Quelle place pour les équipes funérailles au crématorium ?

Obsèques au crématorium

Obsèques au crématorium

Par Joël Serard, Diacre permanent et responsable PLS du diocèse de Coutances et Avranches

Doit-on accompagner les familles en deuil au crematorium ? Deux situations se rencontrent : être présents auprès des familles après la célébration à l’église ou conduire une prière directement au crematorium sans passer par l’église. 

Après les funérailles à l’église

Dans le premier cas, la prière au crematorium apparaît comme une nouvelle station entre l’Église et le lieu de dépôt des cendres. Elle correspond en partie à la prière au cimetière. La présence de l’équipe funérailles à cette étape offre aux familles une prière chrétienne qui prolonge le chemin d’espérance ouvert à l’église. Le livre Dans l’espérance chrétienne donne des repères et des propositions utiles pour conduire ce temps de prière : monition, brève écoute de la Parole, intercession et oraison, geste d’adieu.

La difficulté est de trouver sa place auprès du personnel du crematorium, en particulier du « maitre de cérémonie ». Reste que le crematorium est souvent éloigné. Peu d’équipes ont les moyens de cet accompagnement. On gagnerait à susciter une équipe « d’aumônerie » liée à chaque crematorium. Son rôle serait d’assurer à la demande la présence de personnes compétentes, reconnues à la fois par l’Église et la direction du crematorium. Elles garantiraient la cohérence d’une prière chrétienne de l’église jusqu’au lieu où seront déposées les cendres.

Le crematorium en lieu et place de l’église ?

La seconde situation pose d’autres difficultés. Peut-on accepter de célébrer les funérailles au crématorium sans vivre le passage traditionnel par l’église ? Face à ces demandes de plus en plus fréquentes, les diocèses font des choix divers. Certains ont mis en place des équipes spécifiques qui conduisent une liturgie adaptée dans cet espace neutre. D’autres campent dans un refus systématique au risque de se couper d’une partie de la population. Dans l’entre-deux on tolère des pratiques plus ou moins licites.

Un document épiscopat[1] paru récemment analyse les enjeux complexes de ces choix pastoraux : quelles conséquences pour la foi chrétienne entrainent ces bouleversements anthropologiques, sociaux et culturels ? Quel rapport au corps pour la foi et dans la liturgie ? Quels rites conviennent ou non dans ce lieu à habiter autrement ? Comment tenir le lien avec la communauté ? Quels ministres déléguer au nom de l’Église ?

Le défi est de maintenir un lien pour l’annonce de la foi sans y perdre son âme. Il est d’une urgente nécessité que chaque diocèse se saisisse de cette question, opère des choix motivés, forme des personnes et se donne les moyens matériels pour répondre aux attentes des familles. Le soutien humain et spirituel est une première bonne raison de sortir de nos murs, le souci d’annoncer la foi, y compris au crematorium, en est une autre.

[1] SNPLS, Document-épiscopat n°6 de 2014

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