Bénir les pèlerins

Juin 2015 : Le père de la communauté de Saint-Jean bénit chaque mère. Pèlerinage des mères de famille à Cotignac (83).

Les bénédictions des pèlerins au départ ouvrent le désir personnel à la rencontre de ceux qui sont taraudés par le même désir et appelés par le même désir de plénitude. Elles sont donc des envois en mission qui disposent chaque pèlerin à la rencontre des autres et de l’Autre.

UNE MARCHE A L’INTERIEUR DE SOI

Les déplacements géographiques interrogent la disponibilité à des déplacements intérieurs. Voilà ce qu’une bénédiction au départ de pèlerinage vient d’abord signifier : en bougeant physiquement, consentir à bouger intérieurement.

La lecture proposée pour la bénédiction du départ va dans ce sens. L’Église y invite à entendre la deuxième lettre aux Corinthiens, dans laquelle saint Paul écrit : « Nous sommes en exil loin du Seigneur tant que nous habitons dans ce corps ; nous cheminons dans la foi, nous cheminons sans voir » (2 Co 5, 6b-7).

UNE MARCHE À LA RENCONTRE DES AUTRES

Ce mouvement intérieur est aussi un déplacement vers les autres, comme le signifie toute démarche authentiquement chrétienne. Ainsi, les paroles qui introduisent le rite de bénédiction appellent à être attentifs aux personnes qui seront rencontrées lors du pèlerinage. Elles invitent à donner « l’exemple de notre foi, de notre espérance, de notre charité, pour l’édification mutuelle de tous, les gens du pays et ceux qui y passent ».

La bénédiction au départ n’est donc pas une simple demande de protection pour que le pèlerinage se déroule sans encombre. Elle vise d’abord à missionner le pèlerin. Il est ainsi rendu attentif à faire de son déplacement l’occasion de se rapprocher de Dieu et des autres.

UNE MARCHE AVEC LES AUTRES

Cet envoi en mission, la prière de bénédiction l’envisage dans sa dimension communautaire. Il est intéressant que le formulaire de bénédiction ne prévoie pas de prière pour un seul pèlerin, mais toujours pour un groupe de pèlerins. S’il est possible de l’adapter à la démarche d’une personne seule, c’est toujours en inscrivant la démarche dans sa dimension communautaire. Ainsi, une invocation de début de bénédiction fait dire : « Ô Christ, mort sur la croix pour rassembler les enfants de Dieu dispersés, prends pitié de nous ». Une autre invocation reconnaît que le Seigneur regarde « son Église en marche sur cette terre ».

LA VIE COMME UN GRAND PÈLERINAGE

La bénédiction de départ appelle alors aussi à faire du pèlerinage une image de toute la vie humaine. Nos quelques années sur terre sont comme une grande transhumance pour rejoindre le terme du voyage, la Jérusalem céleste, le paradis. Quand la prière de bénédiction demande de protéger les pèlerins « afin qu’ils parviennent heureusement sous ta garde au terme de leur route », on perçoit l’horizon qui est visé : le terme de la route n’est pas seulement l’arrivée après quelques jours de voyage, mais bien la fin de la vie sur terre.

Ludovic Frere, extrait du Guide « En pèlerinage, le quotidien transfiguré ».

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