La Parole de Dieu : source d’espérance
Si la Parole de Dieu est source d’espérance, ce n’est seulement qu’elle atteint le cœur comme la promesse de quelque chose : cette promesse est portée par “quelqu’un” qui s’adresse à nous. On le découvre de manière privilégiée dans la liturgie.
De nombreux croyants témoignent que la lecture des Écritures saintes leur a redonné ou a nourri de l’espérance pour vivre. La liturgie est souvent l’occasion de puiser à cette source. Pour entrer dans cette expérience, on trouvera ci-après la méditation de Dom Mauro-Giuseppe Lepori, Abbé général de l’Ordre cistercien, proposée à l’occasion de la célébration du Dimanche de la Parole en 2025. Dom Lepori se demande pourquoi et comment Pierre ou le centurion ont pu accrocher leur espérance à la parole du Christ. Cette méditation est suivie de remarques liturgiques ou plus pratiques pour encourager chacun à venir puiser dans cette source d’espérance qu’est la Parole.
– – – – Méditation : À travers la Parole,
pouvoir raccrocher notre espérance à Quelqu’un… – – –
Peut-être que l’homme qui a le mieux compris la relation entre la parole de Dieu et l’espérance est un païen, le centurion romain qui, après avoir supplié Jésus de guérir son serviteur malade, face à la disponibilité immédiate du Seigneur, s’est déclaré indigne de pouvoir retourner dans sa maison et lui a dit : « Dis simplement une parole et mon serviteur sera guéri ! » (Mt 8, 8). Il lui suffisait d’une parole du Christ pour avoir une espérance certaine dans le salut qu’il avait opéré.
« Dis simplement une parole… »
La foi a permis au centurion de comprendre que ce qui suscite l’espérance dans la Parole de Dieu, c’est qu’elle est en fait une parole de Dieu, c’est-à-dire la parole que Celui qui fait tout adresse personnellement à notre besoin de salut et de vie éternelle. Pierre l’a aussi compris dans un moment qui aurait pu être celui du désespoir, car tout le monde avait abandonné le Seigneur et il ne restait avec lui que quelques disciples maladroits et peu sûrs d’eux : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Les paroles de Jésus sont restées pour Pierre et ses compagnons comme le dernier fil d’espérance dans une plénitude de vie qu’ils ne pouvaient attendre que de Dieu.
Mais pourquoi et comment l’espérance de Pierre, comme celle du centurion, pourrait-elle s’accrocher à la parole du Christ ? Qu’est-ce qui donne à la Parole du Seigneur cette puissance, cette solidité pour que nous puissions nous y abandonner avec tout le poids de la vie, avec tout le poids de notre vie en danger sans glisser dans le désespoir, dans la mort, dans le néant ? Qu’est-ce qui permet à celui qui écoute ces paroles de reconnaître qu’il peut s’abandonner à Celui qui les prononce avec une confiance totale ?
Cela est possible si la parole du Seigneur atteint le cœur non pas comme la promesse de quelque chose, mais comme la promesse de quelqu’un, et de quelqu’un qui aime notre vie d’un amour tout-puissant, qui peut tout faire pour ceux qu’il aime et se confier à lui.
Écouter la parole mais sans la séparer de sa source, le Christ lui-même.
Beaucoup abandonnèrent Jésus, après le discours sur le pain de vie dans la synagogue de Capharnaüm, en disant : « Cette parole est dure ! Qui peut l’écouter ? » (Jn 6, 60). Pourquoi la parole de Jésus était-elle une raison pour eux de partir alors que pour Pierre et les autres disciples, c’était la seule raison de rester avec Lui ?
Le fait est que le premier avait entendu sa parole en la séparant de sa source, le Christ lui-même. Pierre et les disciples, en revanche, ne pouvaient abstraire aucune parole de Jésus de sa présence, c’est-à-dire de sa relation avec lui, de son amitié.
“ La parole du Seigneur atteint le cœur |
Ce lien indélébile entre la Parole de Dieu et sa présence
La Parole de Dieu peut être source d’espérance si Dieu reste la source de la Parole elle-même pour nous. Ce n’est que si nous écoutons la Parole de la voix du Verbe présent, qui nous regarde avec amour, qu’elle peut nourrir en nous une espérance inébranlable, parce qu’elle se fonde sur une présence qui ne manque jamais. La parole de Dieu est une promesse dans laquelle non seulement celui qui promet est fidèle, mais reste inclus dans la promesse elle-même, parce que le Christ se promet lui-même à nous. « Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ! » (Mt 28, 20). La dernière parole de Jésus, la dernière promesse avant de monter au ciel, est la promesse de lui-même à nos vies, non seulement à la fin des temps, mais chaque jour, à chaque instant de la vie.
Ce lien indélébile entre la Parole de Dieu et sa présence, si radical depuis le moment où « le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous » (Jn 1, 14) jusqu’à sa mort sur la croix pour nous, est la conscience et la promesse de tout l’Ancien Testament. Comme lorsque le Psaume 27 crie au Seigneur : « Si tu ne me parles pas, je suis comme quelqu’un qui descend dans la fosse ! » (Ps 27:1). L’homme a en lui la conscience profonde, ontologique, que si Dieu ne lui parle pas, si Dieu ne le crée pas à chaque instant par sa parole, la mort est inévitable pour lui, la dissolution de la vie, parce que Dieu crée en disant tout dans la Parole par qui tout existe (cf. Jn 1, 3).
Quand la grâce nous est donnée de vivre en écoutant sa voix…
On peut vivre sans écouter la Parole qui le fait avec amour, mais c’est ainsi que l’on fait l’expérience, comme tant d’autres aujourd’hui, d’une vie inconsistante, d’une vie dissipée, qui s’échappe de nos mains sans pouvoir la tenir. Au contraire, il nous est donné la grâce de vivre en écoutant, de vivre avec l’intention d’écouter le Seigneur qui est constamment à la porte de notre liberté, frappant et demandant à entrer. Il nous est donné de vivre en écoutant sa voix qui nous appelle à communier avec lui (cf. Ap 3, 20), à une amitié infinie, permettant ainsi à l’Esprit de générer en nous et parmi nous une vie nouvelle, débordante d’espérance, non pas en quelque chose, mais en Dieu qui réalise la promesse de sa présence au moment même où sa parole l’exprime.
(Méditation de Dom Mauro-Giuseppe Lepori, Abbé général de l’Ordre cistercien, parue dans le Guide liturgique et pastoral « J’espère en ta Partole » (Ps 119,74) pour le 6ème Dimanche de la Parole de Dieu, 26 janvier 2025, pp. 4-5).
– – – Remarques liturgiques et pratiques – – –
L’écoute et la partage des Écritures sont d’autant plus source d’espérance qu’on perçoit que Dieu lui-même nous adresse la parole par elles, à la fois personnellement et communautairement. C’est ce que donne d’expérimenter la liturgie. En effet, « Lorsqu’on lit dans l’Église la Sainte Écriture, c’est Dieu lui-même qui parle à son peuple et c’est le Christ, présent dans sa parole, qui annonce l’Évangile » (Présentation générale du Missel romain, n. 29).
De manière très concrète, les gestes que nous posons expriment cette foi. Ainsi lorsque le prêtre ou le diacre prend l’évangéliaire sur l’autel, cela signifie que les paroles lues ensuite ne sont pas les leurs, mais celles de Jésus, le Seigneur de l’histoire et de l’Église. Souvent la proclamation de l’Évangile est précédée d’encens. C’est bien cette présence mystérieuse mais actuelle de Jésus que nous confessons après l’Évangile : « Acclamons la Parole de Dieu », « R/ Louange à toi Seigneur Jésus ».
Pour faciliter cette rencontre continue, personnelle et communautaire, avec la Parole de Dieu qui se réalise dans la liturgie de manière privilégiée, il pourrait être utile de promouvoir diverses initiatives tout au long de l’année afin de contribuer à la formation permanente des fidèles :
TOUT AU LONG DE L’ANNÉE Formation des lecteurs Il est essentiel que les communautés ecclésiales s’engagent dans la formation des fidèles qui exercent le rôle de lecteurs dans les célébrations liturgiques, afin qu’ils soient de véritables annonciateurs de la Parole avec une préparation adéquate, comme c’est maintenant l’usage pour les acolytes ou les ministres extraordinaires de la communion. Portez la Parole « dans votre poche » C’est ce que suggère le pape François : « Prenez l’habitude d’avoir toujours un petit Évangile dans votre poche, dans votre sac, afin de pouvoir le lire pendant la journée. » Il existe plusieurs éditions du Nouveau Testament ou de l’Évangile, en volumes agiles, version de poche, qui se glissent facilement dans nos sacs ou sacs à dos et que nous pouvons toujours emporter avec nous. Intégrez la Parole dans votre téléphone portable
Groupe biblique On pourrait organiser dans la communauté ecclésiale, sur une base hebdomadaire ou mensuelle, un groupe qui organise des moments formateurs ou culturels d’approfondissement de l’Écriture Sainte et des moments de Lectio divina communautaires. Les rencontres doivent être adaptées en fonction des caractéristiques du groupe (tranche d’âge, maturité spirituelle, etc.). Chapelet médité Une autre source pour prier avec les Écritures est la variété des prières catholiques traditionnelles, telles que le chapelet. Il s’agit d’une prière évangélique d’orientation christologique, définie par saint Jean-Paul II comme un « recueil de l’Évangile ». En effet, elle a un caractère essentiellement contemplatif, puisqu’elle nous fait entrer dans la méditation sur les mystères de la vie du Seigneur, accompagnés par Celui qui était le plus proche du Seigneur. Afin de donner un fondement biblique et une plus grande profondeur à la méditation, il est utile que l’énonciation du mystère soit suivie de la proclamation d’un passage biblique correspondant. Il convient qu’après l’énonciation du mystère et l’annonce de la Parole, nous nous arrêtions pendant un temps approprié pour fixer notre regard sur le mystère médité, avant de commencer la prière vocale (cf. Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, n° 30-31). (Guide liturgique et pastoral du 6ème Dimanche de la Parole de Dieu, p. 11) |