La célébration eucharistique et les objets du mystère

2 juin 2018 : Objets liturgiques posés sur l'autel, lors de la célébration de l'eucharistie : calice, coupelles contenant les hosties, missel d'autel et crucifix. Paroisse Saint Jean Baptiste de Belleville à Paris (75), France.

2 juin 2018 : Objets liturgiques posés sur l’autel, lors de la célébration de l’eucharistie : calice, coupelles contenant les hosties, missel d’autel et crucifix. Paroisse Saint Jean Baptiste de Belleville à Paris (75), France.

Par Arnaud Toury, Prêtre, délégué PLS du diocèse de Reims

Le chapitre VI de la Présentation Générale du Missel Romain traite de ce qui est requis pour la célébration de la Messe : le pain et le vin, le mobilier liturgique, les vases sacrés, les vêtements liturgiques et les autres objets. Il ne se présente pas comme un catalogue exhaustif, mais vise à préciser (ou repréciser) un certains nombres de points d’attention dans la confection et l’entretien de tous ces éléments employés pour l’Eucharistie.

La matière de la célébration eucharistique

« Fidèle à l’exemple du Christ, l’Église a toujours employé le pain et le vin avec l’eau pour célébrer le banquet du Seigneur » (n° 319). La PGMR invite à établir cette fidélité par une certaine conformité du pain et du vin destinés à la liturgie eucharistique : la composition du pain (n° 320), son aspect alimentaire (n° 321), la composition du vin (n° 322) et leur conservation (n° 323). L’enjeu n’est pas une reproduction à l’identique (rendue impossible par la distance historico-culturelle) du pain et du vin qu’a pu employés le Christ. Mais il s’agit tout de même de demeurer au plus près de son intention et de ses volontés. Le critère fondamental est celui de la capacité à signifier le dernier repas du Seigneur :

« la vérité du signe demande que la matière de la célébration eucharistique apparaisse vraiment comme une nourriture. Il convient donc que le pain eucharistique […] soit tel que le prêtre […] puisse vraiment rompre l’hostie en plusieurs morceaux et les distribuer au moins à quelques fidèles. […] Le geste de la fraction du pain […] manifestera plus clairement la valeur et l’importance du signe de l’unité de tous en un seul pain et du signe de la charité, du fait qu’un seul pain est partagé entre les frères » (n° 321).

Il y a ainsi comme une chaîne signifiante à respecter de la matière à la nourriture, et de la nourriture au sacrement, signe et moyen du mystère.

Les vases sacrés

Au soin apporté au pain et au vin destinés à devenir le corps et le sang du Seigneur, correspond par suite le soin accordé aux différents récipients employés pour la célébration eucharistique et pour la conservation du Saint-Sacrement : en premier lieu, le calice et la patène (n° 327), mais aussi le ciboire, la custode ou l’ostensoir (n° 329). Les critères à mettre en œuvre pour la confection des vases sacrés sont : la noblesse, la dignité et l’incorruptibilité des matériaux utilisés (nn. 328-329), leur solidité (nn. 329-330), la non-porosité pour la coupe du calice (n° 330), la convenance de leurs formes à l’usage liturgique (nn. 331-332). L’enjeu, ici, est la distinction d’avec d’autres récipients usuels et la mise en valeur des espèces eucharistiques : l’emploi de métal noble comme l’or, ou au moins de la dorure (n° 328), de l’ébène ou d’autres bois durs (n° 329) vise bien l’ostension du mystère, et l’honneur rendu au Seigneur, présent et agissant. De ce haut respect manifesté envers les espèces eucharistiques découlent également les précautions concernant la purification de la patène et du calice et l’usage des linges sacrés (nn. 278-280 et 334).

Les vêtements liturgiques et autres objets

De la même façon que l’on distingue les vases sacrés des autres formes de vaisselles, les vêtements liturgiques sont en rupture avec les vêtements de la vie courante. A cette fin, il est prévu qu’ils soient bénis avant d’être portés (n° 335). Ces vêtements marquent l’altérité et la diversité des ministères liturgiques au sein du peuple de Dieu. Au-dessus de l’aube
(n° 336), qui évoque le vêtement baptismal, le prêtre célébrant porte l’étole et la chasuble, qui est le vêtement spécifique pour la célébration de l’eucharistie (n° 337) ; le diacre porte l’étole oblique et, selon les cas, la dalmatique (n° 338). Comme pour les vases sacrés, la confection des vêtements liturgiques implique beauté et noblesse, mais sans ostentation (nn. 343 et 345). Les couleurs propres aux temps liturgiques, la diversité des matériaux et vêtements doivent avant tout contribuer à la beauté de l’action liturgique et non à une recherche de faste.

D’autres objets employés à l’église concourent également à la dignité de la célébration : l’évangéliaire (n° 117) ainsi que le lectionnaire (n° 349) qui sont l’objet d’une vénération particulière ; la croix présente à proximité de l’autel ou la croix de procession (nn. 308 et 350) ; et plus généralement tous les objets employés à l’autel (nn.117 et 350).

La noblesse, la beauté, la qualité artistique et la propreté (n° 351) de tous les éléments usités pour la célébration eucharistique visent la manifestation du mystère, dans son caractère proprement extra- ordinaire et extra- temporel :

« dans la liturgie terrestre nous participons, en y goûtant par avance, à cette liturgie céleste qui est célébrée dans la sainte cité de Jérusalem vers laquelle nous tendons dans notre pèlerinage, et où le Christ est assis à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et de la vraie tente » (SC n° 8).

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