Quels sont les facteurs pouvant favoriser l’évangélisation des assemblées occasionnelles ?
Par Etienne Uberall, Prêtre du diocèse de Strasbourg
I. L’accueil
Le premier accueil
Quelle que soit la raison qui va conduire des personnes à se rassembler dans une église – événement familial (baptême, mariage, décès) ou étape du parcours de l’initiation chrétienne (première communion, confirmation) – elles seront sensibles à la manière dont elles auront accueillies et respectées dans ce qu’elles vivent. L’annonce de la foi ne peut s’inscrire que dans une relation humaine préalablement établie.
L’accueil à l’église
Vivre cet accueil, c’est reconnaître le visage du Christ dans le visage des frères et des sœurs qui viennent constituer l’assemblée, le corps du Christ. C’est aussi permettre à chacun de se sentir accueillis par le Christ lui-même. Le prêtre agit in personna Christi dès le premier regard échangé. Cela a une influence sur la manière de présider : le prêtre ne célèbre pas une messe à laquelle des fidèles assistent, il préside une assemblée d’hommes, de femmes et d’enfants dont il connaît un peu quelque chose de l’histoire.
Si cette pratique de l’accueil est plus délicate lors des funérailles, elle est importante lors des baptêmes, des mariages, des premières communions ou des confirmations, et bien sûr lors des grandes fêtes liturgiques.
Le mot de bienvenue
Les rites d’ouverture sont un sas qui fait passer du dehors au-dedans. Il faut permettre aux fidèles d’entrer dans la célébration : ils y arrivent avec ce qui fait leur quotidien pour que Dieu y habite. Quand Jésus rejoint les disciples d’Emmaüs, il les questionne d’abord sur leurs préoccupations. Dans une assemblée occasionnelle, le mot de bienvenue est essentiel. C’est à ce moment-là que tous vont – ou non – se sentir concernés par ce qui va se passer.
II. La liturgie
Soigner la liturgie et le chant
Celui qui n’est pas un habitué de nos liturgies les vit comme une succession de paroles, de gestes et d’attitudes dont il ne saisit pas forcément le sens profond. Il sera sensible à la justesse des paroles et des gestes, des attitudes, de la musique et du chant. Il est souvent prêt à se laisser porter… mais aussi à se laisser déranger par des détails qui peuvent sembler secondaires aux « habitués » !
Ne pas attendre plus que ce que les gens sont capables de donner
Lorsque nous parlons de la participation active des fidèles, nous ne réalisons pas toujours qu’elle peut s’effectuer en silence ! Nous pensons que des funérailles sont réussies si tout le monde chante. Il est inutile d’attendre d’une assemblée occasionnelle des réponses aux dialogues ou la prière unanime du Notre Père. Cela ne signifie pas qu’il ne se passe rien dans les cœurs…
Ne jamais célébrer au rabais
Quelle que soit l’assemblée, nous avons à lui donner tout ce dont nous sommes capables. Lors de funérailles, par exemple, ce que nous chantons et disons n’est pas perçu comme un spectacle mais comme un hommage rendu par l’Église au défunt.
Rester pédagogique et expliquer
Tout en restant accueillant à tous, il ne faut jamais hésiter à inviter les personnes à entrer en célébration. Lorsque l’assemblée est plutôt bruyante, il faut l’inviter au silence et à l’intériorité : cela favorisera la disponibilité à la prière et l’écoute de la Parole de Dieu.
Aller plus loin : rencontrer le Christ
Dans la rencontre avec les disciples d’Emmaüs, Jésus les prend là où ils en sont : il fait route avec eux et leur propose d’aller plus loin. C’est l’un des enjeux de l’accueil des occasionnels. Nous avons, dans l’Eglise, un beau savoir-faire humain et liturgique. Les gens ont été touchés parce qu’on a parlé d’eux et gardent un bon souvenir de l’Église. La suite du chemin d’Emmaüs, c’est la Parole de Dieu et la fraction du pain… et donc la reconnaissance du Ressuscité. Il n’y pas d’annonce de l’Evangile possible hors de ce compagnonnage sur un chemin commun.
Tout l’enjeu pastoral des liturgies occasionnelles ou des occasionnels des liturgies est là : permettre à chacun de vivre une rencontre avec le Christ vivant. L’évangélisation passe par la manière de les accueillir, de leur faire entendre une Parole qui va donner sens à leur vie et d’accomplir les rites de la liturgie qui soient beaux et signifiants. Le témoignage d’une communauté chrétienne est essentiel : les occasionnels ne sont pas le domaine réservé du prêtre.
Par notre accueil, par nos liturgies et par l’accompagnement qui les suivra, nous aurons fait un travail de passeurs. Nous pouvons ainsi permettre à des personnes de s’ouvrir à la présence de Dieu. Libre à elles de laisser ensuite cette brèche ouverte et à Dieu d’y faire entrer sa lumière.
Extrait du dossier Chant et musique dans les assemblées occasionnelles
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