2. Vivre le temps de l’Avent: apprendre à attendre
La série « La liturgie, ressource spirituelle », dont cet article fait partie, a été proposée fin 2020 par le SNPLS pour accueillir les conditions particulières du confinement national. La réflexion proposée demeure largement actuelle pour qui souhaite mieux vivre la liturgie selon la « couleur » du temps liturgique.
La méditation de l’Écriture sainte irrigue toute liturgie, à travers les multiples lectures et les diverses prières proclamées, mais aussi les gestes et attitudes, qui en reçoivent leur signification profonde. Cette signification se renforce encore par son enracinement dans l’année liturgique qui déploie le mystère du Salut en Christ tout au long du temps. Ce deuxième moment de confinement s’inaugurait alors que l’année liturgique arrivait à son terme. Ce contexte rendait plus pressante encore l’invitation à suivre les grandes lignes de force mises à disposition par la liturgie pour aider chacun à entrer dans la grâce du temps présent, en toute occasion.
Apprendre à attendre,
la grâce du temps de l’Avent
Entrer dans l’Avent, c’est accepter d’être dépossédé de sa propre attente ! Alors que les derniers temps de l’année liturgique ont inscrit dans la vie chrétienne, l’espérance de la venue du Seigneur face à la fin du monde, il serait facile de vouloir trouver la réponse par soi-même. Pourtant, elle ne peut être que de l’ordre du Don. C’est là toute l’opportunité offerte par le temps de l’Avent : non pas seulement faire patienter jusqu’à Noël, mais apprendre à attendre selon le cœur de Dieu, lui qui ne cesse d’attendre l’homme. Il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion (2P 3, 9).
D’ailleurs, le temps de confinement, ou l’impossibilité de rejoindre une communauté dominicale, risquait de nous étourdir et de nous enfermer dans notre seule attente personnelle. Cette dernière serait alors devenue le diapason de ce que nous espérons. Face au manque, le danger est grand d’en vouloir aux autres comme à soi-même : trop tièdes et pas assez courageux, trop extrêmes et pas assez sensibles aux difficultés de l’instant, trop social et pas assez spirituels. D’une certaine façon, l’attente met au jour ce qui est notre désir le plus profond : est-ce d’accueillir Dieu tel qu’il est et comme il vient à notre rencontre, ou est-ce d’accueillir un dieu qui nous ressemble et vient pallier nos manquements ?
Es-tu celui qui doit venir
visiter nos prisons,
libérer nos mains,
éclairer nos visages
d’un bonheur sans déclin ?
Tu es l’Autre que nous attendons,
Jésus, notre semblable,
tu es le plus proche voisin,
l’Emmanuel dans nos prisons.
Es-tu celui qui doit venir
nous tracer le chemin,
libérer nos pas,
relancer notre marche
à ton rythme divin ?
Tu es l’Autre que nous attendons,
Jésus, guide fidèle,
tu es le témoin de nos pas,
l’Emmanuel sur nos chemins.
Durant les quatre semaines de l’Avent, la liturgie donne une belle pédagogie pour sortir de nos étroitesses et de nos impasses. C’est dans la figure de Jean, le Précurseur, que va se cristalliser cet apprentissage. Lui-même se défait progressivement de sa propre attente, en accueillant la manière dont Dieu va répondre à celle de son Peuple. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit saint (Mc 1, 8). Face au questionnement de ses contemporains, Jean-Baptiste ne leur propose pas une réponse toute faite, mais les oriente vers Celui qui vient. De la même manière que la liturgie nous en fait faire l’expérience, le prophète rappelle que le monde ne se suffit pas à lui-même et qu’il ne court pas vers sa perte. Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? Le Seigneur t’annonce qu’il te fera lui-même une maison (2S 5.11). Aussi, en annonçant la venue du Christ, Jean ne dévoile pas seulement l’accomplissement de la promesse faite à Israël, mais le geste ultime de la manifestation de Dieu : Je serai pour lui un père ; et lui sera pour moi un fils (2S 7, 14).
Es-tu celui qui doit venir
ébranler nos silences,
libérer nos voix,
accorder nos paroles
à ton Verbe divin ?
Tu es l’Autre que nous attendons,
Jésus, Verbe et réponse,
tu es notre unique chanson,
l’Emmanuel dans nos silences.
Es-tu celui qui doit venir
féconder nos déserts,
libérer nos cœurs,
éveiller nos semences
par les eaux du Jourdain ?
Tu es l’Autre que nous attendons,
Jésus, Source d’eau vive,
tu es le printemps pour le grain,
l’Emmanuel dans nos déserts.
Au terme de cet Avent, pourra alors résonner l’invitation à accueillir la réponse que Dieu adresse à l’homme quand il se tourne vers Lui. À la manière de Marie, son Annonciation dévoile l’ultime étape de cette dépossession à laquelle ce cheminement nous a préparés. Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole (Lc 1, 38). Accueillir la Parole du Seigneur d’un cœur sincère, reconnaître ce don et rendre grâce, offre à chacun de porter le fruit qu’Il attend. Notre attente n’est finalement que le signe de celle de Dieu lui-même à notre égard. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus-Christ (1 Co 1, 7).
Es-tu celui qui doit venir
et qui vient chaque jour
libérer nos vies,
ranimer notre souffle
au passage du tien ?
Tu es l’Autre que nous attendons,
Jésus, Sève du monde,
tu es le Vivant qui revient,
l’Emmanuel, Dieu-avec-nous.
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La liturgie, ressource spirituelle