Être évêque : présider aux trois missions de l’Église
Par Mgr Aubertin, Archevêque de Tours et président de la Commission épiscopale de liturgie
Les Pères du Concile Vatican II ont présenté la triple mission des évêques : mission d’enseignement, mission de sanctification, mission de gouvernement1. Cette triple mission doit être exercée à la manière du Pasteur suprême, le Christ qui s’est présenté lui-même sous la figure du serviteur. C’est donc comme serviteur que l’évêque est appelé à exercer sa mission.
Serviteur de la Parole
L’écoute de la parole de Dieu est l’attitude fondamentale de tout disciple du Christ. L’évêque, avant d’être ce docteur dont la cathèdre est le signe, doit donc se faire disciple. Il lui faut se mettre à l’écoute de cette Parole qu’il a pour mission de transmettre, partager, commenter, expliquer. L’évêque ne peut être le garant de la foi que s’il est profondément nourri de l’Évangile, que s’il est comme « informé » par l’Évangile. Lors de son ordination, l’évêque porte l’évangéliaire sur ses épaules. N’est-ce pas pour signifier que l’Évangile fait partie de sa vie et qu‘il doit vivre en porteur de cette Parole qui n’est pas seulement la sienne mais celle du Christ et de l’Église ?
Serviteur du Christ et de l’Église
L’évêque doit l’être dans la célébration des sacrements. À plusieurs reprises au cours de la célébration de l’ordination d’un évêque, celui-ci est appelé « intendant des mystères du Christ ». L’intendant n’est pas le propriétaire des biens mais leur gérant, leur dispensateur, à l’image du Christ « dispensateur de tout bien ». L’évêque est au service de l’Église et en particulier de cette portion d’Église qui lui est confiée. Il lui appartient donc d’appeler, de former et d’ordonner des collaborateurs pour que l’Évangile soit annoncé, pour que la grâce du Christ soit largement et justement partagée dans les sacrements afin que chacun soit nourri et conforté dans sa marche vers le Royaume.
Serviteur du peuple
Serviteur, l’évêque l’est également dans l’exercice de sa charge de gouvernement. Serviteur du peuple qui lui est confié, l’évêque doit se faire proche de tous, à l’image du bon pasteur qui donne sa vie pour ses brebis. Ne nous y trompons pas cependant. Si l’autorité est un service elle demande à la fois force, courage, fermeté, délicatesse et amour vrai. Je n’oublie jamais cette recommandation de saint Benoît de ne pas donner « une fausse paix », c’est-à-dire faire comme s’il n’y avait pas de problème, comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes…. Gouverner c’est discerner, décider dans le respect de chacun mais toujours en vue du bien de tous.
Diacre, serviteur, l’évêque le demeure dans l’exercice de sa triple mission. Que le Christ serviteur et bon pasteur soit toujours sa force et son modèle.
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1. Constitution sur l’Église Lumen gentium et le Décret Christus dominus sur la charge pastorale des évêques.
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