Les psaumes, un chemin de vie entre cri et louange
Répartis sur quatre semaines, les psaumes constituent le cœur de la prière de l’Église. Ils en sont la grande richesse mais aussi la limite car ils peuvent apparaître comme des textes difficiles, en raison d’un vocabulaire jugé désuet. Cependant si leur compagnonnage apparaît austère au début, il se révèle avec le temps un véritable enracinement pour la prière des Heures et la prière personnelle. Cela requiert seulement de se laisser saisir par l’étrangeté de leurs mots qui traduisent, parfois de façon rude, la relation des hommes entre eux, avec leur Dieu, avec eux-mêmes. Les psaumes expriment les divers sentiments qui façonnent l’existence de l’homme.
Un psaume est un cri, une voix qui appelle, murmure, invoque, un corps qui se fait parole sous le poids de l’épreuve :
« Vite réponds-moi, Seigneur :
Je suis à bout de souffle ! »
Psaume 142, 7[1]
Souvent le suppliant prend visage de malade : son corps, ses os sont brisés (Psaume 101, 4), sa langue colle à son palais (Psaume 21, 16). Seul, isolé, l’homme perçoit sa souffrance comme un éloignement de Dieu, un Dieu sourd, silencieux. Est-ce si loin des situations contemporaines ? Les ennemis, sont-ils absents de l’existence ? Qui ne connait un jour, l’exclusion, la solitude, la maladie ? Le silence apparent de Dieu est-il plus supportable aujourd’hui ?
Supplication ardente, les psaumes décrivent la souffrance, expriment le cri contre l’ennemi, la plainte contre Dieu. Et les questions du psalmiste peuvent résonner comme celles de tout un chacun : « Jusqu’à quand ? », « Pourquoi ? » Ultimement, ils sont le cri de celui qui implore Dieu face à la mort, au péché qui conduit à la mort :
« Les liens de la mort m’entouraient,
le torrent fatal m’épouvantait,
des liens infernaux m’étreignaient,
j’étais pris aux pièges de la mort. »
Psaume 17, 5-6[2]
La plainte n’est pas l’unique voix des psaumes. La louange est le commencement et la fin de toute prière. Elle s’enracine dans l’expérience de l’homme. C’est ainsi que l’homme peut acclamer, bénir, adorer son Seigneur, que des versets de louange peuvent commencer et terminer des psaumes de supplication :
« Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé,
tu m’épargnes le rire de l’ennemi.
Psaume 29, 2-5[3]
Les psaumes sont l’expression de ce qui habite le cœur de l’homme. Ils sont un chemin de vérité devant Dieu. Si l’homme peut s’autocensurer au nom même de sa fidélité envers Dieu, ou par pudeur, les psaumes eux, lui offrent une vérité de langage qui libère sa parole face aux combats car ils donnent voix à la violence, à la haine, à l’inavouable qui sont en chacun et qui n’empêchent pas l’amour de Dieu. Loin de condamner l’homme, les psaumes le libèrent de cette violence en lui faisant percevoir l’amour dont le Seigneur est capable.
Article extrait de la revue Célébrer n°313
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[1] Office de laudes, jeudi, semaine IV, PTP, p. 1063.
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