La place et le choix des instruments dans une célébration

30 septembre 2017 : Répétition du groupe Etincelo dans la crypte de l'église Saint François d'Assise, à l'occasion du jubilé des 800 ans de la présence des Franciscains en France. Paris (75), France.

30 septembre 2017 : Répétition du groupe Etincelo dans la crypte de l’église Saint François d’Assise, à l’occasion du jubilé des 800 ans de la présence des Franciscains en France. Paris (75), France.

Par Jean Baumgartner

Cet article, sous forme de témoignage, nous propose une immersion au cœur d’une équipe liturgique, lors de la préparation d’une célébration dominicale, du choix du répertoire et de la place de l’orchestre et des instruments.

Il est 20h, nous nous sommes réunis dans un même but : préparer l’animation de la messe des familles de ce mois pour notre communauté de paroisses.

Au sein de l’équipe liturgique, les rôles sont définis pour chacun, cependant une proposition est faite par un paroissien : « proposons à nos jeunes musiciens instrumentistes d’être présents ce dimanche, on les voit si peu à la messe ! Encourageons-les, faisons leur confiance en les associant à l’animation musicale de notre célébration ; qu’en pensez-vous ? » Tout le monde est très enthousiaste. Et c’est après ce premier contact, encouragé par toute la communauté paroissiale, qu’un groupe instrumental a vu le jour. Il est né de la rencontre de tous ces jeunes pour une même démarche : jouer de son art en tant qu’interprète en aidant à la louange, soutenir le chant de l’assemblée et surtout convaincu que leur propre musique peut faire partie intégrante de la liturgie !

Le choix du programme

Une première étape s’impose : un partage autour des textes lus avec l’équipe liturgique. Cette réflexion est indispensable pour construire un programme chanté et se mettre à la recherche d’une pièce de son propre répertoire. La deuxième étape reste la plus délicate : choisir un programme judicieux au service de la liturgie et de l’assemblée présente. N’oublions pas que nous ne sommes pas là pour nous mettre en valeur mais nous mettre à son service.

On cherchera une unité au cours de la célébration, en évitant de mélanger trop de styles différents : rythmé d’inspiration variété-jazz si le groupe est constitué en majorité de guitares d’accompagnements, percussions et autres instruments mélodiques, plus classique si on est amené à cohabiter avec l’orgue. Le jeu instrumental doit également apporté une couleur (classique ou jazz). On s’accordera en particulier à l’esprit du chant !

Le choix des instruments

Tous réunis, le programme défini, nous voilà amené à « distribuer » les rôles. Au départ, il nous faut trouver la personne compétente chargée de coordonner les instrumentistes présents. Puis quelques réflexions s’imposent : certains introduiront, d’autres soutiendront le chant ; la qualité d’un accompagnement reflète la variété des mises en œuvre ; on se partage l’accompagnement en étant attentif à ne pas être trop présent, sonore, en variant le jeu instrumental. Flûtes, hautbois, saxo et autres instruments à vents, violons, violoncelles… proposeront des préludes et interludes courts en exploitant la mélodie principale et nous aurons cette impression de grande respiration nous faisant entrer dans ce mystère célébré.

Soyons attentifs au timbre instrumental : lors du psaume le choix se portera vers quelques guitares pour l’accompagnement harmonique accompagnés d’une flûte à bec pour la mélodie de l’antienne. Les claviers, percussions rejoindront le groupe au complet à l’accompagnement du chant d’assemblée, notamment le processionnal d’entrée, les différentes acclamations ou le chant d’envoi. Matériellement on trouvera de plus en plus de propositions instrumentales (préludes, interludes, contre chants…) éditées dans les revues de musique liturgique ; d’autres répertoires ont déjà, depuis quelques années, anticipé dans ce domaine. Et n’oublions pas de privilégier l’instrument soliste qui peut, dans son propre répertoire, donner à méditer en accompagnant l’action liturgique ou prolongeant la parole entendue.

Une première répétition

Il est l’heure d’organiser une première répétition. Première étape : faisons l’inventaire de nos moyens ; qu’ils soient pauvres ou riches, il sera important de les utiliser avec discernement. En concert, l’ensemble orchestral mettra en valeur la qualité musicale d’une œuvre ; la liturgie demande, dans un même souci de qualité, une adéquation avec l’action liturgique. Il est important d’aller à la recherche d’une ambiance sonore, d’une couleur musicale. Chaque instrument est à prendre en compte pour introduire, soutenir le chant. Il faudra certainement faire des concessions, se concerter, dialoguer entre acteurs de la liturgie (prêtre, animateurs, musiciens, choristes…) Il faut également prendre conscience de l’acoustique du lieu où l’on célèbre ainsi que du nombre d’acteurs chantants (soliste, chorale, petite ou grande assemblée) afin de doser l’intensité de l’accompagnement. Cela demande une grande préparation, du temps, de la patience mais la récompense sera grande. Cela doit se gérer durant cette première répétition. Trois répétitions seront nécessaires pour préparer l’animation musicale dont une avec la chorale paroissiale et son chef de chœur. L’équilibre chorale, instrumentistes et assemblée notamment sur les refrains sont à mettre en œuvre. Rien ne peut s’improviser !

En célébration

En ce début de célébration, il y a de l’impatience et de l’appréhension car le challenge est important. Pour la communauté paroissiale, c’est montrer un visage d’Église où des jeunes se mobilisent, s’investissent. Une mission leur a été donnée celle de construire, faire entendre, d’animer, de partager, de témoigner par leurs mélodies le message de foi qui nous est livré. Chacun est à son affaire et le pari est gagné dès la note finale !

Un bilan nécessaire

Une bonne dose de compétences (musicales et liturgiques), de la disponibilité, un soutien paroissial de l’ordre de l’accueil aux talents de chacun, telle pourrait être la recette idéale d’une animation comme celle-là. Par ailleurs, dans ce bilan, plusieurs questions peuvent être posées à ces jeunes : Tu es venu, tu t’es investi, qu’as-tu aimé ? Qu’est-ce qui t’a déplu ? Qu’as-tu donné ? Qu’as-tu reçu ? Il s’agira, ensuite, de répondre à leurs attentes, de les encourager à se former à la liturgie, pour qu’elle soit chantante, chaleureuse, communicative.

En conclusion, je souhaiterais citer cette phrase entendue lors d’une rencontre paroissiale entre musiciens d’église : « Il ne s’agit pas seulement de laisser aux jeunes une place, mais de leur faire une place ! » Un pari largement gagné ?

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