Le Credo de Nicée-Constantinople
Par sa richesse biblique, sa précision dogmatique, son autorité conciliaire, le symbole de Nicée-Constantinople s’est imposé comme expression habituelle de la foi dans la liturgie romaine. Son autorité est reconnue dans le dialogue œcuménique.
La crise arienne : la divinité du Christ contestée
Au 4e siècle, l’Église connut l’une des plus graves crises doctrinales de son histoire. L’hérésie arienne (du nom d’Arius, prêtre d’Alexandrie) remettait en question de la divinité de Jésus. Jésus était un être divin, le plus proche de Dieu, que le Père s’est associé pour créer toutes choses, mais il n’était pas Dieu comme Dieu. Il était la plus haute et la première des créatures. Pour appuyer leurs dires, les ariens recourraient à quelques versets de l’Écriture, comme « le Père est plus grand que moi ».
Le cœur de la foi était touché ! Et saint Athanase pouvait dire : « Arius me vole mon Sauveur ! » Car si Jésus n’est pas vraiment Dieu, mais un intermédiaire entre Dieu et les hommes, alors en lui, ce n’est pas Dieu lui-même qui est venu à notre rencontre. C’est le mystère de l’Incarnation et le mystère de la Trinité qui était atteint.
La règle de foi du Concile de Nicée-Constantinople
Réunis dans la ville de Nicée en 325, les Pères du Concile élaborèrent un symbole qui en même temps énonce la foi « droite » et donne une règle pour interpréter les Écritures sur ce point. La divinité du Christ y est confessée de plusieurs manières.
Engendré et non pas créé
Cette affirmation s’appuie sur l’Écriture avec des expressions directement inspirées du Prologue de l’évangile de saint Jean : « Il est Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, Fils unique engendré du Père ». Mais comment comprendre cette génération du Fils ? Les Ariens la concevaient comme la création de la créature la plus sublime et, en ce sens, divine. Le Credo n’explique rien, mais il donne une règle : cet engendrement du Fils n’est pas une création : « engendré, non pas créé ». Et qu’il faut prendre au sérieux ce qu’affirme le Prologue de Jean « par lui tout a été fait » : le Fils est absolument Dieu créateur avec le Père.
Consubstantiel : un terme philosophique
Le symbole de Nicée tire donc de l’Écriture les règles d’interprétation de l’Écriture concernant la divinité du Christ. Cependant, pour préciser l’identité et l’unicité d’être du Père et du Fils, il va faire appel à un terme non biblique, mais philosophique. Le fils est « consubstantiel au Père », que la traduction française rendait « de même nature que le Père » jusqu’en décembre 2021 où la nouvelle traduction du Missel romain trancha pour l’utilisation du terme « consubstantiel ».
La divinité du Saint-Esprit
La crise devait s’étendre à la confession de la divinité du Saint-Esprit. En 381, le Concile de Constantinople compléta le symbole de Nicée par l’article sur le Saint-Esprit. Comme Dieu, il est Seigneur, il donne la vie ; il procède du Père et, avec le Père et le Fils, il reçoit la même adoration et glorification.1
Je crois en un seul Dieu, le Père tout puissant,
créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible,
Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ,
le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles :
Il est Dieu, né de Dieu,
lumière, née de la lumière,
vrai Dieu, né du vrai Dieu
Engendré non pas créé,
consubstantiel au Père ;
et par lui tout a été fait.
Pour nous les hommes, et pour notre salut,
il descendit du ciel;
Par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.
Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,
Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.
Il ressuscita le troisième jour,
conformément aux Ecritures, et il monta au ciel;
il est assis à la droite du Père.
Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts
et son règne n’aura pas de fin.
Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie;
il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire;
il a parlé par les prophètes.
Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.
Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.
J’attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.
Amen
Par Jacques Rideau, Prêtre du diocèse de Luçon, ancien directeur du SNPLS – mis à jour suite à la nouvelle traduction du Missel romain.
1. Avec des formules prises du Symbole des apôtres, on a enrichi ce qui concernait le mystère de l’incarnation « par l’Esprit Saint, il a pris chair de la Vierge Marie » et de la rédemption « crucifié pour nous sous Ponce-Pilate »