La présence du corps du défunt dans les funérailles, annonce de la résurrection
Le succès de la crémation aujourd’hui n’est pas sans lien avec une vision du corps et un discours ambiant qui tantôt l’exalte, tantôt le marginalise comme insignifiant. Or, la liturgie des funérailles va à l’encontre de ce courant. Le corps du défunt – ce corps dépouillé dans sa conscience et ses relations, qui va vers sa dégradation et son effacement comme forme humaine – dit la vulnérabilité et la finitude de l’existence. Cependant, la liturgie des funérailles se déploie tout entière autour de ce corps pour attester son poids de dignité, et c’est à partir de lui et à son propos qu’elle annonce l’espérance de la résurrection à venir.
Si la pratique de la crémation ne porte pas atteinte au mystère chrétien en lui-même, elle demande cependant aux pasteurs une évaluation spécifique dans les répercussions qu’elle peut avoir sur les représentations de la foi chrétienne. Il y a une réelle tension entre les rites funéraires dont l’Église entoure le corps du défunt et la crémation, dans la mesure où celle-ci est un acte volontaire et violent, accélérant le processus de destruction et d’effacement du corps. Ce qui ne doit d’ailleurs pas conduire à minimiser ces rites, au contraire, même s’ils sont suivis de la crémation. On trouvera ci-après une analyse du rituel des funérailles pour permettre d’en mesurer la portée théologique et anthropologique de la célébration prévue par ce rituel.
Le feuilletage qui suit est extrait d’un numéro de Documents Épiscopat paru en 2014. Ouvrage collectif, il a été publié sous la responsabilité de Mgr Bernard-Nicolas Aubertin sous le titre « Accueillir et accompagner la pratique de la crémation : Evaluations en cours et réflexions liturgiques ». La pastorale des funérailles est en effet confrontée à des évolutions sociales rapides. Comment l’Eglise se situe-t-elle dans ce nouveau paysage ? Comment tient-elle compte de cette nouvelle culture de la mort et des fins dernières pour y annoncer la Bonne Nouvelle du salut en Jésus, mort et ressuscité ? La réflexion ne cesse d’évoluer. Ce document de 2014 avait permis de faire un point d’étape et de fournir les éléments de base d’une réflexion qui se poursuit.