Un espace liturgique pour vivre le chemin du pardon
Aménager une église pour la célébration du sacrement de la pénitence et de la réconciliation, qu’elle soit communautaire ou individuelle, c’est offrir à tous les pénitents un chemin de pardon. À la lumière de la structure de la célébration, cette progression est en quatre étapes, la dernière étant double. Prenons la route de ce chemin de la paix.
A partir d’une pratique
Le père Laurent Tournier a mis en œuvre cet itinéraire dans l’église du St-Esprit (Paris XIIe) puis à St-Paul de Brétigny sur Orge (91), et enfin dans la basilique Notre-Dame de la Délivrande, à Douvres la Délivrande (14).
Sur le pas de la porte : être accueilli
Dès le moment où le pénitent pénètre dans l’église, le ton doit être donné : il ne vient pas pour l’introspection ou le repli sur soi, mais pour renouer une relation. Aussi il est bon de dégager un bel espace pour l’accueil, pour la rencontre.
Lors d’une célébration communautaire, une équipe de personnes souriantes illumineront ce moment. Pour une journée du pardon, il y aura toujours quelqu’un pour accueillir, en pensant le nombre de personnes selon les créneaux horaires. Dans tous les cas, si l’église comporte plusieurs portes, on aura soin que cet accueil soit prévu à toutes les issues utilisées.
Lors de cet accueil, il est heureux de remettre au pénitent un feuillet qui lui présente la topographie de la célébration qu’il est invité à vivre. Ce n’est pas une simple distribution, mais un moment chaleureux avec quelques mots délicats, la présentation des lieux, de la démarche, et la remise de la feuille en guise de synthèse de ce qui a été dit. Le pénitent est ensuite invité à s’asseoir dans l’espace de la Parole.
Au cœur de la nef : être à l’écoute
Après quelques pas, le pénitent a trouvé une place assise. Le voilà avec d’autres, autour de l’ambon qui a été déplacé et positionné au chœur de l’allée centrale de la nef . L’Assemblée est constituée pour la liturgie de la Parole. Le pénitent est invité à l’écoute. Des candélabres éclairent l’ambon. Si possible, un bon éclairage focalise l’attention. Cela manifeste combien la Parole apporte la lumière sur nos vies.
Que ce soit par une animation communautaire ou une méditation personnelle , chacun pourra accueillir la Parole, entrer en dialogue avec le Seigneur, mettre sa vie sous la lumière du Verbe. C’est en écho avec la Parole que l’écart entre nos vies et l’Évangile apparaît. Le pénitent ravive alors son désir de célébration de la miséricorde du Père. Il se remet en marche, tel le fils prodigue pour aller dire : « Père j’ai péché contre toi » (Lc 15,18).
De part et d’autre : vivre la miséricorde
Quittant la nef, le pénitent est invité à faire un détour. Tout autour de l’église, des petites tables ont été préparée. Sur chacune d’elle, il y a une icône du Christ, ou un crucifix, éclairé par une bougie. Le prêtre est assis, tourné vers le chœur, une place libre à côté de lui, dans la même direction. Ministre et pénitent ne se font pas face. Ensemble, ils sont tournés vers l’autel signe de l’alliance célébrée une fois pour toute. C’est dans cette orientation que le pénitent est invité à reconnaître les écarts de sa vie.
Par l’absolution sacramentelle, la lumière revient dans nos vies. Le ministre du pardon remet au pécheur réconcilié avec le Seigneur un cierge éteint. Le prêtre l’encourage à prendre un temps d’action de grâce et à déterminer quel point d’attention particulier il veut mettre en œuvre dans sa vie.
A l’entrée du chœur : renouer avec son baptême
Fort du pardon reçu, chacun peut revenir dans la lumière plus forte du haut de la nef, et s’asseoir dans les premiers rangs. Aux pieds du chœur, un espace est dégagé autour de la cuve baptismale et du cierge pascal allumé.
Après avoir confié son désir de conversion au Seigneur, le baptisé debout vient se signer avec l’eau du baptême : geste d’action de grâce pour l’alliance restaurée. Un diacre lui transmet alors la lumière du cierge pascal. Le baptisé est envoyé, porteur de la lumière, témoin de la vie du ressuscité.
Au chœur : vivre réconcilié
La lumière reçue demeure aussi fragile que notre volonté. Le baptisé est alors appelé à la confier au Seigneur pour que ce soit lui qui l’entretienne. Entrant dans le chœur, il dépose son cierge ou son lumignon au pied de l’autel. C’est sur le roc de sa vie que le baptisé veut s’appuyer pour pouvoir rayonner de la vie du Christ.
Debout et réconcilié, le baptisé peut partir en mission. Traversant l’allée centrale, il regagne les carrefours du monde pour poursuivre son chemin de vie, régénéré par celui du pardon, éclairé par la lumière dont il est devenu à nouveau le porteur.
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Notes :
1. Article paru dans Célébrer 394.
2. Mettre l’ambon au milieu de la nef ne demande pas obligatoirement de changer les chaises d’orientation. Il suffit de dégager une espace de quelques chaises pour constituer un lieu de la Parole. Seules les chaises entre l’entrée et l’ambon sont utilisée pour la liturgie de la Parole. Celles entre l’ambon et le chœur sont à la disposition de ceux qui ont reçu le pardon.
3. Le feuillet présente l’ensemble de la démarche et de la topographie qui la porte et de quoi participer à la célébration communautaire ou de la Parole et/ou à la méditation personnelle.
4. Dans le cas d’une journée du pardon, ou en l’absence de diacre, toute personne peut assumer ce service.
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