« Mais délivre-nous du mal », un regard de Mgr Leborgne
Par Monseigneur Olivier Leborgne, Évêque d’Amiens, Président du Commission épiscopale pour la catéchèse et le catéchuménat
Ces quelques lignes sont extraites du commentaire du dernier verset du Notre Père paru dans l’ouvrage La prière du Notre Père. Un regard renouvelé aux éditions Bayard, Cerf et Mame en novembre 2017.
« Le mal veut nous faire douter de notre identité fondamental – créées à l’image de Dieu – et de notre vocation filiale. Il veut nous faire douter du don de Dieu et nous vider de notre être. « Depuis le commencement, il a été un meurtrier » (Jean 8, 44) dira encore de lui Jésus. Délivre-nous du mal : délivre-nous du repliement et de l’enfermement sur nous-mêmes qui conduit à la mort, délivre-nous de notre refus de nous laisser aimer, délivre-nous de croire que nous serions à nous-mêmes notre propre source, ce qui ne peut qu’engendrer violence et désespoir, délivre-nous de croire que tu ne serais pas Père toi qui es « notre Père », et qui ne désires que notre vie et notre salut.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé [Jean 3, 16-17].
Si nous te perdons, nous nous perdons nous-mêmes. Or tu veux qu’aucun d’entre nous ne se perde.
Dans une étude sur cette demande du Notre Père, le pasteur Fleinert-Jensen conclut
J’incline à considérer la septième demande comme le j ‘incline à considérer la septième demande comme le point d’orgue du Notre Père qui nous donne le temps de dire à peu près ceci : délivre-
nous de ce qui empêche que ton nom soit sanctifié, qui retient l’avènement de ton règne, qui s’oppose à ta volté, qui fait dépérir notre vie, qui ronge notre cœur, qui nous trompe sur toi1.
La prière du Notre Père. Un regard renouvelé, p.93-95
« Délivre-nous du mal », expression d’une formidable espérance
« La liturgie chrétienne compote un certain nombre de prières d’exorcismes ou de délivrance. Dans le temps du catéchuménat des adultes (premiers exorcismes et scrutins) comme dans la célébration du baptême des enfants, l’Église demande, pour celui ou celle qui se présente au baptême, la force du Seigneur pour résister au péché, à Satan et à toute forme de mal2. Cette prière est réaliste. La vie avec le Christ, en qui nous devenons fils et filles du Père, demande du courage. La vie chrétienne est marquée par le combat spirituel. Qui n’en fait pas profondément l’expérience ?
Pourtant, cette prière n’est pas défensive : elle est tout orientée vers le déploiement du dessein bienveillant de Dieu (voir Éphésiens 1, 9) dans l’Esprit Saint, la réalisation du salut et notre renaissance comme fils et filles de Dieu, «hértitiers de Dieu, héritiers avec le Christ » (Romains 8, 17).
« Mais délivre-nous du mal », il y a là l’expression d’une formidable espérance. Le pape Benoît XVI explique qu’à son propos
Cyprien, l’évêque martyr […] a trouvé des paroles splendides : « Quand nous avons dit : délivrez-nous du mal, il ne reste plus rien à demander.. Nous implorons la protection divine contre l’esprit du mal, et, après l’avoir obtenue, nous sommes en sûreté contre l’assaut du démon et du monde. Car comment craindre le siècle quand Dieu nous couvre de son égide2 ?
« Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » (Romains 8, 31). »
La prière du Notre Père. Un regard renouvelé, p.95-96
- Flemming Fleinert-Jensen, La prière fondamentale, Entretiens sur le Notre Père, Labor et Fides, 2010, p.136
- Cité par Benoît XVI, op. cit. p.190.