La cathédrale de Belley (Ain) : son histoire et son nouveau mobilier

Par Violaine Savereux, Chargée du patrimoine mobilier diocésain, Service diocésain de l’Art Sacré, Evêché de Belley-Ars

Un nouveau mobilier liturgique à la cathédrale de Belley réalisé par Dominique Kaeppelin, juin 2008

La cathédrale de Belley était dotée d’un mobilier liturgique héritier de la réforme de la liturgie conciliaire dans les années 1970, rassemblant des éléments composites. Le souci pastoral dominant consistait, à juste titre, à rendre fonctionnelles les célébrations liturgiques, portées par les signes de la « présence du Christ » : l’autel, l’ambon, le siège de présidence.

Sous l’impulsion du nouveau curé, l’Abbé André Perdrix, un dossier fut réalisé en 1997. Le descriptif présente les travaux nécessaires pour aménager le sanctuaire : l’autel, la cathèdre, l’ambon, le siège de présidence, le chandelier pascal, la croix de procession, les chandeliers de l’autel sur pied, la crédence.

Par ailleurs, il n’oublie pas l’aménagement de la chapelle Sainte Anne (XVème siècle), située dans l’abside, pour accueillir la sépulture du vénérable Frère Gabriel Taborin, fondateur des Frères de la Sainte Famille de Belley.

En 2005, le projet est réactualisé et la Commission diocésaine d’Art Sacré (CDAS) est chargée de trouver un artiste pour exécuter ce travail de création. Le choix de Dominique Kaeppelin, sculpteur du Puy-en-Velay s’est imposé en raison de la conception plastique de son projet et du programme iconographique qui le portait.

Ce mobilier, agréé par les partenaires culturels du département et de l’Etat, est réalisé au cours de l’année 2008 et béni, le 22 juin, au cours de la messe dominicale par Mgr Guy-Marie Bagnard, évêque de Belley-Ars, en présence du clergé paroissial et de la communauté chrétienne. La cathédrale retrouve, par là même, sa signification symbolique, et peut participer à la dignité des célébrations diocésaines.

D’autres questions sont encore à l’étude : la sonorisation, l’éclairage, la création d’une clôture de chœur pour remplacer les cordons qui délimitent l’espace sacré et la création de fonts baptismaux modernes.

Paroles d’artiste : approches théologique et plastique du mobilier de Belley par Dominique Kaeppelin

« Il fallait que l’ensemble des éléments s’inscrive dans le chœur de la cathédrale comme dans un tableau : les éléments devaient s’accorder entre eux, tout comme les vides entre les éléments doivent être des harmoniques ».

L’autel

Il justifie l’existence une église, il en est le cœur palpitant. Je voulais qu’il soit ramassé sur lui-même, très puissant intérieurement. Nous avons essayé de trouver un thème évangélisateur sachant que le saint patron du diocèse et de sa cathédrale est saint Jean-Baptiste.

Nous l’avons mis en relation avec la Source du Temple d’Ezéchiel dans l’Ancien Testament : « (…) et voici que de l’eau sortait de dessous le seuil du Temple, vers l’Orient. L’eau descendait de dessous le côté droit du Temple, au sud de l’autel. (…) Partout où passera le torrent, tout être vivant qui y fourmille vivra.

Le poisson sera très abondant car là où cette eau pénètre, elle assainit, et la vie se développe partout où va le torrent. Sur le rivage, il y aura des pécheurs (…) Au bord du torrent, sur chacune de ses rives, croîtront toutes sortes d’arbres fruitiers dont le feuillage ne se flétrira pas et dont les fruits ne cesseront pas : ils produiront chaque mois des fruits nouveaux car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture et les feuilles un remède ». Sur l’autel, on retrouve le Baptême du Christ sous la forme d’un Agneau avec saint Jean-Baptiste et saint Jean. Sur le côté la vision d’Ezéchiel avec les pécheurs. Sur l’autre côté la Résurrection. La structure est en bois recouverte de palladium jumelé avec de l’or. L’autel a deux faces pour permettre de laisser une ouverture vers l’arrière-chœur pour des célébrations en petit nombre.

La source c’est l’autel, la diffusion c’est l’ambon qui symbolise la parole. Sont représentés ici les quatre Evangélistes sous la forme du Tétramorphe, c’est-à-dire représentés par leurs attributs symboliques. Supprimer l’estrade a redonné une respiration au début du chœur.

L’ambon

Il a été placé un peu plus en retrait mais la crédence et la cathèdre ont été mises en diagonales pour éviter une nouvelle frontalité. Les marches découvertes étant une frontalité, il fallait donner une respiration visuelle et aussi physique entre les éléments, comme des éléments de ballet qui dansent les uns avec les autres.

Il y avait la Résurrection, le baptême, l’Évangile mais il fallait en passer par la Croix.

Nous avons aussi créé une cathèdre, le siège qui symbolise la fonction d’évêque, du premier pasteur. Un peu moins précieux mais avec du plexiglas, le siège de présidence et ceux des deux acolytes.

Visuellement il y avait le risque d’un encombrement car il y a beaucoup d’éléments et le chœur est étroit, alors on a voulu alléger. On ne voit pas la partie qui touche le sol, c’est très élégant. Comme le pupitre traité de la même façon, avec l’idée de cristal, puisqu’il fallait qu’il soit un peu moins fort que l’ambon, un peu transparent. Il s’agit aussi d’un clin d’œil fortuit à la Plastic Vallée de la région d’Oyonnax dans l’Ain…

L’ensemble du mobilier vise à la lumière, recherche la lumière, la jeunesse future, comme une préfiguration de la Résurrection.

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