En l’absence de rassemblement dominical, garder la communion entre nous !

« Nous voici dépouillés de ce qui est le cœur de la vie chrétienne, sa source et son sommet : l’eucharistie. »

« Nous voici dépouillés de ce qui est le cœur de la vie chrétienne, sa source et son sommet : l’eucharistie. »

Que nous arrive-t-il en ces jours ?

Pendant le Carême de cette année 2020 d’abord et maintenant en cette veille de l’Avent, nous sommes dépouillés de ce qui est le cœur de la vie chrétienne, sa source et son sommet : l’eucharistie. Plus encore, nous sommes privés de communauté, de cette communauté au sein de laquelle le Christ vient, chaque dimanche, nous redire : « La paix soit avec vous », lui qui se fait reconnaître dans la fraction du pain comme Seigneur de nos vies.

Confrontés à l’absence de rassemblement dominical et donc de célébration eucharistique, en bien des endroits, les fidèles sont invités à vivre une communion dite « de désir ». L’Église connaît depuis longtemps cette pratique de communion spirituelle. Elle est un moyen privilégié de s’unir au Christ dans les situations d’impossibilité de communier corporellement comme la maladie ou le grand-âge, ou encore dans des situations particulières qui empêchent la communion au corps eucharistique du Christ.

Ce qui est touché en premier lieu, c’est le rassemblement de la communauté.

Dans le contexte épidémique qui est le nôtre aujourd’hui, ce qui est touché en premier lieu, c’est le rassemblement de la communauté. En effet, cela devient une évidence : sans communauté rassemblée, pas de célébration eucharistique, pas de pain partagé entre les croyants que nous sommes, pas de communion. Cette expérience douloureuse – vécue ces temps-ci chaque dimanche – nous fait découvrir ou redécouvrir un élément essentiel : notre désir de communier devrait toujours se tourner, inséparablement, vers le pain consacré devenu le corps sacramentel du Christ et vers la communauté, cette autre forme du corps du Christ qui est l’Église.

Rappelons au passage que les rites de communion dans la célébration de la messe commencent par la prière du Notre Père – qu’il nous est toujours possible de dire ensemble, fut-ce par téléphone – puis le partage de la paix – qui peut aussi être partagée de la même manière – et ensuite, pour ceux qui le désirent, la communion au corps eucharistique du Christ.

Nous le savons bien, les chrétiens sont ceux qui se réunissent le dimanche et manifestent ainsi l’Église. Privés du rassemblement dominical, nous éprouvons une vraie souffrance, celle de ne pas pouvoir retrouver les autres baptisés.

En 304, les martyrs d’Abitène, petite ville de l’actuelle Tunisie, avaient parfaitement compris le sens profond de l’affirmation qui leur valut la mort : « Sine dominico non possumus » « Nous ne pouvons pas vivre sans le rassemblement du dimanche. »

Pas plus qu’eux, nous ne pouvons vivre sans le rassemblement du dimanche.

Alors comment donner du sens à nos dimanches privés d’assemblée et d’eucharistie ?

Pour donner sens à nos dimanches privés d’assemblée et d’eucharistie, nous voilà invités à nous laisser rejoindre autrement par le Christ qui est la Tête de son corps qui est l’Église. Redécouvrons les uns et les autres qu’Il vient à notre rencontre par les moyens que l’Église nous donne et dont elle affirme que par eux le Christ se rend présent : « Il est là présent dans sa parole, car c’est lui qui nous parle tandis qu’on lit dans l’Église les Saintes Écritures. Il est là présent lorsque l’Église prie et chante les psaumes… » (SC 7)

Même si nous sommes isolés par les circonstances, mais que nous prenons un temps pour être en communion avec nos frères eux aussi isolés, le Christ nous rejoint dans sa Parole. Il est là lorsque nous célébrons la liturgie des Heures et que, ce faisant, comme durant la messe, nous prions « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».

Dès lors, nous sommes en communion spirituelle les uns avec les autres, rassemblés par le Christ qui fait de nous son corps. C’est ainsi que nous avons une vie eucharistique, c’est-à-dire, d’action de grâce (eucharistie en grec) avec ou sans sacrement de l’eucharistie.

Nous comprendrons mieux que la communion eucharistique ne peut jamais être séparée de la communion ecclésiale. Que c’est ensemble, christi fideles, que nous vivons la pleine communion au Christ qui sera toujours pleine du désir d’être réalisée en vérité dans le Royaume. Il ne s’agit donc pas d’abord et seulement d’un désir stimulé par une situation pratique, mais d’un désir sans cesse renouvelé qui, depuis deux mille ans, fait dire à l’Église : « Viens, Seigneur ! »

Comment vivre en communion ?

Pour marquer le temps du rassemblement dans la prière, malgré les murs de nos maisons, pourquoi ne pas profiter de chaque dimanche de ce temps si spécial pour faire sonner les cloches de l’église ou des églises à une même heure annoncée à tous ? Cela pourrait être déjà au niveau de la paroisse, d’un groupement paroissial, voire d’un diocèse… Ce serait un beau signe tangible que les chrétiens séparés pour cause d’épidémie, sont rassemblés dans une même prière au cœur de laquelle le Christ se rend présent à chacun et les aide à se tenir en communion, en particulier avec les plus isolés. Cette initiative et bien d’autres encore pourront aider à continuer à sanctifier le dimanche.

D’ailleurs les idées et les propositions se multiplient partout. N’hésitez pas à consulter les sites de vos paroisses, de vos diocèses ou liturgie.catholique.fr pour le constater et vous y joindre. Au-delà du dimanche, elles nous aideront à grandir dans une vie eucharistique de tous les jours, en renforçant notre communion avec les autres voire en inventant de nouvelles solidarités.

L’équipe du SNPLS

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