La mort éprouvée, accompagnée, célébrée : parlons-en !

14 mars 2018 : Messe de funérailles d’une soeur Salésienne de Marie Immaculée. Egl. Saint Jean Baptiste de Belleville. Paris (75), France.

Oser parler de la mort, oser poser des mots sur des peurs, des doutes et des interrogations qui habitent chacun d’entre nous, c’est ouvrir une voie vers une meilleure compréhension et acceptation de cette étape essentielle de la vie. Retour sur une expérience vécue un soir de mars 2024 à la cathédrale Notre-Dame de Créteil.

Un soir de mars 2024, alors que le temps de Carême invitait à la réflexion et au recueillement, la cathédrale Notre-Dame de Créteil a été le cadre d’une soirée-conférence consacrée à un sujet universel : la mort. Organisée par l’équipe de la pastorale des funérailles du diocèse de Créteil, avec le soutien de divers services diocésains, cette rencontre avait pour thème : « La mort éprouvée, accompagnée, célébrée : parlons-en ! ». Retour sur cette expérience.

Une cathédrale animée par le dialogue et la réflexion

Dans une ambiance accueillante, la soirée a débuté avec un temps d’échange informel avant que la cathédrale ne se remplisse peu à peu d’un public varié, composé de jeunes et de moins jeunes, venus partager un moment de réflexion et d’écoute.

La mort reste un sujet tabou et source d’inquiétude dans notre société, souvent marquée par une approche technologique et médicalisée qui la rend plus privée. Cette privatisation modifie profondément les rites funéraires et le vécu collectif du deuil, en réduisant les espaces de partage et de soutien communautaire. Elle tend à individualiser la mort, éloignant les familles et les proches d’une expérience autrefois marquée par une forte dimension sociale et rituelle. Le rapport à la fin de vie s’en trouve bouleversé, y compris dans la manière dont elle est perçue et accompagnée au sein de l’Église.

Face à cette évolution, il est essentiel de réfléchir aux implications de la mort dans nos vies, tant sur le plan personnel que collectif. La soirée a ainsi visé à briser le silence en abordant trois dimensions fondamentales :

  • La mort éprouvée : les peurs et souffrances liées à la fin de vie, la perte d’un proche et les questionnements personnels autour de sa propre mortalité.
  • La mort accompagnée : le rôle essentiel des familles, des amis, des professionnels de santé, et des équipes pastorales dans l’accompagnement des mourants et des endeuillés.
  • La mort célébrée : les rites funéraires, religieux ou laïques, les hommages et le rôle de la mémoire dans le processus de deuil, ainsi que les ressources offertes par la foi chrétienne.

Des intervenants de qualité pour une réflexion croisée

Pour explorer ces thématiques, trois intervenants de renom ont apporté leur expertise :

  • Agata Zielinski, philosophe et sœur Xavière, a abordé la question de la mort dans une perspective philosophique et humaine. Elle a exploré la manière dont la mort interroge notre rapport à l’altérité et à notre propre finitude. En soulignant l’importance du langage et du récit dans l’expérience du deuil, elle a invité à une réflexion sur la parole et l’écoute comme moyens d’accompagner la souffrance et de donner du sens à la perte. Son intervention a permis de mettre en lumière la dimension existentielle et relationnelle de la mort, au-delà des seules considérations individuelles.
  • Thierry Bustros, psychanalyste et prêtre du diocèse de Créteil, a exploré les enjeux psychologiques et spirituels liés à la fin de vie. Il a souligné l’ambivalence qui existe face à la mort : entre peur de la mort et peur de mourir, deux attitudes distinctes qui façonnent notre rapport à l’existence. À travers son expérience clinique, il a mis en lumière les différents chemins que chacun emprunte face à l’inéluctable : celui de la vérité, de la liberté, de la souffrance, de la colère, de la solitude ou encore de l’humour et de la clarification de sa vie. Il a insisté sur l’importance d’accueillir ces cheminements avec bienveillance et sans jugement, permettant ainsi aux mourants et à leurs proches de traverser cette épreuve avec davantage de sérénité.
  • Bénédicte Mariolle, théologienne et Petite Sœur des Pauvres, a partagé son expérience de l’accompagnement des mourants et des personnes endeuillées. Elle a souligné combien la résurrection du Christ transforme notre rapport à la mort. En s’appuyant sur la tradition liturgique et théologique, elle a rappelé que les funérailles chrétiennes ne sont pas simplement une commémoration, mais un passage vers la lumière de la résurrection. Elle a insisté sur l’importance de la communion des saints, qui unit les vivants et les défunts dans une même espérance.
Ces interventions ont été enrichies par les échanges avec Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, qui a partagé une vision pastorale et spirituelle de l’accompagnement de la mort et du deuil. Il a notamment insisté sur l’importance des rites comme moyen de relier les vivants et les défunts, ainsi que sur le rôle de la communauté ecclésiale pour soutenir les familles dans l’épreuve. Ses propos ont offert un ancrage profondément humain et spirituel, rappelant que la foi chrétienne peut transformer le regard porté sur la mort. Comme il l’a souligné, « une soirée où tout le monde s’en trouve élevé ».
Briser le silence, apprivoiser la finitude

Cet événement a permis de poser des mots sur des peurs, des doutes et des interrogations qui habitent chacun d’entre nous. Oser parler de la mort, c’est ouvrir une voie vers une meilleure compréhension et acceptation de cette étape essentielle de la vie.

Que cette soirée soit une invitation pour toutes nos communautés à aborder la mort sans crainte, mais avec respect, solidarité et foi. En poursuivant ce dialogue, nous pouvons organiser des groupes de parole, renforcer l’accompagnement pastoral et réfléchir aux moyens de rendre les rites plus accessibles et significatifs pour chacun.

Pour plus d’informations sur la pastorale des funérailles, retrouvez-nous sur notre site officiel : Les funérailles | Liturgie & Sacrements ou contactez votre équipe diocésaine locale.

L’équipe nationale des funérailles à partir d’un texte de Manuela