Dimanche et diaconie
Par Serge Kerrien, Diacre et responsable de la PLS du diocèse de Saint-Brieuc. Il est aussi ancien directeur-adjoint du CNPL (aujourd’hui SNPLS)
L’Eucharistie, une fraternité à vivre
Faire mémoire du Christ, chaque dimanche, ne saurait se réduire au seul mémorial du repas pascal, sans prise en compte du lavement des pieds et de la recommandation du Seigneur : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous (Jn 13, 15) ». Dès les débuts de l’Église, les chrétiens ont vu dans l’Eucharistie une invitation au partage avec les plus pauvres, le lieu de l’ajustement de nos attitudes envers les pauvres. Les Pères de l’Église ont rappelé souvent avec vigueur le nécessaire ajustement de notre solidarité avec les pauvres, quelles que soient leurs pauvretés, à la solidarité dont Dieu fait preuve pour nous. Une assemblée fraternelle, l’écoute d’une même Parole, la récitation du Notre Père, le geste de paix, la communion au même pain sont autant de moments, de mots et des gestes qui construisent une vraie fraternité dont le Christ est la source ; ils nous rappellent ce devoir de solidarité concrète où les pauvres reçoivent aide et considération. Puisée à la table de l’Eucharistie, la charité du Christ rayonne dans et autour de la communauté. La vérité de nos eucharisties est à ce prix et le dimanche retrouverait ainsi une dimension prophétique annoncée par le lavement des pieds.
Le dimanche doit également donner aux fidèles l’occasion de se consacrer aux œuvres de miséricorde, de charité et d’apostolat.
– Dies Domini n° 61
Les acteurs du service de la charité
Mettre en relation directe dimanche et diaconie pourrait laisser croire que les diacres sont les seuls concernés par la dimension de solidarité de l’Eucharistie. Bien entendu, leur mission les conduit à porter une attention particulière à cet aspect de la vie de l’Église et leur présence à l’autel en est le signe visible. Mais ce sont tous les baptisés qui ont à prendre en compte le service des autres. Il s’agit pour chacun de se souvenir que le service des pauvres est constitutif de l’identité chrétienne, à l’image même du Christ serviteur. Dès lors, une question se pose : comment portons-nous concrètement le souci des malades, des personnes âgées ou seules, des immigrés, des pauvres que nous croisons dans la rue, mais aussi des enfants que l’on considère comme des trublions ? Quel temps leurs consacrons-nous ? Quelles visites vivons-nous réellement ? Quelles invitations osons-nous faire ?
Des communautés chrétienne en ont conscience et agissent le dimanche et, par extension, dans la semaine. Mais sans doute faut-il aller plus loin, nous demander non seulement ce que nous faisons pour les pauvres mais surtout ce que nous leur demandons de faire pour nous. La vraie charité est là. Demander au pauvre un service, c’est lui donner ce qui lui manque le plus : de la considération. De même que Dieu nous considère digne de sa Parole et de sa vie, nous avons à considérer le pauvre digne de nos attentions, de notre amitié, de notre besoin de lui pour être vraiment Corps du Christ.
Ainsi vécue, l’Eucharistie dominicale fait du dimanche le jour par excellence de la diaconie. Le Christ ressuscité nous appelle à une conversion de nos cœurs, de nos actes. En l’ouvrant à la dimension du service, nous en faisons un jour prophétique : celui de la venue du Royaume où la Bonne Nouvelle est portée aux pauvres.
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