Accueillir une nouvelle manière de prier le Notre Père

1 mars 2017 : Geste lors de la prière du "Notre Père", durant la célébration de la messe des Cendres. Paroisse Saint-Denys du Saint-Sacrement, Paris (75), France.Par le P. Marc Boulle, prêtre du diocèse de Versailles, curé de la cathédrale Saint-Louis à Versailles

Le dimanche 3 décembre 2017 signait l’entrée dans une nouvelle année liturgique. À cette occasion, le Père Marc Boulle a prononcé une homélie dans laquelle il annonça que l’Avent 2017 inaugurait une nouvelle manière de prier le Notre Père.

L’Avent, un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité

Nous entrons dans une nouvelle année liturgique avec le temps de l’Avent, le temps de la venue qui vient renouveler notre foi, notre espérance et notre charité.

  • Notre foi qui nous fait reconnaître que Dieu est entré dans l’histoire : il est venu et s’est fait l’un de nous en Jésus pour nous apporter le salut.
  • Notre espérance car il reviendra dans la gloire, ce qui nous pousse à être vigilants, à ne pas être endormis, à veiller.
  • Notre charité car il vient et c’est vers lui que nous sommes exhortés à nous mettre en route pour aller à sa rencontre. Il vient dans notre vie et nous allons au-devant de Lui par notre amour qui est une réponse à l’Amour qui se manifeste en Jésus.

L’évangile de ce premier dimanche de l’Avent nous demande de veiller pour accueillir le Seigneur, pour ne pas entrer en tentation, ne pas nous laisser submerger par la négligence, l’oubli de la présence de Dieu et le mal qui nous détourne de lui. C’est notre désir de sa venue qui doit grandir et jaillir de nos cœurs durant tout ce temps de l’Avent.

Prier avec le Christ, le Notre Père

Voici que nous recevons en ce dimanche une nouvelle manière de dire la prière que le Christ nous a enseignée. Comme les disciples regardaient le Maître et lui demandaient de leur apprendre à prier, Jésus leur a ouvert son cœur pour leur partager l’intime de sa relation au Père. Et leur joie comme la nôtre, c’est que sa prière devienne notre prière.

Reconnaissons que trop souvent, ces mots si familiers et récités quotidiennement, nous les récitons sans avoir conscience de ce que nous disons et à qui nous les disons. Nous avons oublié que le Christ les prie avec nous et en nous. Nous avons oublié qu’ils s’adressent à une personne, à Dieu qui nous a adoptés comme ses fils bien-aimés. Oui nous pouvons demander pardon au Père de ces récitations machinales et vides et lui demander humblement comme les disciples : « Maître, apprends-nous à prier » pour recevoir de lui et dire au Père le cœur plein d’amour filial, d’émerveillement et de reconnaissance la prière qui unit tous les disciples du Christ.

Une nouvelle formulation du 6e verset du Notre Père

Mais nous pourrions nous demander pourquoi un tel changement dans l’énoncé de la sixième demande du Notre Père. Si aucune traduction n’est parfaite, cette nouvelle formulation veut exprimer de manière plus précise et moins équivoque les mots transmis par le Seigneur.

Comme l’exprime l’apôtre Saint Jacques dans sa lettre :

« Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : ma tentation vient de Dieu. Dieu en effet être tenté de faire du mal et lui- même ne tente personne. Chacun est tenté non par Dieu mais par sa propre convoitise qui l’entraîne et le séduit ».

Il nous faut donc veiller pour ne pas vivre au gré de nos convoitises et nous ouvrir à la volonté du Père qui nous apprend à discerner le bien du mal et guide ceux qui se laissent conduire par son Esprit. Mais la tentation a un autre sens que nous rappelle le psaume 94 que l’Église chante tous les matins comme psaume invitatoire :

« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole, ne fermez pas votre cœur comme au désert, comme au jour de tentation et de défi, où vos pères m’ont tenté et provoqué et pourtant ils avaient vu mon exploit ».

Ne pas entrer en tentation, c’est ne pas tenter Dieu, c’est ne pas le mettre à l’épreuve. Cela peut nous arriver, confrontés à une épreuve d’être prompts à accuser Dieu de tous les maux. Nous alors mettons notre foi en jeu dans une sorte de chantage avec lui. Il nous arrive aussi d’exiger de Dieu des preuves de sa puissance et de le sommer d’intervenir sur le champ sans reconnaître les signes qu’il nous donne de sa présence et de son action.

Ne pas entrer en tentation, c’est ne pas contester Dieu lorsque l’épreuve arrive, ne pas l’accuser du mal dont il n’est jamais l’auteur, c’est ne pas refuser de croire mais garder humblement la confiance, en n’oubliant jamais qui est Dieu : ce Père plein d’amour qui ne veut que le bien pour ses enfants et qui en son Fils Jésus se donne à reconnaître.

Cela ne nous empêche pas de faire monter vers lui notre plainte, notre supplication, notre cri qui est le désir de la venue de celui qui vient nous sauver, un cri non pas contre Dieu mais un appel au secours pour hâter sa venue dans une confiance inébranlable que le Père n’abandonne jamais ses enfants.

Que la Vierge Marie nous donne sa disponibilité et son écoute pour avoir comme elle et avec elle la joie d’accueillir le Sauveur qui vie.

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