Le vocabulaire du mobilier liturgique
Par le père Norbert Hennique, ancien directeur du département Art sacré
Quelques définitions importantes du mobilier liturgique : banc d’œuvre, cathèdre, chaire, chasublier, crédence, retable, stalles.
Banc d’œuvre
Caractérisé par sa taille et son décor, le banc d’œuvre était habituellement placé en face de la chaire, dans la nef de l’église. Ce siège était destiné aux membres du Conseil de fabrique ou aux personnes notables d’une paroisse.
Cathèdre
Le mot « cathèdre » vient du grec καθέδρα, kathedra qui signifie « siège ».
La cathèdre est le siège destiné à l’évêque, le fauteuil à partir duquel l’évêque préside l’assemblée liturgique. Elle est le signe de son ministère épiscopal, symbole de son autorité, de son enseignement et de sa juridiction.
De la cathèdre, l’évêque préside les célébrations liturgiques.
Le terme apparaît dans la littérature patristique sous la forme « Apostolorum cathedrae », indiquant que ce siège est directement issu de la chaire des apôtres.
Une église dans laquelle se trouve la cathèdre de l’évêque prend le titre de cathédrale, « ecclesia cathedralis ».
Dans les églises anciennes, la cathèdre était placée dans l’axe de l’édifice, au fond de l’abside.
L’expression « ex cathedra », « depuis la chaire », désigne originellement un enseignement du Pape, évêque de Rome, qui fait autorité.
Chaire
La chaire désigne le lieu d’où le prédicateur s’adresse à l’assemblée pour prononcer l’homélie, jadis appelé le sermon. A une époque dépourvue de sonorisation, ce lieu permettait au prédicateur d’être entendue et vue de l’assemblée. Son emplacement était habituellement situé au milieu la nef, souvent le long d’un pilier.
La chaire est traditionnellement placée du côté où l’évangile était lu dans le rite de saint Pie V, à gauche de la nef ou au nord si l’église est orientée ; certaines chaires ont été placées à l’extérieur de l’église comme à l’église de Saint Lô dans la Manche.
A l’époque baroque, au moment de la Contre-réforme, les chaires deviennent de véritables chefs d’œuvre de sculptures et d’ornementation (évangélistes, apôtres…) destinées à impressionner l’auditoire.
Elles sont habituellement surmontées, sur l’abat-voix, d’anges, de trompettes, d’instruments, etc…
La colombe du Saint-Esprit est souvent représentée pour symboliser l’inspiration divine du sermon et la place de l’Esprit-Saint dans la mission de l’Église.
Chasublier
Meuble de sacristie à larges et profonds tiroirs servant à ranger certains ornements, à plat, de manière à éviter les faux-plis et à préserver les fils d’or de toute coupure. Les tiroirs, de taille parfois imposante, tournent autour d’un axe.
Appelé également « chapier », il comporte des tiroirs semi-circulaires tournant sur pivot et servant, depuis le 17e siècle, à renfermer les chapes.
Crédence
Tablette ou table, le plus souvent d’applique, dans les édifices anciens, placée près d’un autel ou dans le sanctuaire et sur laquelle on dépose la patène, le calice, le ciboire, les burettes et son plateau, le manipule, le manuterge, le corporal, le purificatoire ainsi que divers autres objets servant à la célébration de l’eucharistie.
Retable
À l’origine, le retable est un simple meuble de bois ou de pierre placé derrière l’autel, dont la fonction semble utilitaire (gradins destinés à recevoir des objets liturgiques).
Les retables se développent à partir du Moyen âge en ayant plutôt une dimension décorative liée à la fonction religieuse. Leur iconographie évoque la vie du Christ de la Vierge et des Saints, mais c’est au XVIIe et XVIIIe siècle que le retable prend de l’importance, il devient une véritable œuvre d’art.
Il est fréquent qu’un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque. Le retable devient, au Moyen Âge, un véritable écran de pierre, de bois sculpté ou de matières précieuses, or, argent, émail.
L’un des plus célèbres retables est ce magnifique et monumental polyptyque situé aujourd’hui à Colmar, au musée d’Unterlinden. Il est l’œuvre de deux grands maîtres allemands du gothique tardif : le peintre Matthias Grünewald, dont il constitue incontestablement le chef-d’œuvre, pour les panneaux peints (1512-1516) et Niklaus von Hagenau pour la partie sculptée (autour de 1490).
Le retable est constitué d’un ensemble de plusieurs panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale composée de sculptures.
Le retable d’Issenheim comporte des scènes d’une intensité dramatique peu commune, et tout à fait exceptionnelle pour son époque.
Stalles
Les stalles sont les rangées de sièges en bois se trouvant des deux côtés du chœur d’une cathédrale, d’une collégiale, d’un monastère ou d’une église. Elles sont destinées au clergé qui est ainsi constitué en deux groupes se faisant face, principalement pour la célébration de la Liturgie des heures (Office divin).
Dans les cathédrales, les stalles du haut sont réservées aux chanoines et celles du bas aux bénéficiers (personne jouissant d’un titre ecclésiastique).
Les stalles forment un même ensemble. Elles sont liées les unes aux autres et alignées le long des murs ou entre les piliers du chœur et habituellement surmontées soit par un haut dossier (dais), soit par un baldaquin. Certaines sont de véritables chefs d’œuvre de sculpture.
Chaque place est séparée des sièges voisins par des parecloses surmontées par des accoudoirs.
Les stalles ont la caractéristique d’être composées de sièges amovibles et rabattables qui permettent soit de s’asseoir, soit de se tenir debout avec la possibilité de s’appuyer sur une « miséricorde » parfois appelée « patience ». Ces miséricordes apparues au XI° siècle sont ornées de sujets variés, d’une grande diversité, voire fantaisistes…
Une ou deux stalles sont plus richement ornées, celle réservée à l’abbé dans une abbatiale, à l’évêque dans une cathédrale ou au doyen du Chapitre.
Parfois, la console d’un orgue de chœur est insérée dans les stalles.
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