La Maison-Dieu n°289 sur le mariage

La Maison-Dieu mariage 289

Un nouveau numéro de La Maison-Dieu consacré au mariage vient de paraître aux éditions du Cerf. 289ème du nom, il propose des articles de recherches théologiques et pastorales sur le sacrement de mariage. Vous trouverez également dans cet ouvrage une contribution signée par Edouard Cothenet sur la nouvelle traduction du Notre Père qui sera officielle à partir du 3 décembre 2017. Il est un complément précieux au dossier que nous avons consacré à cette prière de l’Eglise.

Le sacrement de mariage a fait l’objet d’une évolution marquante au long de la vie de l’Église, dans sa forme surtout, depuis les premiers siècles, mais aussi dans la manière de le comprendre. À chaque époque, la réflexion théologique a cherché à exprimer le mieux possible la pensée de l’Église à propos du mariage, en s’appuyant sur la Tradition et surtout sur les Écritures, à tel point que sa célébration a fini par prendre place dans le dispositif sacramentel. Si les débats théologiques n’ont jamais cessé à l’intérieur de l’Église sur bien des sujets, y compris les sacrements, il faut reconnaître que le sacrement de mariage en est l’un des principaux lieux. Le récent synode sur la famille convoqué par le pape François a remis au centre des préoccupations de l’Église, les questions pastorales majeures qui se posent aujourd’hui dans nos sociétés contemporaines, au sujet du mariage : en quoi peut-il être considéré comme le socle de la vie ecclésiale et de la vie sociale ? Quelle place offrir aux personnes divorcées et remariées dans l’Église ? Comment mieux manifester la miséricorde de Dieu et la sollicitude de l’Église dans les situations complexes rencontrées ? La méthode voulue par le pape pour appréhender ces questions sans tabou et en recueillant l’avis du peuple de Dieu a favorisé échanges et questionnement. L’exhortation apostolique postsynodale Amoris laetitia dans laquelle le pape réaffirme fermement la doctrine de l’Église conforme à la Tradition tout en sollicitant le discernement pastoral pour déployer la miséricorde de Dieu, a permis aux théologiens de se réinterroger sur la sacramentalité du mariage et ses implications dans les différents domaines de la théologie. C’est pourquoi il nous a paru opportun de faire un point d’étape, pourrait-on dire, sur quelques recherches théologiques et pastorales qui se mènent actuellement sur le sacrement de mariage.

Les deux premiers articles du dossier interrogent fondamentalement la sacramentalité du mariage : Hélène Bricout fait le point sur la tension permanente entre conception juridique et conception sacramentaire du mariage, qui émerge encore d’un texte comme Amoris laetitia. Chaque époque a fait selon ses moyens pour déployer une théologie du mariage ; la nôtre ne fait pas exception : raison de plus pour s’engager résolument dans la recherche théologique à son sujet et ouvrir quelques chantiers dans la suite de Vatican II. Patrick Prétot prend appui sur la situation douloureuse des personnes divorcées remariées, et sur les suggestions d’Amoris laetitia, pour appréhender une question théologique encore peu explorée en sacramentaire, en particulier pour le mariage : celle de la portée eschatologique d’un sacrement comme le mariage. Sans apporter une réponse définitive à la question pastorale, l’auteur montre combien la prise en compte de cette dimension théologique propre aux sacrements permettrait de sortir d’une opposition stérile entre rigorisme doctrinal et ouverture pastorale.

Les trois articles suivants du dossier donnent la parole à une moraliste, à un ecclésiologue et à un liturgiste qui, chacun dans leur domaine, pointent quelques éléments d’une recherche possible pour une théologie du mariage et ses répercussions sur leur propre discipline. Catherine Fino s’interroge sur les enjeux et les défis de la théologie morale concernant le mariage lorsque celui-ci est appréhendé à partir de la grâce sacramentelle. Luc Forestier développe, à partir de l’étude des Préliminaires du rituel, la manière avec laquelle le mariage défini et compris comme image de l’union du Christ et de l’Église, interroge la conception même de l’Église comme institution d’Alliance prenant en compte la corporéité de l’humanité. Philippe Barras analyse les prières et les rites de la célébration du mariage, tels qu’ils sont proposés dans le Rituel, pour déterminer ce qui est dit du sacrement et envisager une préparation au mariage en prise directe avec la demande des futurs époux, afin de les aider à en découvrir la portée sacramentelle. D’autres domaines théologiques auraient pu être abordés, en particulier les recherches menées en exégèse à propos des textes clés des Écritures sur lesquels s’appuie la doctrine de l’Église concernant le mariage. L’ampleur du dossier nous empêche de le refermer trop vite. Nul doute que d’autres articles, dans de prochaines livraisons de notre revue, viendront compléter ce dossier.

Les varia de ce numéro donnent justement la parole à deux exégètes reconnus. L’article de François Brossier est le texte d’une conférence qu’il donna auprès de l’Association de liturgistes Sacrosanctum concilium lors d’un de ses congrès. En prenant appui sur quelques passages de l’évangile de Marc, il montre combien l’analyse narrative des Évangiles invite le prédicateur à élargir sa lecture des péricopes choisies dans le lectionnaire pour éviter tout contresens et faire entendre une Bonne nouvelle. Ce numéro de La Maison-Dieu présente aussi une courte note d’Édouard Cothenet à propos de la traduction du Notre-Père, dont la nouvelle version devient la forme liturgique officielle au 1er dimanche de l’Avent de cette année 2017. Nous espérons que cette note apportera l’éclaircissement nécessaire pour une juste interprétation de ce changement qui suscitera certainement quelques réactions.

Ce numéro, enfin, est riche en chroniques puisqu’il présente celle de la Semaine Saint-Serge de juin 2017, celle du colloque annuel de Bose, également en juin, et celle du congrès de la Societas liturgica à Leuven (Belgique), en août dernier. Comme dans chaque livraison, le numéro s’achève avec quelques recensions particulièrement utiles : qu’Emmanuel Borsotti, André Haquin et Hélène Bricout en soient particulièrement remerciés !

Sommaire

  • Une théologie en tension : le mariage dans la tradition de l’Église latine, Par Hélène Bricout
  • Penser le mariage sous l’horizon eschatologique : Une contribution à un débat complexe, Par Patrick Prétot
  • La sacramentalité du mariage : enjeux et défis pour la théologie morale, Par Catherine Fino
  • La réciprocité entre mariage et Église : Vers une ecclésiologie des institutions de l’Alliance, Par Luc Forestier
  • Le sacrement de mariage selon le Rituel. L’itinéraire éloquent que propose la célébration, Par Philippe Barras

Varia

  • Prédication et lecture narrative des évangiles : À partir de l’évangile de Marc (année B), Par François Brossier
  • Note exégétique à propos de la nouvelle traduction liturgique du Notre Père, Par Édouard Cothenet

Chroniques

  • « Liturgie et religiosité » (64e Semaine d’études liturgiques Saint-Serge, Paris, 26‑29 juin 2017) – André Haquin
  • « Le symbole de ce que nous sommes » (Congrès de la Societas Liturgica, Leuven, 7‑12 août 2017) – Gilles Drouin
  • « Habiter, célébrer, transformer » (XVe Colloque liturgique international, Bose, 1er-3 juin 2017) – Gilles Drouin

Le prochain numéro sortira avant Noël.

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