Qu’est-ce que le Carême ?

9 janvier 2013 : Illustration sur le Carême. Du pain, un verre d'eau et une bible ouverte, Paris (75), France.

9 janvier 2013 : Illustration sur le Carême. Du pain, un verre d’eau et une bible ouverte, Paris (75), France.

Le mot « Carême » vient du latin « quadragesima ». Il désigne la période de quarante jours pendant laquelle l’Église se prépare à Pâques par une vie chrétienne plus intense et par diverses pratiques de pénitence.

Canoniquement, pour le jeûne, le Carême de l’Eglise latine commence le mercredi des Cendres et s’achève le samedi saint à midi.

De nos jours, les liturgistes ont coutume d’y distinguer deux « temps liturgiques », celui du Carême proprement dit et celui de la Passion, qui commence aux premières vêpres du dimanche de la Passion, c’est-à-dire du dimanche des Rameaux.

Le mot Carême (quadragésime) veut dire quarante. Les quarante jours du Carême vont nous permettre de revivre avec le Christ au désert les quarante années de la marche des Hébreux vers la terre promise. Au long de ces années, le peuple qui guidait Moïse eut souvent faim et soif, parfois il se découragea, mais il fit surtout l’expérience unique de la tendresse de Dieu envers lui.

C’est la même expérience d’intimité avec Dieu que souhaite revivre toute la communauté des croyants, baptisés ou candidats au baptême, alors qu’elle se met en route vers la Pâque, pour y trouver « la joie d’un cœur unifié » dans la communion au Christ mort et ressuscité. (Réf. Missel du Dimanche)

40 jours avec le Christ

Durant le temps du Carême, nous sommes appelés à suivre le Christ qui passa quarante jours dans le désert, poussé par l’Esprit Saint.

Au désert, le Christ va mener un combat spirituel dont il sortira victorieux. A sa suite, il ne s’agit pas de faire des efforts par nos propres forces humaines mais de laisser le Christ nous habiter pour faire sa volonté et nous laisser guider par l’Esprit.

Le Carême est lié au jeûne même si les chrétiens d’occident ont perdu le sens du jeûne qu’ils rattachent au passé. Le comportement alimentaire de l’homme ne dépend pas seulement des besoins physiologiques mais appartient au registre de l’affection et du désir.

Le jeûne nous permet de mieux connaître ce qui nous habite. Quels sont nos désirs les plus profonds ? Pour les chrétiens de l’Eglise primitive, c’était précisément la pratique du partage qui faisait la différence avec les païens. Ils avaient conscience que la charité envers les pauvres permet d’accéder à une révélation sur Dieu. La vie terrestre était perçue comme un don de Dieu pour accéder à la communion.

Durant le temps du Carême, nous sommes invités à nous donner des moyens concrets, dans la prière, la vie sacramentelle, la pénitence et l’aumône pour nous aider à discerner sur les priorités de notre vie. Le temps du Carême est un temps autre qui incite à une mise à l’écart pour faire silence et être ainsi réceptif à la Parole de Dieu.

Le jeûne sera oeuvre de pénitence, pratique de la solidarité mais il nous permet également de percevoir notre véritable faim. Au delà de la nourriture, nous avons besoin de la Parole de Dieu.

Les origines du Carême

A la suite de saint Jérôme et de saint Léon, certains auteurs attribuent au Carême une origine apostolique ; d’autres nient qu’il ait existé avant le IVème siècle. Au départ, le jeûne primitif de la semaine sainte était, si possible ininterrompu, et on s’y livrait pour accomplir la parole du divin Maître : « Des jours viendront où l’Époux sera enlevé à ses disciples, et alors ils jeûneront » (Luc 5,35).

Dans les Églises issues de la gentilité, on jeûnait au moins pendant les quarante heures commémoratives de la disparition du Sauveur, c’est à dire du vendredi soir au dimanche matin. Dans les Églises d’origine judéo-chrétienne, on commençait à jeûner dès le lundi, parce qu’on regardait ce jour comme le point de départ du complot des pharisiens pour faire mourir Jésus, donc comme le commencement de la disparition de l’Époux, et parce que la coutume juive enjoignait aux Hébreux de se nourrir pendant sept jours du « pain de l’affliction » au temps de la Pâque. Ainsi le jeûne primitif de la Semaine Sainte nous apparaît-il en définitive comme un jeûne de compassion et de deuil pour la disparition de l’Époux ; ce n’est pas un jeûne préparatoire à la célébration du mystère, mais un jeûne qui l’accompagne.

Il semblerait que la préoccupation de l’Eglise dans l’institution nouvelle ait été la préparation immédiate des catéchumènes au baptême, préparation qui durait quarante jours, ainsi que celle des pénitents admis à être réconciliés le jeudi-saint ; mais à ces deux catégories de sujets l’Eglise entendait bien associer par la même occasion tous les fidèles parce que c’est le corps mystique tout entier qui doit mourir et ressusciter avec le Christ pour se renouveler en lui dans les solennités pascales.

Le Seigneur n’a jamais séparé dans son enseignement le jeûne de l’aumône et de la prière (Mt 6, 1-18). Les Pères de l’Eglise devaient le rappeler chaque année au peuple avec insistance, comme en témoignent en particulier les sermons de saint Léon le Grand. Aussi le jeûne s’accompagna-t-il toujours de réunions de prières à l’écoute de la parole de Dieu.

C’est ainsi que, dès le temps d’Augustin et de Chrysostome, le Carême possédait les traits qu’il devait conserver par la suite : temps de jeûne, de partage et de prière pour tout le peuple chrétien, temps de préparation au baptême pour les catéchumènes et de préparation à la réconciliation pour les pénitents.

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