La conservation des objets liturgiques : l’exemple du Conservatoire diocésain d’Art sacré de Périgueux
A l’initiative de quelques acteurs diocésains et grâce au legs généreux d’un ecclésiastique périgourdin, le diocèse de Périgueux et Sarlat a pu, il y a quelques années, se doter d’un conservatoire d’Art sacré à la suite de tout un process allant de la réflexion à la mise en œuvre. L’histoire de la mise en place de ce conservatoire – et non d’un musée, car ce lieu n’est volontairement pas destiné à recevoir du public[1] – intéressera toute personne sensible à la conservation des objets liturgiques.
[1] Créer un musée aurait supposé des impératifs de surface et de sécurité non compatibles avec les conditions dont le diocèse disposait. Cependant, des liens avec les administrations, les musées et l’université ont été établis de sorte que les objets conservés, répertoriés et identifiés, permettent la communication, les échanges et l’ouverture à toute personne concernée.
C’est en juin 2016 qu’a été inauguré à Périgueux ce Conservatoire diocésain d’Art sacré, à l’occasion d’un colloque sur « Le devenir du Sacré dans notre société ». Mais cette inauguration est l’aboutissement d’un long processus riche d’enseignement.
Le point de départ de cette réalisation est une réflexion menée localement, au sein de la Commission diocésaine d’Art sacré (CDAS), même s’il ne s’agit pas d’une réflexion propre au Périgord. Les nombreux objets à usage liturgique présents dans nos églises, et notamment dans les petits édifices de nos campagnes, se trouvent dans des conditions de conservation souvent défectueuses, ce qui pose la question de leur sauvegarde. S’y ajoutent les risques de vols, qui ne sont malheureusement pas rares. Sans compter qu’il faut même parfois les préserver des décisions de mise au rebut !
D’autre part, depuis quelques années, les travaux de restauration de ces églises ont entraîné des déplacements d’objets et trop souvent, à cette occasion, des disparitions… Relevons également le risque majeur de perte d’information concernant ces objets liturgiques eux-mêmes : leur origine, leur histoire et parfois même leur usage… Le dépôt d’objets dans un lieu étranger à son lieu d’origine le déconnecte souvent de son rôle, de sa raison d’être, de sa vie ! Par ailleurs, de nombreux responsables ou propriétaires d’objets d’art sacré s’inquiètent de la sauvegarde et de la conservation des objets qu’ils détiennent. Tous ces avatars et questionnements ont conduit certains responsables diocésains à réfléchir aux réponses à apporter pour tenter une préservation des objets cultuels anciens comme contemporains.
Si la réponse fut la mise en place d’un lieu dédié à la conservation des objets liturgiques, sa raison d’être apparaît comme multiple. C’est d’abord la nécessaire préservation de la mémoire d’une histoire de notre société ; c’est aussi la sauvegarde des modes de vie qui ont prévalu dans les siècles qui nous ont précédé ; c’est enfin la sauvegarde d’objets à usages liturgique ou dévotionnel qui ont eu un rôle, souvent majeur, dans des temps plus anciens. En ce sens, l’objet est un moyen de connaissance de notre société et de son histoire ; il en est aussi un témoin.
La création d’un conservatoire est alors le moment où l’objet prend une allure de sujet, et cela est d’autant plus marquant et conséquent qu’il s’agit d’objets qui ont – ou qui ont eu – une valeur sacrée dans leur trajectoire… Parce que dans la vie quotidienne l’objet est familier à son utilisateur, il n’y a pas lieu d’en expliquer ni l’origine, ni le mode d’utilisation. Que survienne une phase de mise en attente, voire de rebut, et l’objet risque alors de passer entre des mains étrangères qui n’auront plus les connaissances élémentaires concernant son usage et sa raison d’être. Il devient de ce fait, un objet inutile, avec des pertes de sens en matière d’histoire de notre société.
La raison d’être de ce conservatoire peut alors se résumer en trois propositions :
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