Répertoire et liturgie : si on choisissait autrement nos chants ?
Par Serge Kerrien, Diacre du diocèse de Saint-Brieuc-Tréguier
« Le prêtre, en organisant la messe, considérera davantage le bien du peuple de Dieu que ses inclinaisons personnelles » (Présentation générale de la liturgie des Heures 352). L’enjeu du chant dans la liturgie est ici défini : le bien du peuple de Dieu. Et quel est ce bien, sinon l’expérience spirituelle du mystère pascal ? Que peut-on en déduire pour le choix des chants ? Couleur liturgique et attitude spirituelle, deux critères essentiels pour choisir un répertoire.
La couleur liturgique
Si l’année liturgique a pour but de faire vivre au chrétien les facettes du mystère du salut, on doit porter le souci de l’adéquation du répertoire de chants au mystère célébré. C’est alors la question de la « couleur » liturgique qui se pose. En effet, la couleur, dans la liturgie, ne concerne pas que le vêtement. C’est tout un ensemble d’éléments qui entrent en jeu : déploiement ou retenue de certains rites, lumières, fleurissement, musique, chants. Choisir un répertoire, c’est entrer dans une couleur du temps qui favorise la structuration de la foi et l’approfondissement, du mystère du salut.
Attitude spirituelle
La célébration chrétienne est un itinéraire de foi où le chrétien éprouve des attitudes spirituelles (supplication, louange, méditation, action de grâce, acclamation, …) ; le chant est au service de ces attitudes sinon il déconstruit ce que l’action liturgique veut réaliser. Or, la question des attitudes spirituelles est rarement posée dans le choix d’un répertoire. Elle est essentielle si l’on veut que l’assemblée des fidèles participe activement au mystère pascal du Christ. Il convient donc en choisissant le répertoire de se demander si les chants et les pièces de l’ordinaire de la messe nous font entrer dans la joie intérieure et l’espérance de l’Avent, la jubilation de Pâques, le chemin de conversion du Carême, l’annonce du Royaume ou la découverte du Christ.
Stabilité dans les temps liturgiques
Ainsi, retrouver d’année en année des couleurs spécifiques permet à une assemblée de mieux intégrer tel ou tel aspect du mystère de la foi. Cela stabilise le répertoire qu’il faut penser sur plusieurs dimanches d’une même couleur.
Diversité des attitudes, diversité des mélodies
L’autre critère à retenir est celui de l’attitude spirituelle. Les chants de la messe font passer du rassemblement à la supplication, puis à la louange, à l’écoute, à l’acclamation, etc… La musique retenue permet-elle de mettre l’assemblée dans l’attitude spirituelle demandée par la liturgie ? On voit bien ici la question posée à ces répertoires monocolores où tout ressemble à tout ; ils ne sont plus au service du « bien spirituel » demandé.
Cet article est paru dans la revue Célébrer n°400