Les enjeux du concert spirituel

Partition 5Par le Service National de Pastorale Liturgique et Sacramentelle

 

Qu’est-ce qu’un concert spirituel ?

La définition du concert spirituel est subtile. Pour simplifier, on pourrait le définir comme une initiative artistique entreprise par des baptisés au nom de leur mission d’annoncer le Christ au plus grand nombre en accord avec l’ordinaire du lieu, et clairement démarquée d’une forme rituelle.

En effet, on prendra garde à ne pas entretenir de confusion avec une assemblée liturgique rituelle (liturgie de la Parole, liturgie des heures, lucernaire, etc.) à laquelle les participants sont constitués en assemblée chrétienne « participant activement ». En ce sens, même si la possibilité peut rester ouverte, on veillera à ne pas forcer la participation des « spectateurs » (prière publique, gestes, réponses…) en respectant leur démarche qui n’est pas a priori et au premier chef confessante.

Cependant, la principale différence formelle du concert spirituel par rapport à un concert « profane » de musique sacrée réside dans la mise en valeur de la Parole de Dieu, sa proclamation et son commentaire par diverses formes artistiques et principalement musicales.

Le dialogue avec la culture

Des sociologues pointent une « exculturation » du christianisme et les lacunes importantes de nos contemporains dans le domaine de la culture religieuse.

Indéniablement, le concert spirituel peut être un lieu important de dialogue avec la culture contemporaine. Ce dialogue n’est pas à concevoir comme une seule « muséification » du patrimoine pluriséculaire de la musique d’église mais le concert spirituel doit aussi pouvoir tisser des liens avec des créations contemporaines.

L’occupation des lieux affectés au culte

Dans quelques années, l’occupation des lieux affectés au culte dont l’entretien est pris en charge par la collectivité (Commune ou État) sera de plus en plus difficilement assurée par des ministres du culte pour une assemblée liturgique rituelle.

Aujourd’hui déjà, au regard de la faible occupation de certaines églises pour le culte (quelques dimanches par an), une pression s’exerce sur l’affectataire pour mettre à disposition l’édifice pour des manifestations culturelles. Bien qu’un texte officiel du SNPLS régisse la conduite et les critères qui permettent d’ouvrir une église pour un concert, la pression risque de s’amplifier, y compris de la part des pouvoirs publics. Le concert spirituel, dont l’initiative émane de l’affectataire, peut-être une réponse à cette pression. Si l’Église, dans sa responsabilité d’affectataire, a le droit et le devoir de s’opposer à des concerts profanes sans lien avec le caractère du lieu, elle doit, sur le plan culturel, proposer aussi des initiatives ; surtout, par exemple, quand l’édifice présente des qualités architecturales remarquables ou bien s’il abrite un orgue entretenu, voire construit grâce à des fonds publics.

Concert spirituel et évangélisation

Le concert spirituel n’est pas seulement un lieu de dialogue avec la culture sur le plan intellectuel, mais peut donner lieu à une véritable évangélisation de la culture. On sait combien le patrimoine de la musique sacrée est désormais déconnecté de son contexte spirituel et finalement de son sens. Nos contemporains sont sensibles aux expériences où l’affectivité, la sensibilité et l’émotion sont présentes.

L’art, et innombrables en sont les illustrations, est bien un langage au-delà du langage, à travers lequel une expérience chrétienne authentiquement spirituelle peut advenir. Le concert spirituel est sans doute un moyen de toucher des personnes étrangères à l’Église ou éloignées de la foi qui n’auraient pas d’autres occasions de recevoir la Parole de Dieu.

D’autre part, le concert spirituel peut aussi être fructueux sur ce plan pour les musiciens professionnels sollicités à cette occasion qui, bien souvent, à tort ou à raison, se sentent déconsidérés par l’Église.