Décès du père Robert Taft, jésuite et liturgiste américain (1932-2018)

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Père Robert Taft, sj (1932-2018)

Robert Francis Taft, jésuite américain, archimandrite de l’Eglise ukrainienne grecque catholique, nous a quittés le 2 novembre dernier. Il est né en 1932 dans une famille de notables de Rhode Island – à l’époque de sa naissance, le président des Etats-Unis est son parent William Taft. Éduqué en Nouvelle-Angleterre, il entra chez les Jésuites en 1949. Très tôt il fut attiré par la liturgie orientale, et ordonné prêtre dans le rite byzantin qu’il étudia et célébra toute sa vie.

Son extraordinaire formation – le russe à Fordham University, la thèse à l’Institut pontifical Oriental de Rome (sur les rites d’offertoire dans la liturgie de Jean-Chrysostome), les langues orientales à Louvain, etc. – avait fait de lui un des liturgistes les mieux préparés de son temps. De 1975 à 2011, il vécut à Rome pour enseigner au Russicum la Liturgie orientale, le copte et l’arménien.

« J’écris sur la liturgie pour que les gens puissent la comprendre mieux, et la célébrer mieux » disait Taft, auteur d’une œuvre gigantesque qui compte quelque 840 publications. Son ouvrage le plus considérable est une Histoire de la liturgie de Saint-Jean-Chrysostome en six volumes publiée sur trente ans (1978-2008). Mais peut-être la contribution la plus originale de Taft restera-t-elle son ouvrage La liturgie des Heures en Orient et en Occident (1986), traduit en plusieurs langues, dans lequel il redonne à cette Liturgie des heures son rôle central comme activité permanente du corps ecclésial, priant avec le Christ-tête.

Il faudrait encore mentionner son action continue dans l’œcuménisme prié, vécu et pensé, ou son rôle d’expert pour la congrégation des églises orientales à laquelle il ne fournit pas moins de 90 rapports.
Cet immense professeur, au caractère fort, n’avait pas la langue de bois, et certaines de ses formules à l’emporte-pièce sont devenues célèbres. Taft disait : « L’idée que c’est la langue latine qui crée le mystère est le plus haut sommet de l’ânerie » ou encore : « Ce n’est pas le concile Vatican II qui a créé les abus liturgiques, mais la réaction à des siècles de rigidité dans la liturgie ».
Il est mort, de façon liturgiquement appropriée, le jour de la commémoration des fidèles défunts. Ces dernières années, il reconnaissait que les travaux académiques stationnaient un peu, et disait : « Maintenant que je suis vieux, je travaille moins vite parce que je prie davantage ».

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