Rouge, blanc, vert : couleurs en éphémère dans la liturgie

30 mars 2018 : Prêtre se préparant dans la sacristie de la paroisse Saint-Ambroise, lors du Vendredi Saint. Paris (75), France.

30 mars 2018 : Prêtre se préparant dans la sacristie de la paroisse Saint-Ambroise, lors du Vendredi Saint. Paris (75), France.

Par Bernard Maitte, Prêtre, professeur au séminaire d’Aix et responsable du Département Pastorale et Spiritualité de l’ISTR de Marseille. Membre du SNPLS

Blanc pour le temps pascal, rouge pour la Pentecôte. Nous entrons dans le Temps ordinaire, mais retournons au blanc pour la Trinité et le Saint-Sacrement du corps et du sang du Christ. Enfin, nous voilà au vert ! La liturgie nous en fait voir de toutes les couleurs !

La couleur : une donnée sociale et une symbolique

L’histoire des couleurs est riche et diverse mais leur codification demeure récente. Si les premiers règlements sur les couleurs datent du IXe siècle, l’acceptation commune de leur usage date du XIVe siècle. Le lien couleur et symbolisme a été progressif, longtemps chaque pays, chaque région voire chaque cathédrale avait son canon propre.

La couleur concourt à la compréhension des sociétés et des usages ; elle révèle l’identité et la nature des hommes comme celle de leur vie commune et n’a rien d’accessoire. Il faut à cet égard signaler combien le travail de Michel Pastoureau, et les nombreux livres qu’il a écrit sur la signification des couleurs, a renouvelé ainsi la compréhension du monde médiéval par le code des couleurs.

Et si l’on pense que l’on pourrait tout célébrer en blanc, il serait plus rare d’avoir l’idée de toujours célébrer en noir.

La codification des couleurs vise donc à une symbolique. Celle-ci fait toujours partie de l’arrière-fond de nos sociétés même si leur lisibilité paraît amoindrie.

La couleur liturgique : un révélateur du mystère

En liturgie aujourd’hui, il est d’usage qu’une couleur ait un sens.

« La variété des couleurs pour les vêtements liturgiques vise à exprimer efficacement et visiblement ce qui caractérise les mystères de foi que l’on célèbre et par suite le sens de la vie chrétienne qui progresse à travers le déroulement de l’année liturgique. » (PGMR 345)

Deux choses sont liées : « la foi » et « le sens de la vie chrétienne. » Mais l’une et l’autre passent par la symbolique des couleurs. Autrement dit, la couleur joue un rôle de révélateur aussi bien du mystère célébré que de celui qui en vit. Mieux, ses variations permettent le rythme, la dynamique d’un itinéraire de l’homme de foi : elles balisent le chemin de l’année liturgique.

Lorsque la couleur paraît, elle invite à une attitude intérieure. En fait, la couleur joue sur les grands signes de la Révélation, des couleurs sombres aux couleurs lumières ; en qualifiant le temps liturgique et l’œuvre de salut du Christ, la couleur liturgique participe à ce que « de la sorte, ces mystères sont en quelque manière rendus présent tout au long du temps, les fidèles sont mis en contact avec eux et remplis par la grâce du salut. » (SC 102)

Dieu le premier a joué sur ce mystère d’alliance et de couleur : « Quand l’arc sera dans la nuée, je le verrai et me souviendrai de l’alliance éternelle qu’il y a entre Dieu et tous les êtres vivants, en somme toute chair qui est sur la terre. » (Gn 9,16)

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