Jubilé
Du mot hébreu yôbél : « corne de bélier » qui a donné jubilaeus en latin. En Israël, l’année jubilaire tombait tous les cinquante ans ; inaugurée par un appel de trompe — d’où le nom de « jubilé » —, elle amenait l’affranchissement de toute dette, en réintégrant chacun dans son patrimoine, tandis que la terre elle-même se reconstituait, du fait qu’on ne pratiquait ni semailles, ni moissons, ni vendanges. On lit, en effet, dans le Lévitique : « Tu compteras sept semaines d’années, sept fois sept ans, c’est-à-dire le temps de sept semaines d’années, quarante-neuf ans.
Le septième mois, le dixième jour du mois, tu feras retentir l’appel de la trompe dans tout le pays. Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et vous proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé : chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan » (25, 8-10). C’est le Messie qui, par son avènement, proclame la véritable année de grâce de la part du Seigneur (cf. Is 61, 2 ; Lc 4, 19), en ce sens qu’il est lui-même l’affranchissement total, la Rédemption (cf. 1 Co 1, 30), par l’Esprit qu’il donne à son Église (voir Pentecôte).
Par la volonté du Christ, l’Église est devenue la dépositaire du trésor de la Rédemption (voir Indulgence). Pour mieux répondre au besoin de rythmes démultipliés qui caractérise l’homme (voir Cycle), les Souverains Pontifes ont institué la pratique ecclésiale du jubilé : la première « Année sainte » date de 1300, et se caractérise par l’octroi d’une large remise des péchés et de leurs séquelles ; l’intervalle entre les Années saintes devait d’abord être de cent ans, mais il se réduisit progressivement, pour se fixer à vingt-cinq ans.
Le jubilé donne lieu à des cérémonies extraordinaires à Rome et dans toute l’Église, mais il ne tend qu’à donner tout leur sens aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie. Le cinquantième anniversaire de la première profession religieuse — ou jubilé — est marqué liturgiquement par le renouvellement solennel de ces premiers vœux, autant que possible au cours de la messe. Voir Profession.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés