Adoration
L’adoration est originellement la prière ou le discours (oratio) adressé (ad) à un quelconque interlocuteur, ce qui souligne la dimension relationnelle de cet acte. Avant même d’exprimer une vénération ou une demande, l’adoration est ce geste de mettre la main à la bouche (ad os) pour envoyer un baiser à quelqu’un, ou de porter à la bouche le bord du vêtement de qui l’on veut honorer, ou encore de baiser la terre en signe de respect. Ces gestes étaient pratiqués, aux premiers siècles du christianisme, pour honorer l’empereur et ses statues. Les chrétiens réservaient ces marques d’honneur à Dieu et au Christ : une inscription du Palatin montre un certain Alexamenos qui fait le geste d’offrir un baiser au Christ, représenté par une tête d’âne et attaché sur une croix ; une légende précise : « Alexamenos adore son Dieu ». Outre le baiser de l’autel par le prêtre et le baiser de l’évangéliaire par le diacre après la lecture de l’évangile — qui manifestent la vénération due à Dieu et à sa Parole —, la liturgie occidentale met en haut relief l’adoration de la Croix, centre de la célébration vespérale du Vendredi saint ; dans la liturgie solennelle de ce jour, on s’avance pour baiser la Croix en faisant trois génuflexions préalables : il s’agit d’un hommage royal, bien dans la ligne de la Passion selon saint Jean. Une adoration de la Croix, comportant un baiser, est prévue le 14 septembre. Dans un sens plus large, l’adoration est tout acte visant à traduire le culte qui est réservé à Dieu ; on précise « culte de latrie » (voir Latrie). Le plus souvent, c’est le Saint-Sacrement qui est l’objet de l’adoration, exprimée par la génuflexion ou par l’agenouillement.
Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés