Dans la nuit sainte de Pâques
Par Pascal Sarjas, vicaire épiscopal et responsable PLS du diocèse de Metz
La célébration de la Pâques du Christ est la source de la vie liturgique d’une paroisse. Elle imprime en nous des attitudes et des postures spirituelles fondamentales de la foi.
La nuit comme condition
Des ténèbres de la mort à la lumière de la vie : tel est le passage que nous appelle à accomplir la vigile pascale dans la nuit du samedi saint. La liturgie n’est pas seulement l’affirmation de cette vérité de la foi, elle en est une réalisation. Sa mise en œuvre, dans la justesse des signes posés, contribue à en faire un lieu de la foi vivante.
Pour devenir une expérience réelle, pour que les cierges allumés deviennent la lumière qui guide nos pas dans la nuit, ce passage nécessite une condition absolue : que la célébration ait lieu à la nuit tombée (Missel romain, p. 229).
Vigile et jour de Pâques : un seul itinéraire
Passage de la création du monde à la nouvelle création en Jésus Christ ressuscité, la vigile (et l’itinéraire tracé par les lectures est pour cela représentatif) invite à se réapproprier la totalité de l’œuvre du salut. Le dimanche de Pâques nous appelle à célébrer la résurrection du Christ comme fondement de notre foi.
L’annonce de la résurrection se fait dans le cœur de la nuit, sa célébration se vit dans la clarté du soleil levant.
Au service de la foi en la résurrection
Le cheminement que nous fait vivre la liturgie pascale concourt à l’approfondissement de notre foi en Christ ressuscité. Cela implique d’être attentif à ne pas induire de fausses perceptions :
- Lorsque l’heure de la vigile est maintenue à l’heure habituelle de la messe anticipée du dimanche, elle risque d’être perçue comme la messe de Pâques. Il pourrait alors sembler normal de s’abstenir de la messe du jour de Pâques.
- Lorsque l’on célèbre Pâques dans l’après-midi du samedi, en en faisant une « messe des familles », ne risque-t-on pas de réserver la participation à la vigile pascale à des initiés ?
- Lorsque l’on investit totalement la préparation et la célébration de la vigile pascale sans donner toute sa solennité à la messe du matin de Pâques, ne donne-t-on pas le sentiment que la première est plus important que la seconde ?
Ces quelques questions nous invitent à ne pas réduire la force et la vérité de l’action liturgique sous prétexte de l’évolution des rythmes de la société. Osons proposer une expérience qui donne sens à notre humanité.
La liturgie de la veillée pascale peut se comparer à l’ascension d’une montagne par des alpinistes, qui partent de son pied dans l’obscurité de la nuit, qui montent lentement mais sûrement, guidés par les lumignons qu’ils tiennent à la main, qui progressent vers le but lors que l’aube commence à éclairer leurs pas et qui, arrivés au sommet, contemplent avec ravissement le disque étincelant du soleil se levant lentement à l’horizon et inondant la terre de sa lumière rutilante.
– R. Amiet, La veillée pascale dans l’Église latine, coll. Liturgie, 1999, Cerf, p. 362.
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