Ensemble, célébrer la Parole
Lorsque Romano Guardini écrit L’Esprit de la liturgie, en 1918, il énonce ce principe simple : « Le modèle et le type de l’oraison en commun nous est donné dans la prière de chœur de l’Église. Nous voyons là une vaste communauté […] s’assemblant régulièrement […] dans un but spirituel. […] La première chose qui sera exigée de ces hommes réunis, c’est une participation active, vivante, du cœur et de l’esprit. […] Tous les participants doivent coopérer »
La liturgie des Heures requiert donc le rassemblement, la participation active de chacun, intérieure et extérieure, pour que l’âme se mette en mouvement de rencontre divine, en mouvement de prière.
Parole du Verbe
Pour ce faire, la liturgie des Heures est fondée en Écriture, lieu où Dieu se donne à connaître et à rencontrer. Non seulement Écriture à écouter par « un simple effort d’audition… qui ne manquerait pas d’endormir » dit Guardini, mais Parole vivante de celui qui appelle par sa parole, nourrit de sa parole et envoie dans sa parole. Plus qu’Écriture comprise comme objet de lecture, la liturgie des Heures nous situe dans un rapport particulier à la Parole en tant qu’elle est le Verbe fait chair, c’est-à-dire Jésus Christ lui-même.
Or, la communauté qui célèbre est le Corps du Christ tout entier, Christ qui a pris chair de notre chair et a pris notre humanité au sein de sa divinité. Il n’y a pas d’un côté les hommes qui écoutent et de l’autre Dieu qui parle, mais des baptisés qui, en communion avec le Christ, s’adressent au Père par, avec et en la Parole même qu’il leur donne. Alors, comme le dit si justement Augustin : « reconnaissons nos paroles en lui et ses paroles en nous[1]. »
Liturgie de la Parole
Regardons la liturgie de Heures comme une célébration de la Parole, de cette Parole vivante et agissante qu’est Jésus Christ réalisant en nous et avec nous « l’œuvre de notre rédemption[2] ». La presque totalité de la prière des Heures est constituée de la parole de Dieu. Quel que soit l’office que nous choisissions – Lectures, Laudes, Milieu du jour, Vêpres ou Complies – les mots que nous prononçons nous viennent de l’Écriture. Mais, parce que nous sommes rassemblés pour célébrer dans la foi, la parole muette inscrite sur le livre devient pour nous, dans l’acte de la célébration, parole vivante et active car Dieu parle, et ce qu’il dit existe (Ps 32, 9).
Si nous sommes attentifs, nous découvrirons dans les diverses formes de paroles – hymnes, psaumes, cantiques, prières – ce miroitement de la Parole qui nous rejoint, que nous recevons, chantons, écoutons. Et ce mouvement d’écoute active induit nos réponses priantes, débordement du cœur et des lèvres, qui puisent leur expression dans l’écoute de la Parole.
La liturgie des Heures nous donne de respirer en Dieu. Et si nous demeurons dans un ici-bas de présence corporelle nous sommes cependant saisis dans la communion au Christ ressuscité et glorifié qui mène toute chose à sa plénitude.
Un article du SNPLS
[1]. Commentaire sur le psaume 85, 1.
[2]. Constitution sur la liturgie, n° 2.