Le chant du dernier adieu : un acte de foi
Le chant du dernier adieu est un moment-clé de la célébration des funérailles. Au terme du cheminement qu’a permis la liturgie, ce chant de confiance exprime la foi en la Résurrection et invite à « remettre » le défunt entre les mains de Dieu. Il tourne les proches et la communauté au-delà de l’émotion partagée vers le lâcher-prise et l’espérance en Dieu.
Le chant de dernier adieu, aboutissement d’un cheminement
De l’évocation de la vie du défunt à la liturgie de la Parole et parfois de l’eucharistie, en passant par les rites de la lumière et de la croix, la liturgie des funérailles vise à accompagner un mouvement intérieur qui transforme progressivement l’émotion du deuil en une sérénité fondée sur la foi.
Ce mouvement de « lâcher prise » conduit au temps du dernier adieu, avec notamment le chant du dernier adieu. En effet malgré la connotation pathétique de son appellation – dernier adieu -, le rite n’entend pas tourner à nouveau l’assemblée vers le passé, mais aider les uns et les autres à manifester qu’ils sont prêts à « laisser partir » la personne défunte, ayant mieux intériorisé maintenant, grâce à la célébration, qu’il s’agit en réalité de la remettre entre les mains du Père.
Le chant comme sommet du dernier adieu, signe de notre destin commun
Sommet de ce temps, le chant du dernier adieu fait résonner – à la mesure du déplacement intérieur vécu par chacun – une parole de foi, un acte d’espérance en la résurrection ou manifeste tout simplement le désir de vivre avec d’autres une dernière salutation du défunt. D’ailleurs restant loin de la foi souvent, ce désir de se retrouver avec d’autres rejoint la conviction de foi que les hommes ont une destinée commune et qu’en raison de cette destinée, aucune séparation n’est définitive.
C’est bien ce qu’exprime le Rituel des funérailles quand il évoque le rite du dernier adieu. Ce rituel ne se contente pas d’en décrire les étapes : invitatoire, chant, aspersion, encensement, oraison, démarche de l’assemblée (voir sur ce site Célébration des funérailles : la liturgie du dernier adieu | Liturgie & Sacrements) mais il souligne que, par ces gestes, « la communauté chrétienne salue un de ses membres avant que le corps ne soit emporté ou inhumé » En effet, « bien que la mort comporte toujours une séparation, les chrétiens, comme membres du Christ, ne peuvent être séparés, car il ne font qu’un en lui » (Rituel, n° 99). Signe de l’unité de l’assemblée autour du défunt en confession en acte de cette foi, le chant du dernier adieu « doit apparaître à tous comme le sommet de l’adieu de toute l’assemblée au défunt. Il est donc souhaitable que toute l’assemblée y participe » (Rituel, n° 101). Ainsi tous pourront y renouveler non seulement leur confiance personnelle en Dieu mais aussi en la réalité de cet avenir commun qu’il nous assure au-delà de la mort.
Chanter pour le dernier adieu en s’adaptant à l’assemblée
Si des chants classiques comme Sur le seuil de sa maison (SL 41) restent accessibles pour des assemblées diverses, il est important de proposer des alternatives enracinées dans la foi et adaptées au contexte actuel. Voici quelques suggestions :
- Chants affirmant la foi en la Résurrection : Je crois que mon sauveur est vivant-(SL 33) emprunte cette voie en reprenant les paroles de Job (19, 23-27). Tu as été plongé dans la mort de Jésus (S 69) le fait en revisitant les signes sacramentels de la vie chrétienne.
- Chants d’espérance et de confiance : Parmi d’autres chants Dans la ville où tu t’en vas (S 57), Que le Seigneur te reçoive près de Lui (S 43) ou Entre les mains de notre Père (SL 43) peuvent être choisis. Pour une assemblée sans pratique musicale, ce dernier texte peut être lu sur un fond musical, renforçant l’intériorité du moment :
« Le Dieu qui est venu nous dire par Jésus
La joie de son salut ne peut pas décevoir !
Comment ne pas reprendre cœur
Entre les mains de notre Père ? »
La liturgie des funérailles est faite pour les vivants !
Ces quelques réflexions font comprendre que la liturgie des funérailles n’est pas uniquement tournée vers le défunt. Elle est d’abord une source de consolation, de foi et d’espérance pour ceux qui restent. Le chant du dernier adieu, par sa profondeur et sa simplicité, invite à ce que le dernier mot de l’adieu soit celui d’un acte de confiance en Dieu, Dieu de la vie. Ainsi, on n’hésitera jamais à reprendre des chants connus ou à renouveler le répertoire selon la mémoire des assemblées dans la mesure où ce choix permet au chant du dernier adieu de jouer pleinement son rôle : faire aboutir au mieux le cheminement à la fois spirituel et communautaire que les funérailles chrétiennes font vivre aux vivants lorsqu’ils remettent à Dieu l’un des leurs.