Parole de Dieu et funérailles
Par Angelo Sommacal, Prêtre du diocèse de Toulon, ancien membre du SNPLS
Les funérailles, dans leur ensemble, sont constitués de temps divers et différents, depuis le décès du défunt ou de la défunte jusqu’à la déposition de son corps ou de ses cendres dans les lieux prévus pour cela.
Aussi, la parole de Dieu, lors des funérailles, ne se proclame pas ou ne se prie pas seulement à l’église, mais elle accompagne toutes les étapes du deuil. Ceci est d’autant plus important à souligner qu’aujourd’hui, contrairement à la pratique d’autrefois, le prêtre ou le célébrant n’est plus appelé au chevet du mourant et ne va plus au cimetière ou autre lieu où le corps est présent.
Son importance
L’ouvrage « Dans l’espérance chrétienne » (DEC) – que tous les célébrants ou guides de funérailles ont en main pour célébrer la « pâque » des enfants de Dieu – redit fortement cette importance de la Parole :
« La prière de l’Église pour les défunts, expression de sa foi, prend appui sur l’expérience humaine de la mort, des sentiments que celle-ci engendre et des différentes phases du deuil ». (n° 10)
Elle prend aussi appui sur cette parole de Dieu qui, dans la liturgie pour les défunts joue un rôle très important.
Son sens
« Elle proclame le mystère pascal… »
Ce mystère, cette réalité qui nous dépasse, est au centre de notre foi. « Si le Christ n’est pas ressuscité – dit St Paul aux Corinthiens – votre foi est sans objet » (I Co 15,14). Il est au centre de notre foi, non pas seulement comme une affirmation, mais aussi comme une pratique, un faire, une liturgie. Car être chrétien, c’est entrer dans cette dynamique de vie initiée au baptême et qui trouve son accomplissement au temps du passage à la vie éternelle.
Lors des funérailles, la pâque du chrétien s’unit à la Pâque du Christ pour ne faire plus qu’un avec lui dans la vie trinitaire d’amour et d’immortalité.
« Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. (1Co15, 20). Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous. » (2 Co 4,14)
«… nourrit l’espérance de se retrouver dans le Royaume de Dieu… »
La parole de Dieu nous invite à regarder plus loin que le moment présent. Elle ne le nie pas, surtout quand ce moment présent est fait de peine et de souffrance, mais elle l’assume pleinement car Dieu ne renie jamais ses promesses.
Proclamer cette Parole aux funérailles, c’est affirmer notre foi en celui qui « est plus grand que notre cœur » (I Jn 3,20) et de l’amour duquel rien ne peut nous séparer (Rm 8,39).
C’est bien cela, l’Espérance chrétienne !
« … enseigne l’attachement envers les défunts et la prière que l’on doit faire pour eux, et exhorte au témoignage d’une vie chrétienne ». (DEC n°205)
La parole de Dieu nous fait comprendre que nous ne sommes jamais seuls. Tous ceux qui nous ont précédés ne nous ont pas quittés, mais sont entrés dans une nouvelle relation avec nous. En Dieu, nous continuons à vivre une communion où la prière des uns et l’intercession des autres donnent à l’amour de Dieu de se manifester à chaque instant. Nous croyons à la communion des saints !
Son choix
Puisque la parole de Dieu proclamée et entendue au cours de la liturgie des funérailles permet de dire ou de rappeler à l’assemblée la foi de l’Église, il est important de bien choisir les textes appropriés.
Le lectionnaire pour la liturgie des défunts en propose un certain nombre, avec la note suivante dans la présentation :
« Il conviendra de porter, dans chaque cas, un jugement pastoral et de décider, avec l’avis de la famille, quel texte répond le mieux à la situation ». (Note 3)
Ce choix des lectures proposé par le Lectionnaire pour la liturgie des défunts n’est pas limitatif : on peut choisir une lecture dans le Lectionnaire du temporal ou du sanctoral, si cela paraît opportun.
Car le témoignage de la foi de l’Église ne s’adresse pas seulement aux croyants, mais aussi à tous ceux qui sont venus par sympathie et qui ne sont pas nécessairement croyants, ou croyants d’autres religions.
Il parait important qu’une introduction aide à accueillir le message de la Parole dans la situation concrète et qu’elle permette à l’assistance, à partir de ses réactions premières, de trouver un chemin de foi et d’espérance.
Aux temps de la célébration
Au moment de la mort, à la fermeture du cercueil, au départ du corps, au cimetière ou au crématorium, il n’est pas aisé de prendre une lecture un peu longue de la parole de Dieu. Mais il ne faut pas, pour autant, l’omettre, en se rappelant « qu’elle ne vise pas tant à convaincre qu’à manifester la présence du Christ, le Verbe fait chair » (DEC 58).
« Dans l’Espérance chrétienne » donne un certain nombre de lectures brèves qui peuvent aider à vivre ces moments difficiles du départ de l’être aimé.
Notre Père
S’il est une parole de Dieu qui sous-tend toute célébration de funérailles, c’est bien la prière du Notre Père. Parole de Jésus enseignée par lui-même aux apôtres et, par eux, transmise à l’Église, elle donne à toute célébration son sens et son contenu de foi et d’espérance.
Si la parole de Dieu est révélation de ce qu’il est pour nous, alors le Notre Père accomplit cette révélation de l’Amour infini.
La parole de Dieu éclaire la célébration des funérailles et en donne son sens premier. En nourrissant l’Espérance, elle signifie l’accomplissement du baptême, la « pâque » de tout chrétien.