Le dimanche de rentrée
Par Jean-Marie Lioult, Curé de la paroisse de Saint-Etienne-en-Drouais, responsable PLS du diocèse de Tours
La notion de rentrée est très marquée en France puisque le pays, dans pratiquement toutes ses composantes, semble s’arrêter durant les deux mois de juillet et août. Cette donnée nous conduit à calquer le rythme de l’année pastorale, d’une part sur l’année liturgique, et d’autre part sur l’année scolaire. Il y a en conséquence un lien naturel entre la rentrée scolaire et la rentrée pastorale : la seconde bénéficiant de la dynamique qu’engendre la première.
Se rassembler
Dans la majorité des diocèses de France, le territoire pastoral a été recomposé : les secteurs interparoissiaux sont souvent devenus de grandes paroisses. Ces nouvelles entités sont des communions de communautés : communautés locales territoriales et communautés non territoriales comme les mouvements de jeunes et d’adultes, les établissements d’enseignement catholique, un centre de détention, etc.
Ces réalités rendent plus nécessaire une démarche de rentrée qui rassemble ces diverses communautés. Il est souhaitable que l’eucharistie en soit la célébration centrale et trouve sa place dans une proposition plus large de type dimanche communautaire, suivie d’un repas paroissial ou d’un simple apéritif. Programmer cette célébration (et l’annoncer dès la fin de l’année précédente) pour le début du mois de septembre permet de ne pas vivre la rentrée après tout le monde.
Les enjeux pastoraux
L’intérêt premier de prévoir un dimanche de rentrée est de marquer le commencement d’une nouvelle année pastorale dans le but de donner l’élan missionnaire dont toute paroisse a besoin.
Souligner le début permet de faire connaître les priorités missionnaires que se donne la paroisse. Ce peut-être la mise en valeur d’un thème d’année, d’un projet pastoral, ou aussi de personnes de l’équipe pastorale paroissiale, d’équipes de service (préparation au baptême, au mariage, accueil, accompagnement des familles en deuil, etc.), d’équipes de proximité… C’est également l’occasion de mettre en perspective l’ensemble de l’année pastorale, par exemple en mentionnant dans la prière universelle les enfants ou les adultes qui vont préparer leur initiation chrétienne.
Le dimanche de rentrée est aussi l’occasion pour les divers acteurs de la vie paroissiale de mieux se connaître : la manière dont ils apprennent à communiquer est souvent déterminante pour la cohérence de la pastorale d’une grande paroisse. Avant ou après la messe, les propositions conviviales de rencontre ou de ressourcement trouvent là toute leur unité.
Les enjeux ecclésiaux : être une Eglise missionnaire
Le dimanche de rentrée est une occasion de manifester l’unité de l’Eglise qui est sur ce territoire, en rassemblant très largement. Cette unité se joue dans la diversité des sensibilités, des styles, des rôles dans la paroisse…. Elle est peut-être l’enjeu ecclésial principal. Mais elle est en premier lieu le fruit à recevoir de l’assemblée eucharistique. L’affirmation « Heureux les invités au repas du Seigneur » résonne ce jour-là de manière particulière, rappelant aux fidèles, aux acteurs pastoraux, à toutes les générations présentes que les absents sont aussi invités et que la perspective missionnaire consiste aussi à les rendre présents devant le Seigneur.
C’est le besoin de ressourcement dans la foi qui doit tout spécialement guider le projet d’un dimanche de rentrée. C’est dans la foi que les paroissiens puiseront l’élan missionnaire dont ils ont besoin.
Enfin, ce dimanche permettra de donner de la consistance à la mission de chacun, par la remise d’une lettre de mission, d’une lettre de reconnaissance ou par une simple présentation de la personne et de sa mission dans la paroisse. Est manifestée ainsi une Eglise dans laquelle chaque membre compte.
Une liturgie dominicale festive
L’exercice, comme pour toute célébration « spéciale », n’est jamais facile. Il convient de veiller à ce que la liturgie n’en fasse pas trop, tout en signifiant qu’il s’agit bien d’une messe de rentrée. Évitons de vouloir tout faire, tout mettre à l’honneur chaque année, les énumérations trop longues … Une messe de « rassemblement » (on nous pardonnera le pléonasme !) risque parfois de se transformer en exposition : présentation des différents groupes, projets, réalisations….Il est préférable de garder cela pour avant ou après la célébration. Cette présentation pourra alors être créative, voire ludique. L’enjeu de la célébration liturgique est autre. Il s’agit d’enraciner l’année pastorale dans la louange de Dieu et, par l’écoute de sa Parole et la communion eucharistique, de devenir toujours et encore son Corps.
Rappelons la nécessité de soigner les enchaînements pour que la liturgie garde son dynamisme et sa fraîcheur : sans les trente secondes qui alourdissent le tout et donnent le sentiment de vivre une célébration interminable. Des chants connus sont une réelle marque d’hospitalité car il n’y a rien de plus décevant que de participer à une célébration dont le répertoire est « squatté » par tel groupe ou telle sensibilité. On se sent alors véritablement étranger.
Belle et festive, la liturgie de ce jour-là doit marquer les esprits, stimuler et transmettre l’enthousiasme de la foi. Les ressources propres de la liturgie y suffisent le plus souvent : une procession d’entrée avec le livre des évangiles, un Gloire-à-Dieu unanime, etc.
Il est vraisemblable que le dimanche de rentrée donnera sa touche à l’ensemble de l’année pastorale : la mission a besoin d’impulsion, le dimanche de rentrée en est une.
Cet article est extrait de la revue Célébrer n°393
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