lumignon. Prenant le dernier lumignon encore allumé, il se dirige vers une icône de Marie et, tandis qu’il tient la flamme devant l’icône, le Je vous salue, Marie est chanté par tous. A la fin, il souffle la flamme, repose le lumignon à sa place initiale, s’incline en silence devant le cierge resté allumé et sort de la chapelle. Peu à peu chacun part en silence.

Dans sa simplicité, cet office a permis à chacun de découvrir et goûter le déploiement de la liturgie. L’équipe de préparation avait réfléchi à chaque moment ; repéré les rôles que chacun devait tenir en fonction de ses compétences, ainsi que leur place dans l’assemblée pour faire jouer l’espace sonore ; évalué l’opportunité des éléments. Les participants n’avaient aucun papier en main et la seule précision qu’ils avaient reçue, avant le déplacement préalable en silence, était de se laisser guider par la célébration elle-même.

L’utilisation de l’espace dans ses trois dimensions, physique, sonore et temps, s’est avéré très équilibré, non pas à cause de la préparation minutieuse, mais par le lâché prise dans l’acte même de la liturgie.

 

Article extrait de la revue Célébrer n°351