L’Avent, pédagogie de l’espérance

20 mars 2011 : Prière eucharistique lors de la messe Egl. Notre-Dame d'Espérance, Paris (75), France. Le rose symbolise la joie.

20 mars 2011 : Prière eucharistique lors de la messe Egl. Notre-Dame d’Espérance, Paris (75), France. Le rose symbolise la joie.

Par Bénédicte-Marie de la Croix Mariolle, Petite Sœur des Pauvres, membre du service de PLS du diocèse de Rennes

Les lectures et les formulaires de l’Avent mettent progressivement en scène trois figures bibliques éminentes, trois figures de l’espérance : Isaïe, Jean-Baptiste, Marie.

Isaïe, prophète des temps messianiques et de la consolation à venir, puis, à partir du 2e dimanche, Jean-Baptiste, dernier des prophètes et annonciateur de l’imminence du salut. Enfin, surtout la dernière semaine, Marie, première « parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut de lui avec confiance » [1]. A travers elles, l’espérance d’Israël se précise et prend peu à peu visage, jusqu’à se faire chair en Marie, au point que la dernière oraison de l’Avent (le 24 décembre au matin), contrairement à l’habitude, peut interpeller directement celui qui est l’espérance des peuples :

« Seigneur Jésus, hâte-toi, ne tarde plus : que ta venue réconforte et relève ceux qui ont foi dans ton amour ».

Deux Préfaces : le « déjà là » et le « pas encore » de l’espérance

Les deux Préfaces de ce temps résument la thématique de l’Avent. Elles caractérisent chacune une forme de l’attente chrétienne : la manifestation du Christ à la fin des temps (Préface I) et sa manifestation dans le temps par son Incarnation (Préface II). Mais ce ne sont pas pour autant deux événements étrangers l’un à l’autre ou deux faits successifs. Là est le propre de l’espérance chrétienne : ce qui est attendu pour la fin des temps est déjà mystérieusement présent au cœur du monde, car le Fils de Dieu en venant parmi nous inaugure le Royaume qui doit atteindre sa plénitude finale à la fin des temps lorsque Dieu sera « tout en tous ».

Aussi, l’Église, s’appuyant sur le salut accompli par le Christ, veille-t-elle dans la foi et l’espérance, en attendant sa manifestation glorieuse et définitive au dernier jour :

« En réponse à nos appels, Seigneur, accorde ton secours à ceux qui luttent et qui peinent : que la présence au milieu de nous de celui qui doit venir, ton Fils, bien-aimé nous redonne courage et nous préserve de la dégradation du péché » (Collecte du mardi I).

Les alléluias de l’Avent : espérance et joie chrétienne

L’espérance de l’Avent est joyeuse parce qu’elle s’appuie sur la victoire de Pâques. C’est la raison des nombreux alléluias – chant pascal par excellence – et des acclamations de la liturgie : « Réjouissons-nous dans le Seigneur car il est proche ! » (Répons des vêpres). Cette joie éclate plus particulièrement au 3e Dimanche, dit de Gaudete :

« Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère… » (Collecte du dimanche III).

La sobriété de l’Avent : espérance et ascèse chrétienne

Si le ton de l’Avent est plutôt celui de la joie, il possède, toutefois, une note d’austérité (le violet des ornements, l’omission du Gloria à la messe dominicale…) qui nous situe dans le « pas encore » et nous rappelle que le temps de l’attente dans laquelle nous cheminons comporte un combat pour rester éveillé et tenir dans l’espérance :

« Accorde-nous, Seigneur, d’attendre sans faiblir la venue de ton Fils, pour qu’au jour où il viendra frapper à notre porte, il nous trouve vigilants dans la prière, heureux de chanter sa louange. » (Collecte du lundi I).

Loin d’être une attente passive, l’Avent incite à la vigilance et avive le désir du chrétien de hâter l’avènement glorieux du Christ dont la venue sur la terre constitue le germe et l’assurance. Une telle espérance ne dispense pas d’œuvrer dans le monde. Bien au contraire, l’engagement dans l’histoire au service des hommes et de la création est d’ores et déjà préparation et signe du Royaume qui vient.

[1] Vatican II, Lumen Gentium, n°55.

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