Baptême des petits enfants et foi des parents

16 mars 2014 : Onction avec le Saint Chrème, lors du baptême de Rose, égl. Saint-Denys-du-Saint-Sacrement. Paris (75), France. 

Par Louis-Marie Chauvet, Curé de paroisse dans le diocèse de Pontoise et professeur émérite à l’Institut catholique de Paris.

La question de la foi des parents qui demandent le baptême de leurs enfants n’est pas nouvelle : saint Augustin y avait déjà fait allusion, comme on le verra. Pourtant, elle a pris, depuis quelques décennies, une acuité particulière en raison de l’évolution culturelle : dans une société que d’aucuns nomment « postchrétienne » et au sein de laquelle le fait de se dire chrétien ne va plus de soi, les agents pastoraux, prêtres et laïcs, supportent mal que de nombreux parents demandent à l’Église des rites sacramentels davantage pour des raisons de « tradition » qu’au nom d’une foi quelque peu conséquente.

Ce malaise pastoral, bien compréhensible, a débouché, dans les années 60-80, sur des stratégies baptismales diverses dont les effets n’ont pas toujours correspondu aux attentes et qui ont entraîné des débats parfois durs. Cette période de turbulence semble aujourd’hui en voie d’apaisement : ayant tiré des leçons des expériences précédentes, sans doute inévitables dans la conjoncture historique des trois dernières décennies, les pasteurs semblent plus sereins, sans être devenus laxistes pour autant. En tout cas, le Document Épiscopat de juin 1994, élaboré par la Commission épiscopale de liturgie et de pastorale sacramentelle à la demande du Conseil permanent de l’épiscopat, reflète bien cet état d’esprit, assez nouveau par rapport à la période précédente.

Tout n’est pas résolu pour autant. Le malaise pastoral demeure, lancinant. Il devient même particulièrement préoccupant lorsqu’il se redouble sur le plan théologique. C’est le cas, chez un certain nombre de prêtres et de laïcs qui ont le sentiment de faire dire un mensonge aux parents lorsqu’ils leur demandent de répondre « je crois » aux questions relatives à la foi trinitaire de l’Église. Pour cette raison, certains d’entre eux se satisfont des expressions « personnelles » (?) de foi que fournissent les parents au cours de la célébration. Ce problème est grave, il l’est sur le plan théologique : les enfants pourraient-ils être baptisés autrement que dans la foi trinitaire de l’Église ?

Il l’est tout autant sur le plan pastoral : comment « accueillir avec joie » dans la communauté chrétienne des enfants à baptiser dans ces conditions (Rituel francophone, n° 75) ? Comment faire du bon travail pastoral dans cet état d’esprit ? C’est ce malaise pastoral que l’on voudrait contribuer à dissiper en élucidant la question suivante, formulée de manière assez peu élégante, mais telle qu’on l’a entendue à plusieurs reprises : « Qu’est-ce que l’Église demande comme foi aux parents qui font baptiser leurs enfants ? »

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    Comment recevons-nous la démarche des parents qui demandent le baptême pour leur petit enfant ? Il y a la joie d’accueillir de nouveaux visages, souvent jeunes et ouverts, mais il y a aussi l’inquiétude : « Ils ne savent plus rien… Ont-ils seulement conscience de ce qu’ils font ? » On relève même du découragement : « Faudra-t-il encore longtemps entretenir un rite social vidé de la foi en Jésus-Christ ? »

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  • Baptiser les bébés sans attendre ?

    Voilà une chose qui n’est pas vraiment dans l’air du temps ! Une nouveauté ? Pas vraiment car le Rituel du baptême des petits enfants1 (n° 37) souligne que : « Dès les premiers siècles, l’Église, à qui fut confiée la mission d’évangéliser et
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