Le dimanche, jour du Seigneur

9 mars 2017 : Célébration de la messe, lors de la journée de rencontre nationale autour du synode sur "Les jeunes, la foi et le discernement des vocations". Eglise Saint Honoré d'Eylau, Paris (75), France.

9 mars 2017 : Célébration de la messe, lors de la journée de rencontre nationale autour du synode sur « Les jeunes, la foi et le discernement des vocations ». Eglise Saint Honoré d’Eylau, Paris (75), France.

Par Serge Kerrien, diacre du diocèse de Saint-Brieuc-Tréguier, ancien directeur-adjoint du CNPL (aujourd’hui SNPLS), et désormais conseiller pastoral du SNPLS.

« Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20). Cette promesse du Christ continue à être entendue dans l’Eglise qui y trouve le secret fécond de sa vie et la source de son espérance. Si le dimanche est le jour de la Résurrection, il n’est pas seulement le souvenir d’un événement du passé : il est la célébration de la présence vivante du Ressuscité au milieu des siens (Dies Domini, 31).

Jour du Christ ressuscité

Depuis les débuts de l’Eglise, le dimanche est, pour les chrétiens, le jour mémorial de la Résurrection qu’ils célèbrent dans la foi. Que la Tradition le nomme premier jour de la semaine, jour du Seigneur, huitième jour ou jour de la Résurrection, le dimanche est le jour où l’Eglise, dès ses débuts, fait mémoire du mystère pascal du Christ mort, ressuscité et dont elle attend la venue dans la gloire. Le Christ ressuscité lui-même, dans les apparitions à ses apôtres, leur apprend ce jour comme étant « son jour » (Jn 20, 19 ; Jn 20, 26). Et les Actes des Apôtres témoignent que les premiers chrétiens se réunissaient le dimanche soir pour célébrer l’eucharistie (Ac 20, 7).

L’Eglise a d’emblée saisi qu’elle devait se rassembler le dimanche parce que le Seigneur Jésus vient au milieu d’elle, qu’il célèbre avec elle sa Passion et sa Résurrection et qu’il met le chrétien en désir de sa venue dans la gloire. C’est ce que rappelle Sacrosanctum concilium (SC) n° 102 :

Elle (l’Eglise) déploie tout le mystère du Christ pendant le cycle de l’année, de l’incarnation et de la Nativité jusqu’à l’Ascension, jusqu’au jour de la Pentecôte et jusqu’à l’attente de la bienheureuse espérance et de l’avènement du Seigneur.

Et chaque dimanche, la liturgie fait communier le chrétien au mystère du Christ.

Une liturgie christocentrée

« Toute célébration liturgique, en tant qu’œuvre du Christ prêtre et de son Corps qui est l’Eglise, est l’action sacrée par excellence. » (SC 7)

Dire cela, c’est affirmer que le Christ est le principal acteur de la liturgie, « exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ » (SC7). Toute liturgie, et plus particulièrement la liturgie dominicale, est participation de l’Eglise à l’œuvre du Christ présent et agissant dans l’assemblée, dans le prêtre qui préside, dans la Parole proclamée et l’homélie qui la commente, dans le signe sacramentel donné, présence réelle et mystérieuse.

En déclinant les différentes modalités de la présence du Christ dans la liturgie, l’Eglise rappelle que la liturgie est chrétienne en tant qu’elle est polarisée sur la personne du Christ. C’est lui qui est au cœur de la liturgie dominicale. Et la liturgie rappelle au monde qu’il a besoin d’un Sauveur, le Christ, que son horizon est eschatologique puisqu’elle annonce celui qui vient dans la gloire, le Christ.

Des conséquences

Définir le dimanche et sa liturgie comme christocentrée entraîne quelques conséquences. Si la liturgie est l’action du Christ, elle n’appartient à personne. Elle est ce don que le Christ fait à son peuple pour qu’il le rencontre en son mémorial. Tout acteur de la liturgie se doit de favoriser la rencontre du Christ et de son Corps qu’est l’Eglise rassemblée. Il se doit de s’oublier lui-même pour que le Christ paraisse et agisse.

Se pose dès lors la question des dimanches à thème. La foi chrétienne est une foi incarnée qui prend en compte la vie des hommes dans la célébration du dimanche. Mais si le dimanche est le jour du Christ, c’est Lui que nous célébrons, et non des valeurs, des actions de solidarité, des moyens d’évangélisation, si légitimes soient-ils. Si nos actions ne plongent pas leurs racines dans le Christ lui-même, elles se transforment vite en un humanisme respectable mais qui n’est plus annonce du Christ, source de la vie chrétienne qui invite à la conversion des cœurs et des pratiques.

Enfin, si le dimanche est le jour du Christ en son mémorial pascal, il convient de ne pas oublier le service des pauvres par fidélité à la recommandation du Christ lui-même. Le jour du Christ ne serait pas totalement jour du Christ sans la prise en compte d’un monde à transformer par un Amour célébré. Les Pères de l’Eglise n’ont eu de cesse de la rappeler dans leurs homélies ; Jean-Paul II écrivait dans son encyclique Ecclesia de eucharistia, au n° 20 :

Proclamer la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Co 11, 26) implique, pour ceux qui participent à l’eucharistie, l’engagement de transformer la vie.

Le dimanche est bien jour du Christ qui donne sa vie, se fait nourriture et sert le pauvre pour qu’à son tour le chrétien soit Parole, pain et serviteur pour le monde.

Cet article a été extrait de la revue Célébrer n°393

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