Pastorale des funérailles et Pompes funèbres : apprendre à collaborer

Les funérailles sont en mutation en France. Alors pour l’Église et les sociétés de pompes funèbres, quel chemin commun ? Quels enjeux au service des familles en deuil et de l’annonce de l’espérance chrétienne ? On trouvera ici le récit d’une expérience vécue dans le diocèse d’Orléans en vue de (mieux) collaborer avec les sociétés de Pompes Funèbres dans le respect du rôle de chacun.

Les leçons d’une immersion chez les Pompes funèbres

Dans le diocèse d’Orléans, membres de l’équipe du Service Diocésain de Pastorale Liturgique et Sacramentelle (SDPLS), nous avons choisi en 2023-2024 de rencontrer les Pompes funèbres qui travaillent dans le Loiret et de faire connaissance : « Qu’est-ce qui vous anime ? quelles sont vos attentes vis-à-vis de nous ? Comment bien travailler ensemble ? » Nous avons alors mesuré les préjugés et méconnaissances, les incompréhensions source de conflits, les maladresses parfois, mais aussi l’envie d’unir nos missions respectives, un esprit de compassion envers les familles, un sens du service développé.

Afin de progresser, nous sommes ensuite allées en insertion, type « Vis ma vie » dans une agence. Nous avons découvert leurs contraintes d’organisation en temps restreint la pression de la logistique et des démarches administratives, leur souci d’agir avec respect et de satisfaire les demandes des familles…

Nous avons aussi entendu l’inquiétude des paroisses devant la dynamique commerciale empiétant sur nos missions avec les salles de cérémonie, l’imitation de pratiques quasiliturgiques (eau, encens), et même dans nos églises, prises de parole au cours de la célébration : « Ne cherchent-ils pas à nous remplacer ? Devenons-nous leur prestataire ? »

Une idée : proposer une formation aux nouveaux conseillers funérailles

Est alors venue l’idée de proposer une formation aux acteurs de ces entreprises de pompes funèbres. Elle s’adresse aux nouveaux équipiers : conseillers funéraires et maîtres de cérémonie.

Formation gratuite bien sûr, dans leurs locaux et chez nous, non pour leur transmettre ou « abandonner » notre mission de célébrant ! mais redonner sa place à chacun. Il ne s’agit pas de défendre notre territoire mais de présenter ce que vit l’Église quand elle célèbre des funérailles liturgiques : non pas la « mémoire de la vie passée » mais le présent de la rencontre du défunt avec le Seigneur, l’accomplissement dans l’éternité du chemin initié au baptême.

A chaque fois, nous mesurons l’importance de préciser dans le dialogue ce qui est indispensable à nos yeux et ce qui n’a pas d’importance pour nous (« ah bon, le cercueil rose ne sera pas refusé à l’église ? »). 

Nous présentons le déroulé du rituel, notre façon de l’adapter à chaque situation, la diversité des oraisons et prières… Cette présentation permet d’aborder la question du vocabulaire et d’inviter à réserver le terme de cérémonie aux hommages laïcs dans leurs locaux, et celui de célébration à ce qui se passe dans nos églises et chapelles.

Nous mettons en avant que, si la célébration liturgique à l’église n’est pas le seul lieu de prière, de partage et d’expression (veillée, cimetière, parvis…), elle est irremplaçable et nous en sommes dépositaires.

Nous voyons chaque fois s’apaiser les tensions.

Déroulement de la formation

« Messe ? célébration ? temps de prière ? » La formation vise à outiller les conseillers funéraires pour qu’ils permettent aux familles de dialoguer au plus vite avec les paroisses. À nous maintenant, Église, de nous rendre disponibles…et accueillants !

Plan de formation :
Lieu : agence PF et église
Durée : 3 h
Importance de la convivialité

1. L’Église « organigramme » : diocèse/paroisse/évêque, prêtres, laïcs. Fonctions et missions de chacun, responsabilité, temps et lieux de décisions.
En effet, nous ne fonctionnons pas selon les codes du management, cela peut être opaque pour des entreprises commerciales bien structurées : mais qui décide quoi chez vous ? qui est le patron ?

2. L’église : principaux symboles, espace, mobilier, signes de vie de la communauté.
Nous découvrons que les fondamentaux ne sont plus connus (autel/hôtel), que les membres de ces entreprises éprouvent respect, crainte et difficulté à habiter ce lieu à la fois public et réservé ; Également, ils ne perçoivent pas les signes de vie de la paroisse (affichage par ex), restes de bougies ou fleurs.

3. Le sens des funérailles chrétiennes : prière et célébration.
L’importance de la corporéité, au sens historique, juridique et pour notre célébration. Les étapes du rituel. La personnalisation : importance et limites.
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4. La préparation : lien pompes funèbres/Église/familles.
Mise en œuvre et domaine d’expertise de chacun. La communication à améliorer entre les trois. La question des directives anticipées, le casuel, les cas particuliers.

Chaque formation donne l’occasion de jouer les « poils à gratter », mais avec bienveillance et humour, et cela permet de nous améliorer nous aussi.

Sans attendre que cette formation – ou l’équivalent – puisse se vivre partout, nous invitons chaque équipe de funérailles à ne jamais hésiter à aller visiter les équipes des Pompes funèbres locales, ne serait-ce qu’en prenant le temps d’un café partagé. Le service de chacun y gagne !

L’équipe du SDPLS d’Orléans, 2024.