Scruter les origines à partir des épiphanies du Seigneur

Vitrail représentant le baptême du Seigneur par Jean le Baptiste.

Vitrail représentant le baptême du Seigneur par Jean le Baptiste.

Par Bernard Maitte, Prêtre, professeur au séminaire d’Aix et responsable du département de pastorale et spiritualité de l’ISTR de Marseille. Membre du SNPLS

Le mystère du surgissement de Dieu au cœur de ce monde révèle (epiphania) la destinée de l’homme promis à la gloire, même et surtout si celle-ci passe par le signe contradictoire de la croix. C’est donc la création d’un véritable itinéraire spirituel qu’augurent les épiphanies du Seigneur dont le sens est l’accomplissement de pâques et dont la vie sacramentelle est la réalisation.

Dire le mystère du Christ

À l’origine, la naissance du Christ fêtée en Orient et en Occident le 6 janvier n’est pas le jour « J » anniversaire d’une naissance mais la manifestation du mystère du Christ. L’Épiphanie se décline en Épiphanies : de la naissance dans la chair (Noël) au premier signe manifestant la gloire (noces de Cana).

La liturgie romaine invite dans la lex orandi à pousser plus loin la logique d’un temps de l’Épiphanie articulé au temps de Noël. Même conclu par le Baptême du Christ, tout le mystère de ce temps est appelé à un plus grand déploiement. Benoît XVI soulignait l’importance d’une telle approche :

Le Temps de Noël : un mystère qui se déploie

« La célébration liturgique de Noël n’est alors pas seulement un souvenir, mais elle est surtout un mystère ; elle n’est pas seulement mémoire, mais également présence. Pour saisir le sens de ces deux aspects inséparables, il faut vivre intensément tout le Temps de Noël comme l’Église le présente. Si nous le considérons au sens large, celui-ci s’étend sur quarante jours, du 25 décembre au 2 février, de la célébration de la nuit de Noël, à la maternité de Marie, à l’Épiphanie, au Baptême de Jésus, aux noces de Cana, à la présentation au Temple, précisément par analogie avec le temps pascal, qui forme une unité de cinquante jours, jusqu’à la Pentecôte. La manifestation de Dieu dans la chair est l’événement qui a révélé la Vérité dans l’histoire. »1

Les récits de la première annonce du royaume et de l’appel des disciples (Temps ordinaire qui suit Noël) dans le paysage de ces commencements du Sauveur, participent d’un cycle liturgique cohérent.

La plénitude des temps est accomplie

Aujourd’hui de l’inauguration du Salut, ces « Épiphanies » font surgir l’éternité :

  • La naissance dans la chair manifeste la venue dans la gloire du Fils de l’homme (Ap 1, 13)
  • La venue des mages préfigure le rassemblement eschatologique des hommes de toutes nations, tribus, peuples et langues (Ap 7, 9)
  • Le baptême du Christ dévoile ceux qui viennent de la grande épreuve ayant lavé leurs robes, blanchies par le sang de l’Agneau (Ap 7, 14)
  • Les noces de Cana inaugurent le festin messianique, car elles sont venues les noces de l’Agneau et pour lui son épouse a revêtu sa parure (Ap 19, 7)
  • La Présentation du Seigneur, l’entrée dans son temple (2 février), est alors sa réponse à l’Esprit et l’Épouse qui disent : Viens !… (Ap 22, 17).

1. Benoît XVI, Audience générale du 5 janvier 2011

Approfondir votre lecture

  • 2008: "Les noces de Cana" (Mystères Lumineux), Mosaïques de Marko Ivan RUPNIK (2007), facade de la bas. Notre Dame du Rosaire, Lourdes (65), France.

    Les « épiphanies » du Seigneur, véritable itinéraire spirituel

    Le mystère du surgissement de Dieu au cœur de ce monde révèle (epiphania) la destinée de l’homme promis à la gloire, même et surtout si celle-ci passe par le signe contradictoire de la croix. C’est donc la création d’un véritable itinéraire spirituel qu’augurent les épiphanies du Seigneur dont le sens est l’accomplissement de Pâques et dont la vie sacramentelle est la réalisation.

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