Le temps pascal, temps de la mystagogie

3 avril 2005 : Dimanche in albis - rencontre des néophytes avec Mgr André Vingt-Trois à l'église St-Séverin, Paris.

3 avril 2005 : Dimanche in albis – rencontre des néophytes avec Mgr André Vingt-Trois à l’église St-Séverin, Paris.

Par Bernard MaittePrêtre, directeur des études et professeur du séminaire d’Aix, et de l’ISTR de Marseille. Membre du SNPLS

Un temps et ses rites

La mystagogie est un temps (liturgique) et une action (« …urgie »). C’est un temps à part entière dans le déploiement liturgique de l’initiation chrétienne.

Au cours du IVe siècle, la pratique de la catéchèse mystagogique se met en place, notamment à Rome et en Afrique proconsulaire. Elle est d’abord liée au Temps pascal, particulièrement à l’octave de Pâques, et aux célébrations liturgiques de cette octave, essentiellement par la proclamation des huit récits d’apparition du Ressuscité. Temps liturgique et rites actualisent le mystère.

La signification de la mystagogie

Pour les néophytes qui ont vécu l’initiation par les mystères de la Pâque dans les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie, il s’agit de laisser résonner en eux, cette célébration. Le chrétien de longue date est lui, invité à se laisser toujours plus transformer par le don de Dieu reçu un jour :

« Dieu de miséricorde infinie, tu ranimes la foi de ton peuple par les célébrations pascales ; augmente en nous ta grâce pour que nous comprenions toujours mieux quel baptême nous a purifiés, quel Esprit nous a fait renaître, et quel sang nous a rachetés. »[1]

Participer à la célébration de l’eucharistie

La mystagogie s’expérimente. Elle est ainsi liée à la nature même de l’Église et à sa mission :

« Après la célébration des sacrements de l’initiation chrétienne, la communauté tout entière avec les nouveaux baptisés médite l’Évangile (témoignage), participe à l’eucharistie (liturgie) et exerce la charité (diaconie) pour progresser dans l’approfondissement du mystère pascal et le traduire toujours plus dans leur vie » (RICA n° 236).

Le Temps pascal et sa célébration dans l’eucharistie lie ensemble les trois, c’est pourquoi : « L’expérience nouvelle et fréquente des sacrements » (RICA n° 238) est le lieu propre de la mystagogie (y compris de la catéchèse ou mieux l’homélie).

Vivre la mystagogie, c’est participer à l’eucharistie pendant le Temps pascal – les lectures de l’année A sont particulièrement recommandées –, vivre le nécessaire rassemblement de la communauté, s’y insérer et échanger. En pratique, il est prévu de grouper les néophytes dans l’assemblée pour qu’ils apprennent avec leurs parrains à participer à l’action de grâce. A l’évêque aussi revient le soin de réunir les néophytes lors d’une eucharistie.

C’est finalement toute la communauté paroissiale et diocésaine qui peut trouver un fruit pastoral à développer la mystagogie en son sein. D’abord autour de l’évêque, en ces occasions à réinventer, rendues possibles par la présence de nombreux catéchumènes, néophytes ou recommençants. Mais aussi le dimanche avec toute la communauté, durant des temps liturgiques particuliers comme le Temps pascal ou plus habituellement le dimanche.

Un temps à promouvoir

  1. Luc Mellet, directeur du SNCC, dans La mystagogie d’hier à aujourd’hui, Paris, Ed. Nouvelle Cité, 2012, p. 107.

[1] Collecte du 2e dimanche de Pâques (huitième jour de l’octave).

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