Alliance
L’Alliance est au cœur du dessein d’amour que Dieu nourrit de toute éternité (voir Testament) : lui, qui n’a pas besoin de nous, veut librement se lier à un Peuple, avec cette intimité qui appartient au lien conjugal. La liturgie, Œuvre de Dieu et Œuvre de son Peuple, est l’acte intégral — c’est-à-dire complet — où est scellée l’Alliance que Dieu ne cesse de proposer aux hommes : on peut ainsi définir la liturgie comme « la rencontre de Dieu et de son Peuple pour la célébration de leur Alliance ».
Dans l’histoire du salut, les liturgies se distinguent par l’Alliance qu’elles célèbrent. « Tu as multiplié les Alliances avec eux », dit la Prière eucharistique 4. Les liturgies des religions dites païennes peuvent se réclamer, en tout ce qu’elles ont de positif, de l’Alliance scellée avec Noé (Gn 9, 8-17). L’Alliance conclue avec Abraham (chap. 15 et 17) et consommée dans le sacrifice d’Isaac (chap. 22) était destinée à s’épanouir au bénéfice de tout un peuple. Israël naît comme le Peuple de Yahvé lors de la liturgie solennelle de l’Alliance au Sinaï ; c’est le jour de l’Assemblée (Dt 9, 10 ; 10, 4 ; 18, 16) où Moïse, prenant le sang du sacrifice, en verse une moitié sur l’autel qui représente Dieu et l’autre sur le Peuple, en disant : « Ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses » (Ex 24, 8). L’infidélité notoire du Peuple, devenu l’allié de Yahvé — que l’on pense au Veau d’Or (Ex 32) — n’empêche pas que l’Alliance du Sinaï, renouvelée (chap. 34), soit actualisée dans les célébrations quotidiennes, hebdomadaires et annuelles d’Israël ; mais de plus en plus, le mémorial liturgique de l’Alliance s’oriente vers l’avenir, dans l’attente de l’Alliance nouvelle promise par les prophètes (Jr 31, 31-34), et de cet « Ange de l’Alliance » qui doit venir dans son Temple, pour se faire l’initiateur d’une offrande pure qui puisse être présentée à Dieu du levant au couchant (Ml 3, 1.3.4 ; cf. 1, 11). Jésus, Dieu et homme, est l’Alliance. Il vient inaugurer « par une oblation unique » (He 10, 14) la liturgie du nouveau Peuple de Dieu, qui est l’Église. A la dernière Cène, le véritable Serviteur de Yahvé (cf. Is 52, 13 – 53, 1-12), cet Agneau de Dieu qui va, sur le Calvaire, enlever le péché du monde (cf. Jn 1, 29), laisse à ses apôtres le sacrement de son sacrifice, le mémorial de l’Alliance nouvelle. Manifestement, les paroles qui consacrent le vin en son sang se réfèrent à l’Alliance du Sinaï : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26, 28 ; cf. Ex 24, 8). Depuis le Calvaire, la liturgie, centrée sur l’Eucharistie, fait entrer les membres de l’Église dans l’Alliance nouvelle et éternelle, jusqu’à ce qu’elle soit consommée dans la Jérusalem céleste. Alors, la « formule de l’Alliance » s’appliquera parfaitement : « Ils seront son Peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu » (Ap 21,3; cf. Ex 6, 7; Lv 26, 12 ; Dt 26, 17-18 ; Jr 7, 23 ; 11, 4 ; 30, 22 ; 31, 1-33 ; 32, 38 ; Ez 11, 20 ; 14, 11 ; 37, 27 ; 2 Co 6, 16).
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