La liturgie des Heures : un don de l’Église
La prière est au cœur de la vie chrétienne et beaucoup donne, chaque jour, un temps plus ou moins long à la prière. Mais de quoi parlons-nous lorsque nous employons l’expression la « Prière de l’Église » ?
Prière de l’Église
L’Église naissante, principalement issue du judaïsme, a continué de vivre aux rythmes des heures de la prière juive (cf. Ac 3, 1 ; 10, 9 ; 16, 25, etc.) en même temps qu’elle a commencé de vivre la nouveauté chrétienne à travers la fraction du pain. Dès l’origine la prière de l’Église rassemblée s’organise autour de ces deux axes – prières communes et fraction du pain – qui tous deux la maintiennent dans la présence du Christ qui se donne dans sa parole et dans son corps sacramentel.
La « prière de l’Église » est donc par essence la prière du corps ecclésial et non la prière qui se vit dans le secret de sa chambre. Aussi, la prière de l’Église trouve-t-elle sa plénitude lorsqu’elle est célébrée par le corps tout entier, ou tout au moins par la part du corps du Christ qui se rassemble dans telle ou telle église. Elle possède une dignité particulière parce qu’elle est « la prière du Christ que celui-ci, uni à son corps, présente au Père » (Constitution sur la liturgie, n° 84)
Un don
Autrement dit lorsque l’Église prie, elle est unie au Christ qui prie son Père. C’est pourquoi la communauté ecclésiale reçoit les mots de la prière comme un don que l’Église lui fait et dans lequel elle entre. Prière communautaire, prière du corps du Christ, elle est naturellement ouverte à plus grand et plus large que le priant lui-même. Il s’agit donc pour celui qui prie de se laisser saisir par les mots qu’il prononce et qui parfois le dépassent ou l’entraînent plus loin que son inclination personnelle tout simplement parce qu’il se découvre uni au Christ qui offre sa prière au Père. Dès lors le Christ élargit le cœur du priant aux dimensions de sa propre prière qui embrasse le monde – hier, aujourd’hui et demain – et le sauve dans le mystère de sa mort, de sa résurrection et de sa glorification.
Une richesse
La prière de l’Église égrenée au long du jour a reçu divers noms au cours de l’histoire de l’Église. Le dernier concile lui a donné le beau nom de « liturgie des Heures ». « Liturgie » indique de fait une action communautaire, « des heures » ramène au mouvement du temps dans lequel s’insère la vie humaine et plus particulièrement la vie chrétienne qui trouve dans le déroulement du temps le moyen de sa sanctification.
Puisqu’elle est « prière de l’Église », elle n’est pas réservée à quelques-uns dans l’Église – moines ou prêtres –, elle appartient à chacun de ses membres. Chaque baptisé reçoit en partage la règle de la prière sous ces deux modes complémentaires et indissociables : la fraction du pain et la prière commune.
Don et richesse, la liturgie des Heures est entre nos mains une force de vie spirituelle à découvrir, à vivre et à partager.